33. Dieu n’y est pour rien

Sous la voûte en forme de dôme, tout était recouvert d’Or.  De plus petites salles étaient disposées à côté du gigantesque globe central. Elles étaient au nombre de huit. Dans la première salle, Ryan put lire : « Industrie Electrique AE /G Copie du monde ». Sur la deuxième : « Département des hormones et des jumeaux – H – ». Sur la troisième « Contrôle : Musique Spectrale et Radio ». Sur la quatrième : « Expérimentation animale – Guinea Pig B ». Sur la cinquième. «  ISO Code – Wien». Sur la sixième : « Matrices » Sur la septième « Autoroutes ». Sur la huitième «  Eugénisme et Euthanasie – Gestion de la population »

–       C’est quoi leur délire ! S’exclama John, qui n’en croyait pas ses yeux.

–       Je n’en sais rien mais ça pue comme programme ! S’écria Ryan.

–       Ca sent la peste brune à plein nez ! C’est clair ! S’exclama Fox.

–       On dirait bien que les moisissures nazies ont été délicatement récoltées par la CIA ou le KGB.

–       Et après ?

–       Les champignons de moisissures se sont développées et ont poussé ! Et ils ont continué leur travail. Malheureusement.

– Regardez ce plan ! On dirait des dessins pour enfants. Mais c’est un code. Iso Type. d’Ottoh Neurath. Ils prévoient dès 1933 de faire circuler des voitures avec l’ascenseur entre leurs sphères recopiées avec leur prisme. En résumé, de produire des jumeaux, de faire des échanges et au passage d’exterminer les noirs et les rouges. Les rouges, ce sont les communistes. Et les noirs… les noirs.

–       Putain ! Ils sont cinglés ! Mais comment ils comptaient faire ça ?

Dans la salle de l’ISO Morphisme des tubes et des bocaux à embryon étaient disposés.

–       On dirait qu’ils ont prévu de faire pousser des êtres humains dans des tubes avec des courants électriques, ils appellent ça l’ISO-Morphisme. Ils sont cinglés. C’est dans les plans dès 1933. sauf qu’ils n’arrivent pas à le réaliser avant les années soixante. En 1948, le projet de Wien-er est de faire des jumeaux télégraphiques reliés avec des implants. En 1965, le projet est le même, mais à l’échelle de la planète entière. Et… en plusieurs exemplaires… C’est ça le plan de l’Alaska. Ils appellent ça full scale automation. Ca commence dans le Nevada. Des camps nazis souterrains à l’échelle de la planète si tu préfères.

–       Tu veux dire qu’ils ont prévu des 1933 de recopier la planète au complet ? De faire pousser les enfants comme des plantes  avec des électrodes dans le crâne pour avoir des jumeaux télégraphiques ?

–       Oui. A l’échelle une. Ils ne savent pas faire les clones, mais seulement les jumeaux. Wiener appelle les créatures les « replica ». Fuller parle lui d’energy slaves. Les esclaves de l’énergie.  AEG travaille déjà sur l’électroencéphalogramme, les ondes alpha dans les années 1930.

–       Mais ils prévoient quoi ?

–       De faire « pousser » des jumeaux alpha. Les « energy slaves » si tu préfères. Avec des électrodes dans le crâne. Enfin, sous le crâne. En 1948, ils arrivent déjà à récupérer ce qu’ils appellent la « pré-speech recognition » qu’ils récupèrent sur des sonogrammes. Ils prévoient d’implanter des électrodes dans la trachée pour récupérer le signal. On obtient les Pulse Code Modulations. Le signal PCM. Ensuite ils ont aussi prévu de continuer la boucherie, enfin, la chirurgie, en mettant des implants cochléaires. Autrement dit, ils opèrent et placent des implants dans l’oreille interne. Après ils ont fait mieux. Ils ont découvert qu’ils pouvaient placer des électrodes en découpant le crâne et en le refermant après. Les matrices de Butler. Soi disant pour l’épilepsie, mais c’était une énorme foutaise. Ensuite, une fois implanté, c’est facile de  conditionner les « energy slaves ». L’objectif de Wiener et de sa bande de tordus c’est de les faire travailler sous hypnose et de leur effacer la mémoire efficacement après. Il décrit l’utilisation d’électrochocs, de métrazol et d’insuline pour effacer la mémoire. Apparemment, ça fonctionne « mieux » que la lobotomie. Il faut le lire pour le croire. Et le pire, c’est qu’on pourrait croire que c’est récent. Hors, c’est déjà prévu en 1948. C’est ce qu’ils faisaient probablement déjà dans leurs camps souterrains en Allemagne nazie. Dora et Auschwitz. Ils ont importé la moisissure à grande échelle aux USA.

