Mercredi 17 Octobre 2012
Denver, Aurora, Colorado, USA.
6:00 PM.
Deux Cadillac Escalade aux gyrophares bleu et rouge cachés dans la calandre clignotaient. Ils approchaient à pleine vitesse de l’arrière du vieux coupé.
– Nous avons de la visite on dirait, s’exclama Fox, assis à l’avant du véhicule à côté de Shady.
– Merde ! Je vais passer par des petites routes pour semer cette bande de couilles molles ! Lâcha le petit homme en jogging et débardeur dans un élan poétique insoupçonné.
Fox commença à fouiller les poches de Shady qui conduisait. Il toucha un objet métallique assez lourd en métal. Ce n’était pas vraiment ce qu’il cherchait. Il continua sa fouille et arracha un petit bout de plastique bourré d’électronique.
– Mais tu fais quoi, mec ! T’es gay ou quoi ?! Annonça Shady qui n’aimait pas trop qu’on fouille ses poches pendant qu’il conduisait.
– Et hop ! Par la fenêtre ! Un téléphone de moins ! Annonça Fox en jetant l’objet high-tech par la fenêtre. La puce de la carte SIM termina une fois encore écrabouillée par les grosses roues du 4X4 suiveur.
– Ah, il a aussi balancé mon GPS par la fenêtre la semaine dernière ! Soi-disant il contenait une carte SIM lui aussi ! Déclara Ryan.
– Ah oui, mais alors ça s’est sûr ! L’un ne rattrape pas l’autre ! Vous êtes totalement frappadingues les mecs ! Ça s’arrange vraiment pas ! Faut arrêter la drogue !
La chaîne pendue au cou de Shady valdinguait sous les coups de volant. Il tourna à droite puis à gauche dans une petite ruelle. Les pneus crissaient sur le bitume. Les deux grosses voitures noires suivaient toujours.
– Tu as le téléphone satellite ? Compose le dernier numéro mis en mémoire ! Demanda Fox.
– Oh oh oh ! Voilà que nos petits amis de l’armée me sortent LE téléphone satellite ! Oh oh oh ! Quelle technologie avant-gardiste ! S’exclama Shady avec ironie.
– Mais putain ! C’est fini ! Tu veux terminer dans une cellule à casser des cailloux pour le restant de tes jours ?! Déclara Ryan à destination du conducteur de la Mustang.
Bones décrocha le téléphone.
– Bonjour, c’est Ryan. Nous venons d’atterrir sur l’aéroport de Denver. On s’est fait prendre en chasse par deux Cadillac Escalade noir qui avaient des gyrophares rouge et bleus cachés dans la calandre.
– Vous roulez vers quelle destination ?
– Pour le moment, on essaie de les semer ! Déclara le grand pilote à moitié recroquevillé à l’arrière du coupé.
– Ouais ! J’essaie de semer cette bande de fils de pute ! S’exclama le dealer qui s’exprimait toujours avec poésie.
– Quel est l’individu qui parle derrière ? Questionna Bones qui venait d’entendre Shady insulter les poursuivants.
– Un ami, déclara Ryan en parlant du conducteur.
– Oh oh ! Un ami ? Maintenant je suis un ami de monsieur le pilote de l’armée qui fait des cambriolages ?! S’écria Shady.
Il tenta vainement de contrôler la direction avec le grand volant en bakélite. L’arrière de la voiture commença à chasser. La suspension à ressorts à lame tenta d’effectuer son travail mais le nid de poule gagna la bataille. La vieille Mustang manqua de s’encastrer dans la vitrine d’un vendeur de donuts. Le moteur fumait. Le pare-choc s’était arrêté à cinq centimètres de la vitrine remplies d’autocollants. Shady reprit la route tant bien que mal. A l’avant droit, on entendait un bruit bizarre. Sûrement le coup de trottoir, songea le conducteur. Bones faisait à nouveau les cents pas dans son grand bureau à la moquette épaisse. La connexion satellite avait été coupée.
Trois véhicules de police, sirène hurlante, venaient d’arriver. Les véhicules blancs à liseré bleu clair étaient de la police de Denver.
– Putain, voilà les flics du quartier ! Comme si les couillons en 4X4 ne suffisaient pas ! S’exclama Shady.