–       D’accord. Et après 1948 ? Ils font quoi ? Leurs projets s’arrêtent ? Non ?

–       Non. Ils jouent aux échecs.

–       Aux échecs ?

–       Oui. Alpha played black against Beta.  En 1959, ils imaginent d’appliquer le système au monde entier. Le jeu d’échecs.

IBM Checkers Game.

–       Au monde entier ?

–       Oui. Fuller établit les plans du World Game à l’échelle une. L’Alaska et l’Antarctique, principalement. Le plan est d’opérer toute la population des sphères, enfin, des camps. Dans la copie à l’échelle une. Ce qui permet de contrôler TOUTE la population. On contrôle ce qu’ils pensent donc ce qu’ils font avec le « Noise ». Rand décrit bien le système en 1948, là encore.

–       Et ça sert à quoi, leur délire ?

–       En cas de catastrophe atomique, s’il y a ce qu’on appelle le « flashing point », les copies sont sauvegardées. Et en plus, ça permet de prévoir avec un temps d’avance. Grâce à ce qu’ils appellent le « Cardboard ». Le plateau du monde, si tu préfères.

–       Prévoir quoi ?

–       Le monde. Au grand complet. On simule. Tout. A l’échelle presque une.

–       Ah ! Le monde ne suffit pas !

***

–       Mais certains pays s’opposent à cela, non ?

–       Non. C’est Top-Secret. Ceci dit, maintenant, avec les archives on se rend compte que l’URSS fait pareil sous Béria et Staline, en Sibérie, dans les camps. Ce que dénoncera Soljénitsyne. Kolmogoroff recopie le système de Wiener. Ils parlent de Rats et de chien de Pavlov en URSS.

–       De rats et des chiens ?

–       Ce sont des expérimentations sur l’homme en réalité. La même expérimentation que les « energy slaves » de Fuller et son singe de Guinée.

–       Ils sont cinglés !

–       Oui. Mais le plus surprenant c’est qu’ils l’écrivent eux-même. Ils en sont parfaitement conscients dès la mise en place du système aux USA. Le 19 mars 1948, quand ils mettent en place le système, Richard Helms écrit ceci : « le renseignement americain est un riche aveugle qui se sert de l’abwehr comme chien pour le guider. Le seul ennui, c’est que la laisse est bien trop longue »

–       L’Abwehr ?

–       Les nazis qu’ils ont récupérés. Les trombones. La moisissure, la peste brune. Les officiers SS qui travaillent pour la CIA. Mengele en particulier.

–       Et à l’Est ?

–       Le problème, c’est que l’URSS fait la même chose. Ils ont eux aussi récupéré les officiers SS qui travaillaient sur le même sujet.

–       La cybernétique est sans doute l’élément le plus stratégique devant la bombe atomique. C’est le père Dubarle qui l’écrit dans Le Monde en 1948. Et la guerre froide démarre… En résumé,  les cinglés de chaque côté de l’atlantique développent leurs petits cyborgs. Les aliens. Les jumeaux, les clones avec des implants radio. Dès 1948 ! Voire même avant dans les camps de concentration nazis.

–       Mais pourquoi appellent-ils cela « Cybernétique » ?

–       Shannon, qui est spécialiste du codage, indique à Wiener en 1940 d’utiliser le terme Cybernétique, car personne ne sait à quoi cela correspond. C’est clair que fabriquer des clones en série avec des implants radios, prêts à être échangés… Il vaut mieux que ça soit codé. Non ?

–       Mais alors, ils font quoi avec leur simulation du monde à l’échelle une ?

–       Ils simulent. Ils contrôlent. La planète entière. A une échelle inimaginable. Avec la radio et les jumeaux implantés. Et après on peut échanger… AB contre BA et contrôler qui on veut avec la radio. Le « noise ». C’est le principe même de la cybernétique. Par exemple, si on veut échanger un dirigeant… c’est assez … simple. Après on contrôle la marionnette avec la radio. Le « noise ».

–       C’est impossible.

–       Si seulement…

–       Mais qu’y a t’il dans le prisme ?

–       Tout.

–       Y compris les gens ? L’ADN ?

–       Il y a tout. En triple.

–       Et les lois ? La constitution ?

–       Exemption totale.

–       Hein ?

–       Oui. C’est prévu. C’est signé tous les ans. Exemption totale pour les camps de la simulation.

–       Mais ils le savent, les « energy slaves » à l’intérieur ? Enfin, nous ?

–       Il vaut mieux éviter… Imagine la révolte si la population des camps savait ! Ca ne serait pas très bon pour la production de bébés…

–       Putain de cinglés ! Je comprends mieux la lettre de l’Architecte Le Corbusier et sa ville monde de Fort Knox maintenant !

Une alarme retentit alors à l’extérieur de la salle. De la fumée submergea la salle. On entendit l’ascenseur descendre. Des bruits de pas. Les militaires de la base venaient d’arriver. Un petit homme se tenait au centre de la pièce. On aurait dit… Mais oui, c’était bien le vieux Crezy !

***

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32. Le monde ne suffit pas

–       C’est bien le point indiqué sur le GPS indiqua Ryan. Entrons là dedans !

–       Ca nous emmène où encore votre histoire ? Qu’est ce qu’on va faire dans cette grotte ! On devait cambrioler Fort Knox ! Nous voilà dans une grotte au milieu de la forêt ! C’est n’importe quoi. En plus j’ai des épines partout ! Ca pique ! Je m’arrête là !

–       Arrête un peu ! On est bientôt arrivé !

Ils arrivèrent effectivement jusqu’au bout du tunnel dans la cave. Seulement, le bout du tunnel était barré par un mur de brique. Ryan tenta de faire sauter un des éléments du mur. La brique rouge s’effritait. Elle devait dater de la construction du fort, en 1937. A l’aide d’une mini pelle dépliable, ils détruisirent la majeure partie du mur. Seulement, ils s’aperçurent rapidement que le mur de brique n’était qu’une décoration ! Derrière les briques était disposé un épais mur de béton. Ils devaient passer aux choses sérieuses. Ryan sortit de son sac à dos plusieurs pains de plastic.  Il les disposa aux extrémités et au centre du mur de béton. Vu la quantité de C4, le mur n’allait pas résister bien longtemps !

–       C’est installé. Mettons nous un peu à l’écart. On sera un peu plus tranquille !

–       On risque de se faire repérer. Même si la déflagration a lieu dans la cave, ça va être un joli bordel à l’extérieur !

–       Sans compter la voûte ! Si elle s’effondre, on aura l’air malin !

Ils s’installèrent à 500 mètres de l’objectif juste derrière l’entrée du tunnel. 13 secondes plus tard,  une énorme explosion se fit entendre. Des flammes rouges et orangées sortaient de la caverne.

–       Eh bien ! C’est pire que l’enfer dans la cave !

–       C’est clair, allons voir les dégâts !

John alluma sa lampe torche. Un trou béant gisait au milieu de la grotte en pierre. Ils marchèrent 20 minutes à la lumière de la lampe puis arrivèrent sous une structure en béton.  Il chuchota :

–       Regardez ! Nous y sommes ! Voilà la sortie secrète du Fort !

Un petit escalier en béton arrivait sur une petite porte blindée. Fermée, bien évidemment. Ils ne pouvaient pas faire exploser la porte sans attirer l’attention. Fox avait emporté un outil bien particulier dans son sac à dos. L’engin, plus puissant qu’un diamant, pouvait découper le métal à vitesse rapide, sans aucun bruit ! Il déploya le laser perfectionné sur son tripode. La machine consommait beaucoup d’énergie. Elle fonctionnait la dernière génération de pile à combustible. En un rien de temps, le laser bleu découpa le métal. Un peu de fumée s’échappait de l’alliage. La serrure de la porte céda en moins de trente trois minutes. Les quatre compères habillés en noir de la tête aux pieds s’introduisirent comme des chats dans le trou de souris. Ils arrivaient sous la salle des coffres. Devant eux se tenait un monte charge. Ils montèrent sur la plateforme et actionnèrent le levier situé à leur gauche.

–       On descend ?

–       Mais, et les lingots ? S’exclama Shady, furieux. Alors en plus vous ne venez même pas pour l’Or ! Vous êtes vraiment des zinzins vous alors ! Même pas un petit ?

–       Non ! Pas de lingots ! En plus, les salles sont vides, il paraît. Descendons !

La plateforme descendit. Un long et haut couloir en béton apparut. Un petit train poussiéreux était posé sur des rails qui couraient le long du grand couloir jusqu’à à la sortie de l’ascenseur. Ils arrivèrent finalement devant une porte qui était visiblement en métal. Elle était dorée comme le soleil. Deux aigles du même métal étaient accrochés de chaque cotés de la porte.