– Trois jolies petites Chevrolet Impala, moteur V6 renforcé, plus puissant, un modèle légèrement modifié pour la police, détailla Fox.
– J’ai trouvé un bidon d’huile dans le coffre et une boite de vieux clous rouillés. On pourrait peut-être leur balancer pour les retarder ? annonça Ryan qui, par manque de place à l’arrière du petit coupé, avait commencé à fouiller dans le coffre à travers le trou béant qui avait autrefois servi de plage arrière à la vieille Ford Mustang.
– Mais dis-moi Macgyver ?! Tu vas sûrement nous faire glisser deux 4X4 de plus de deux tonnes avec ton bidon d’huile ! T’as raison ! S’écria l’ancien dealer au survêtement en nylon brillant qui conduisait toujours pied au plancher.
– Oh ! Mais je vais lui en coller une ! S’exclama Ryan qui perdait son sang-froid.
– Regardez ! Là bas ! S’écria John, assit à l’arrière avec Ryan. Il pointait sa main vers l’horizon.
Les quatre occupants du coupé regardèrent au loin. Un barrage de police attendait les véhicules. Plusieurs voitures de police barraient la route de chaque côté de la quatre voies. Des herses étaient disposées au milieu.
– Alors là, je sais ce qu’il nous reste à faire ! Ils m’ont déjà fait le coup une fois !
Shady, qui semblait habitué aux courses poursuites avec la police depuis son enfance s’aggripa au vieux frein a main. Il tira d’un coup sec le manche vers le haut. Le conducteur braqua le grand volant en bakélite à fond. La voiture effectua immédiatement une rotation à 180 degrés sur elle même. Les deux gros 4X4 continuèrent leur route tout droit vers le barrage de police. La Mustang repassa devant le magasin de Donuts puis emprunta un chemin de traverse. Les véhicules de police avaient déserté l’arrière train du vieux coupé à suspensions à lames. Shady coupa le contact dans un petit chemin de terre.
– Je les ai semés ! Déclara le conducteur, très fier de sa technique de dérapage contrôlé au frein à main.
– A mon avis, ils nous ont volontairement laissé partir ! Taquina Ryan.
– Le téléphone satellite sonne ! Déclara John, qui venait de voir le petit flash vert de l’appareil clignoter.
Il déplia la petite antenne puis décrocha. C’était Bones.
– Je me suis renseigné auprès d’un ami qui travaille dans les renseignements du côté de Washington. Apparemment, il y a bien eu du grabuge dans la ville de Denver ce soir, annonça t-il. Deux 4X4 banalisés, des Cadillac Escalade ont été volé sur le parking du commissariat central cet après-midi. Ils viennent de les retrouver. Les conducteurs seraient originaires des pays de l’Est. Ils m’ont aussi dit qu’ils avaient repéré une vieille Ford Mustang rouge un peu défoncée sans plaque d’immatriculation. Toute la police de la ville est mobilisée pour retrouver le véhicule.
– Toute la police de la ville est à la poursuite d’une vieille mustang un peu défoncée ! Répéta Ryan à voix haute dans l’habitacle.
– Quoi, il critique ma Mustang maintenant ! S’exclama Shady, toujours énervé par Ryan.
– Mais vous n’avez pas bientôt fini tous les deux ? S’exclama Fox.
– Où êtes-vous ? Questionna Bones à l’autre bout du téléphone.
– Dans la Mustang en question ! Nous sommes sur Colfax à côté de Globeville landing Park ! Affirma Ryan.
– Vous n’en ratez pas une ! S’exclama l’homme du bureau de Washington.
Le téléphone satellite venait de s’éteindre. Il n’avait plus de batterie. Les quatre compères venaient d’éviter le barrage mais d’autres véhicules de polices allaient bientôt arriver. Le vrombissement des pales se fit entendre. Un hélicoptère s’approchait.
***
– Merde ! Ils nous ont sorti l’hélico ! Ils font chier ces tronches de cake ! S’écria le rappeur en jogging.
– Oh, ça va, ils pourraient aussi nous sortir le drone armé de missiles ! Un petit Firebird. S’exclama John.
– Et pourquoi pas un système antimissile de F-35 contrôlé par la pensée pendant que vous y êtes ? S’exclama Ryan.
– Arrêtez de délirer les gars ! Tirons nous d’ici à pied !