–       Mince ! Mais ? Je crois rêver !

–       Tu penses à la même chose ?

–       Oui ! On dirait que cette porte est entièrement en Or !

–       Ils sont complétement mégalos nos zinzins ! Avec tout ça, j’achète un bateau géant, une île et plusieurs châteaux ! S’exclama Shady.

–       Et des pistes de ski sur tes châteaux aussi ? Rigola Ryan.

La salle voûtée était entièrement recouverte d’Or. La dimension de la voûte respectait la proportion du modulor. L’homme debout à la main tendue.  Au centre de la pièce se tenait un gigantesque globe terrestre. De plus petites sphères apparaissaient en hologramme à côté du gros globe. Plusieurs prismes en cristal diffusaient l’image de la grosse sphère centrale sur les sphères holographiques.  Les petites sphères étaient animées. Les prismes diffusaient des images en miroir de la grosse sphère centrale.

A côté de la sphère géante et  des sphères holographiques, des tables présentaient des maquettes d’immenses antennes radio en forme de toiles d’araignées.

–       Mon dieu ! Mais qu’est ce que c’est que ce cirque ?

–       Alors là ! Je n’en sais rien ! Mais … regardez le gros globe central. On dirait bien qu’il est recopié par le Prisme, en temps réel !

–       Recopié par le Prisme… Mais alors ? Quel est ce globe central ?

–       Eh bien ! Il semblerait bien que ce soit…

–       On dirait bien l’océan… les continents… les habitants ! C’est … la Terre ! Notre planète Bleue !

–       Hey regardez ! Sous les globes ! S’exclama Fox qui était à l’autre bout de l’immense salle. Il y a des indications ! C’est indiqué en allemand ! C’est indiqué Mars, la Lune, Jupiter et Saturne.

–       Mais c’est la Terre ! Ca n’a rien à voir avec Mars ou Jupiter ? Pourquoi ont ils marqué ça ? En caractères gothiques en plus. C’est bizarre ? Non ?

–       Ils avaient peut-être fait des prototypes… en vue de les installer réellement sur la Lune ou Mars… ?

–       Des prototypes du monde ?

–       Ca y ressemble. Gérés par les Prismes !

–       Oh ! Moi je dis ! Tout ces zinzins ont du prendre de la Coke, du LSD et puis des drogues qui n’existent pas ! Ils ont fait des mauvais mélanges ! Ce n’est pas possible ! S’exclama Shady.

–       Allons voir les salles qui sont à côté, proposa Ryan.

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31. Vol dans un nid de coucous

–       Ah mais voilà une belle bande de pilotes zinzins de l’armée !!! S’exclama Shady ! Vous avez tous pris du LSD ou des trucs pas nets !  Voilà ce que je pense, moi ! Faudrait tous vous faire examiner par un psy ! Je traine avec une bande de sacrés zinzins pas nets depuis un moment ! Barman ! Apportes nous le café ! Et sans LSD ou truc bizarre qui fait des bulles dedans ! Ca nous arrangerait, sinon nos zinzins de l’espace vont encore se mettre à débloquer.

Le vieux vétéran du Vietnam arriva à la table. La mine un peu patibulaire. Visiblement, il avait mal dormi. Il semblait un peu porté sur la bouteille. Il puait le whisky et la cigarette périmée.

–       Bon, j’ai récupéré des contacts sur la base grommela t’il. Ils font des visites guidées. Un pote est d’accord pour nous aider à rejoindre Fort Knox. C’est un peu illégal, mais on peut récupérer un avion. Il y en a tellement. Un de plus ou un de moins, ça ne change pas grand chose ! Ils n’y verront que du feu !

–       Ou des flashs rouges ! blagua Ryan.

–       Très drôle, ta blague pourrie, bientôt tu vas nous prendre un TGV version Sky Train et ton téléphone va sautiller comme du pop-corn.

–       Tant qu’il ne va pas nous exploser un hélico au Pakistan … répliqua Fox.

–       C’est clair, il nous manque juste le chien Top-Flashy qui va avec, répliqua John.

–       Eyh ! La bande de zinzins ! C’est fini vos private jokes ?!

Ils grimpèrent à l’arrière du pick-up, passèrent les contrôles de sécurité et arrivèrent sur la base au milieu du désert. Il y avait plus d’une centaine d’avion au milieu du désert. Ils étaient rangés suivant plusieurs niveaux de vétusté et de conservation. Dans la zone 8 on trouvait des F14 TomCat alignés, juste à côté de vieux P3-Orion.