Ils étaient arrivé au croisement de Washington Street et de la 45ème Est. Une enseigne géante composée de deux arches jaune tournait sur son axe. Le quartier n’était pas très joyeux. Coincé entre l’Interstate 70 et la voie ferrée, il n’avait pas eu la chance de connaître un développement architectural très poussé. Du béton et du bitume craquelé faisait office de sol. Des rues perpendiculaires et de petites maisons en mauvais état s’enchainaient. Des jardins semblaient protégés des dealers par de petites barrières métalliques grillagées. Les herbes folles poussaient un peu partout de manière anarchique. Nos quatre compères traversèrent en courant des trottoirs en béton défoncé. Ils arrivèrent bientôt sur Logan Street. Ils entendaient le bruit de la turbine de l’hélicoptère et les sirènes de police qui hurlaient. Elles se reflétaient en écho sur les murs en brique des anciens commerces abandonnés.
– Tentons d’entrer dans ce bâtiment ! Suggéra John, qui avait remarqué un passage dans un jardin ouvert à l’arrière du bâtiment.
La façade était en brique rouge. A l’avant, une petite porte était protégée par une grille en métal. Un lampadaire composé d’une seule ampoule avait eu pour fonction d’éclairer la totalité de l’enseigne de la boutique. Celle-ci était composée d’une vieille affiche pour de la bière et du soda. Le magasin avait visiblement fait faillite il y a plus de dix ans. Un climatiseur rouillé était fixé sur une plateforme métallique branlante sur le mur gauche de l’ancien magasin. Des petites fenêtres carrées aux volets rouillés étaient disposées à côté. Les quatre compères sautèrent par dessus la clôture en grillage du jardin et s’introduisirent par la porte de service dissimulée à l’arrière. Ryan tenta d’actionner un interrupteur électrique. Rien. Plus d’électricité. A l’intérieur ils distinguèrent des frigos vides. Ils avaient du servir à refroidir des boissons. Le vrombissement des pales de l’hélicoptère se fit entendre plus précisément.
– Ils sont juste au dessus de nous ! Rentrons vite ! Chuchota Ryan.
– Refermons la porte. Je ne pense pas qu’ils nous aient vu entrer là dedans, annonça Fox.
– Les sirènes se rapprochent ! Constata John, inquiet.
– Ces maudit poulets ! Je leur en colle une entre les deux yeux s’ils s’approchent de la boutique ! S’exclama Shady qui venait de sortir son flingue.
– Mais qu’est ce que c’est que ça ! Tu as une arme ? S’exclama Ryan !
– Eyh mec ! Faut pas m’emmerder ! Tu vois, Monsieur le pilote de l’armée ? Hein ! Les poulets, ça se mange en hamburger dans mon quartier ! Des petits chickens bien frits ! Une petite douzaine pour Shady !
– Euh. Oui. Restez calme les gars. Attendons qu’ils passent. Proposa Fox.
L’hélicoptère tourna au dessus du quartier pendant plus d’une heure. Ils entendirent le grondement d’un moteur V6 passer lentement devant l’enseigne. Par chance, le véhicule de police ne s’arrêta pas. Ils décidèrent de passer la nuit dans la boutique. Ils s’endormirent avec difficulté. Le sol en carrelage était froid et dur. Au petit matin, Ryan fit une proposition.
– Il n’y a plus aucun bruit dehors. On dirait bien qu’ils ne nous ont pas trouvé, nous pourrions tenter de sortir ?
– Oui ! La bande de couille molle de poulets ne nous a pas trouvé ! Ils sont trop nuls ! Déclara le vendeur d’électronique.
– A pied, nous ne pourrons pas aller bien loin. Ils risquent de nous retrouver. Il nous faudrait un nouveau véhicule. Nous pourrions tenter d’appeler le photographe ? Suggéra Fox.
– Oui, mais nous n’avons plus de téléphone satellite. La batterie est morte. Annonça John.
– Regardez ! Il y a un vieux téléphone à côté de la caisse. Il ne doit pas être surveillé ! Regardons si la ligne fonctionne encore ? Proposa Fox.
Il était 6 heures du matin. La lueur du soleil commençait à passer au travers des volets métalliques rouillés. Le pilote décrocha le combiné. La tonalité était présente au bout du fil. La ligne était encore fonctionnelle. Il composa le numéro laissé sur l’enveloppe en papier kraft.
– Bonjour, C’est Ryan. Je ne sais pas si vous vous rappelez, nous sommes passés à votre boutique pour développer des photos.
– Ah oui ! Le couple bien propre sur lui ! Ah Ah ! Alors, les tirages étaient bon ? Questionna le vieux vétéran photographe au fond de sa boutique.
– Oui. L’un deux semblait, comme… inversé. En miroir. Je suis avec des amis. Nous aurions un petit service à vous demander…
– Ah. Vous avez des ennuis à ce que je vois ! Je m’en doutais.
– Oui. Nous aurions besoin de votre aide.
– J’ai fait le Vietnam mes petits gars. Je suis pas né de la dernière pluie. Qu’est ce que vous croyez ! Quand j’ai vu vos documents j’ai tout de suite vu que vous vous étiez fourrés dans de sales draps ! Le 303 et les autoroutes… c’est une sacré affaire ! J’avais déjà entendu parler de ça dans les années soixante ! Et puis, quand des types sont passé me questionner après votre passage je me suis douté que ça ne tournait pas rond. Alors ?
– En résumé, on est en cavale. Nous avons passé la nuit dans un vieux commerce en attendant que l’hélico des flics ne s’éloigne.
– Ah ! J’ai vu les infos hier soir ! Ils ont même interrompu le match de NBA ! La ville était sans dessus dessous ! La police a arrêté un gang des pays de l’Est apparemment. Il y a eu une poursuite sur l’Interstate. Ils voulaient braquer une banque !
– Braquer une banque… ! Euh.
– C’était vous ?
– Oui, enfin, c’est un peu plus compliqué que ça… Nous avons volé un avion de l’Air Force en Alaska et on est arrivé ici.
– Vous avez volé un avion de l’Air Force ? Hein ?
– Rendez-vous derrière ma boutique dès que vous le pourrez. Je vous attends. Mais faites vite ! Ils ne vont pas tarder à vous retrouver.
***
Ils partirent en courant vers le sud. Des véhicules de police quadrillaient le secteur. Ils étaient à la recherche de Fox, Ryan et John. Ils marchèrent pendant deux heures dans la ville. Ils évitèrent soigneusement les artères principales. Ils arrivèrent chez le photographe vétéran du Vietnam. La petite boutique n’était pas ouverte. La porte était fermée par une grille. Bizarrement, la dimension de la boutique semblait bien plus grande ! Tout était pourtant bien identique. Parfaitement à sa place. Comme si les bâtiments étaient légèrement plus grands que dans les souvenirs de Ryan et de Fox.
***
– Fox ? Tu n’as pas l’impression que c’est plus grand ? S’exclama Ryan en arrivant devant la façade en brique blanche.
– Eh bien… si. Effectivement. Ca paraît plus grand. Pourtant c’est la même boutique ? Non ? S’exclama Fox.
– Nous verrons bien à l’intérieur ! S’exclama Ryan.
Ils traversèrent un petit parking. A une heure si matinale il était vide. Une porte métallique était entrouverte. Le vieux barbu, au visage plus fin que ce que connaissaient Ryan et Fox les invita à entrer. Il était vêtu d’une chemise kaki, d’un vieux jean troué. Il tenait une mitrailleuse M-16 dans la main. Il avait l’air soucieux. Il regarda à droite et à gauche derrière eux puis les invita à entrer. Un micro-onde était posé sur un meuble. Il était sûrement destiné à griller du pop-corn. Une lumière rouge sortait du laboratoire. Ils s’installèrent de chaque côté du comptoir.
– Alors, mes petits gars, vous avez ramené du monde à ce que je vois ! Expliquez-moi ce qu’il se passe !
– Nous avons terminé notre formation de pilote au sein de l’Air Force, puis on s’est fait embaucher par une société de transport médicale, annonça Ryan.
– Et nous nous sommes rendu compte que cette société ne tournait pas rond. On nous droguait ! Et on nous faisait travailler en état de conscience modifié en nous effaçant la mémoire. Compléta Fox.
– Ouais ! C’est ça ! Des pilotes de l’armée ! Ils cambriolent des sociétés et maintenant ils volent des avions ! Ils sont zinzins ! Oui ! S’exclama Shady.
– C’est exact. Ils font travailler des gens en état de conscience modifié en faisant croire que ce sont des malades. Des malades qui travaillent sous hypnose avec des implants radio. Le système K. Les jumeaux télégraphiques de Norbert Wiener. La cybernétique. Compléta John.
– Et les documents que vous aviez pris en photos. Où les avez-vous récupérés ? Questionna le vétéran.
– Au siège de notre société. Dans la tour de H24 médical, dans un coffre fort.
– Bien. Je commence à comprendre, annonça le vieux vétéran.
– Ah ? Comment ça ? Questionna Ryan.
– Vous connaissez les Black Ops ? Questionna le vieux.
– Putain ! Mais ouais ! Black Ops ! Mais c’est trop cool comme jeux vidéo ! Sur ma Xbox, c’est trop bien ! Super graphisme ! En plus, ils ont des super flingues ! J’adore Ghost Recon ! Trop top ! S’exclama Shady.
Ryan, Fox et John ne répondirent rien. Ils étaient consternés par l’immaturité de Shady. Des zombies conditionnés, et on fait des jeux vidéos avec ça… Une bien jolie propagande. Si seulement ils connaissaient l’origine des programmes… songea Ryan. Le vieux vétéran barbu ferma la porte de l’arrière boutique à triple tour. Il posa le M-16 sur la table.
– Et vous êtes sorti comment de là bas ? Questionna le vétéran.
– De là bas ? Questionna Shady ? Mais tout le monde débloque ! Par ici ! La bas où ? S’écria le petit homme au jogging en nylon.
– On effectuait le transport de notre malade qui est ici avec nous : il s’appelle John ! On est arrivé sur une plateforme au beau milieu de l’Alaska. Nous avons volé un avion… et nous avons atterri à Denver.
– Et ça ne vous a pas paru… différent ? Ici ? Questionna le vétéran.
– Effectivement ! C’est beaucoup plus … grand ! S’exclama Ryan.
– Oui ! Beaucoup plus grand ! Ajouta Fox.
– Beaucoup plus grand ? Mais ça y est ! Ils prennent des champis en douce ! J’en suis sûr ! Ou du LSD ? Voilà c’est donc ça ! Du LSD !
– Du LSD ! S’exclama John ! Voilà ! Ils droguent l’eau et la nourriture ! Et ils effacent la mémoire !
– Ca ne date pas d’hier, vos affaires. En 1964, ça faisait la une des journaux, leurs expérimentations. Ils étaient censés avoir arrêté. Encore un mensonge. Ca ne m’étonne qu’à moitié. Bon. J’ai un peu regardé les tirages que vous m’aviez donnés. J’ai vu que vous aviez récupéré une lettre d’un architecte. Le Corbusier ? S’écria le vieux spécialiste du Vietnam.
– Oui ! S’exclama John ! Le Corbusier ! C’est une clef !
– Une clef ? S’étonna Ryan.
– Après guerre. Ils ont commencé à vouloir faire péter l’Alaska a coup de bombes atomiques pour y construire des abris. Le projet a coûté au minimum 40 milliards de dollars ! Il est possible que Le Corbusier ait participé au projet ! S’exclama John.
– Quarante milliards ? Oh bah je comprends bien ! Hein ?! Ils ont créé des nouvelles drogues et les ont testées sur vous ! C’est de la bonne ! A ce prix là, ils ont du développer des trucs de fous ! Vous pourriez me filer le tuyau, les mecs ! Déclara Shady.
– Que disait la lettre ? questionna John, coupant court aux élucubrations de l’apprenti dealer.
– J’en ai fait une copie. Annonça le photographe. Il lut la lettre à haute voix.
***
« Paris, le 9 Mars 1956,
Cher Monsieur,
Me permettez-vous de vous adresser ces quelques mots ? Je pars aux Indes dans quelques jours pour les travaux de Chandigarh, capitale du Punjab. Par ailleurs, le Gouvernement du Pakistan me demande de construire sa nouvelle Capitale Fédérale près de Karachi. J’ai questionné mon ami, Monsieur Nehru, à ce sujet et il n’y voit aucune objection.
Autre chose encore : le Président de la Fort Knox (U.S.A.) m’a demandé de construire une ville de 50.000 habitants pour servir de modèle en U.S.A. et même dans le Monde.
Le Corbusier ».
***
– Fort Knox ? Le président de Fort Knox ? Mais le président d’une réserve d’or ne peut pas demander la construction d’une ville aux Etats-Unis ? Ca n’a rien de logique ? S’exclama John.
– Effectivement, le président de Fort Knox. C’est la réserve d’or des Etats-Unis. Comment le président d’une réserve d’or peut-il demander la construction d’une ville monde de 50.000 habitants ? Questionna Ryan.
– C’est un code entre drogués ! C’est sûr ! Ils ont fabriqué une usine pour produire de la cocaïne surpuissante ! Il faut qu’on trouve leur labo Top-Secret ! S’exclama Shady.
– Une ville monde. Fort Knox. La clef est là bas. C’est évident. Annonça Fox.
– Vous voulez cambrioler Fort Knox ? Vous êtes sérieux ?! S’exclama le vieux vétéran. Il avait déjà vécu des situations terrifiantes, en particulier, les bombardements de Napalm et d’agent orange sur la forêt et la population, au Vietnam. Mais là, il restait sans voix. Cambrioler Fort Knox !
– Oui. Nous devons aller voir ce qu’il se cache là-bas ! Annonça Ryan.
– Mais comment voulez-vous cambrioler la réserve d’or ? C’est l’endroit le mieux gardé des Etats-Unis ! Questionna John.
– Oh ! Nous nous sommes bien enfui de leur base secrète d’Alaska. Alors fort Knox ! Pourquoi pas ? S’exclama Ryan.
– Je vais voir ce que je peux faire déclara le vieux vétéran en chemise kaki.
Il disparu dans le laboratoire. Il revint quelques minutes plus tard. Il tenait entre ses mains une vieille boîte métallique verte foncée avec une étoile blanche peinte dessus. U.S. Army. Il souleva la petite boucle métallique et ouvra le couvercle. Un petit carnet noir était enfoui depuis longtemps au fond de la boîte en fer forgé. Il posa l’épais carnet sur le comptoir.
– Voilà la liste de ceux qui ont fait le Vietnam avec moi ! Il y en a encore un paquet. Bon, ils ne sont plus tous jeunes ! Mais certains sont encore en état de marche ! Prêt à reprendre du service ! Je vais tenter de les contacter. En attendant, est-ce que vous avez un endroit où aller ?
– Pas vraiment, nous risquerions de nous faire repérer ! C’est trop risqué, déclara le pilote.
– Une partie de mes amis vivent sur un vieil aérodrome désaffecté. Ils vivent un peu comme des hippies, hein ! Mais on doit pouvoir les rejoindre. Mais ce n’est pas la porte à côté ! Vous voulez venir ?
– Ah des hippies du vietnam ! Cool ! Ils cultivent du cannabis ? Questionna Shady, toujours à l’affut d’un peu de drogue !
– Un aéroport désaffecté ! J’espère qu’ils ont quelques vieux coucous en état de marche !
– C’est possible. Mettons nous en route ! Nous en avons pour quelques heures de route, annonça le vieux photographe.
Le pick-up était garé à l’arrière de la boutique du photographe. Un vieux Chevrolet C/K 10 de 1965. En parfait état, le véhicule était de couleur rouge foncée. Une grosse inscription Chevrolet était peinte en blanc sur la porte de la benne, à l’arrière. A l’avant, une grille métallique faisait office de calandre. C’était simple et robuste. Un logo bleu était posé au milieu. Une bande grise sur le côté scindait le véhicule en deux. Elle courait des ailes avant à l’arrière du véhicule. Shady s’installa sur la vieille banquette rouge en tissu à côté du vieux vétéran. Fox, Ryan et John grimpèrent dans la benne à l’arrière. Tout un tas de vieilles bricoles trainaient sur le sol métallique. A côté des deux roues de secours, Ryan remarqua une vieille caisse en bois vert foncée fermée par un gros cadenas. Une vieille couverture en laine à motif écossais trainait à côté d’un vieux bidon d’huile. Il installa le bout de tissu sur la malle en bois à l’arrière du pick-up. Ca serait tout de même plus confortable. Le vétéran mis le contact. Le moteur démarra au quart de tour. La suspension à ressort à lame n’était pas franchement confortable. Le trajet serait éprouvant. Ils ne savaient pas dans combien de temps ils arriveraient, ni où ! Le vétéran ne leur avait pas précisé leur destination.