–       J’adore ce supermarché ! C’est gratuit ? On peut se servir ? On en prend combien ?

–       Carrément ! C’est classé comment ?

–       Ils sont classés par degré de conservation, expliqua le guide de la base. Le grade 1000, l’avion est en état de marche. Il vient d’arriver. Ensuite, quelques années après, il passe en grade 2000, mais il est réutilisable. En 3000 et 4000 on trouve les vieux clous des années soixante ! Il y a même les premier B-52. En grade 4000, ils sont un peu à l’état d’épave.

–       Cool ! On peut se récupérer un P-51 mustang ? Questionna Shady.

–       Tu veux nous refaire la guerre du pacifique ? Demanda Ryan.

–       Ah ah ! Ouais ! P-51 contre zéros ! S’écria Fox qui se voyait déjà à Pearl-Harbour.

Ils arrivèrent à proximité d’un avion à hélice. Le conducteur avait freiné un peu brusquement. La vieille jeep verte foncée s’arrêta dans nuage de poussière.

–       Voilà nous y sommes !

Ils étaient arrêtés devant un avion à hélice.

–       Nous y voilà. C’est un C2-A de chez Grumman. Il est décommissioné depuis le 10 Août 2000, il a 13 ans, mais grâce au climat sec et aride du désert, il a été conservé en bon état. Il est en provenance de North Island.

–       Tiens, regarde, le numéro du listing est 162 151 – 44 AMI C0007 ! Ils viennent de le repeindre en gris foncé on dirait. Il vient de Norfolk, du VRC-40 RAW/HIDES.

Davis, AFB, AMARC, Arizona.

Davis, AFB, AMARC, Arizona.

–       Ils nous attendaient ou quoi ?!

–       Je ne sais pas. En tout cas, ils sont sympas les mecs ! S’exclama John.

***

Ils préparèrent le plan de vol dans la salle de briefing. L’arrivée sur l’aéroport de Fort Knox devait se faire avec un angle de 151° suivant la carte RNAV.

–       Le plan de vol de Davis KDMA à Fort Knox KFTK GodMan indique un peu plus de 3h15 de vol, annonça Ryan. Si nous partons aux environs de 14h00, on sera arrivé autour de 18h00. Le repas au mess est à 17h45. On sera tranquille ! Les gars nous ont préparé des badges d’accès et des uniformes de la base. On est censé venir faire une vérification du dispositif de sécurité de la base.

–       Le dispositif de sécurité de la base ? Ah ah. C’est la meilleure ça ! Comme s’il n’était pas vérifié régulièrement.

–       C’est plus fiable si c’est contrôlé de l’extérieur ! Non ?

–       Ah ça c’est sûr, il faut vérifier l’huile des portes blindées et le dispositif de sécurité électronique avec des spécialistes ! Bien entendu ! Et puis, vérifier la quantité d’or dans le coffre tant qu’on y est ?!

Ryan suivit la procédure de démarrage du petit avion. Les deux hélices du Greyhound turbinaient à plein régime. L’avion décolla. Il survolèrent Silvercity puis Fayetteville. Les moteurs vibraient de partout. Ca changeait du Learjet. Enfin,  après trois heures de vol, ils arrivèrent au dessus de l’échangeur d’autoroute à côté de Fort Knox.

–       Oh, regarde comme c’est joli ! On dirait des ailes de papillon géantes en ciment ! Annonça Ryan.

–       Tu dérailles ! C’est un échangeur d’autoroute ! Arrête de voir des papillons partout ! Rigola Fox.

–       Ceci dit, les papillons de nuit et les autoroutes…ça va bien ensemble ! Rajouta John.

–       Hey ! Mais vous avez fini tous les trois avec vos blagues ? Je vous rappelle que nous devons cambrioler Fort Knox, l’endroit le mieux gardé des Etats-Unis !

–       Et tu penses que c’est bien gardé à cause de l’Or qui est à l’intérieur ou d’autre chose ?

–       Je ne sais pas mais le camp militaire à côté de l’aéroport s’appelle GodMan. A mon avis, la lettre de L’Architecte vaut bien tout l’or du monde !

L’avion se posa quelques secondes après sur le tarmac de la piste 33 de l’aéroport. La piste était courte, seulement 721 mètres. Ryan inversa la poussée et appliqua les freins sur les roues de l’appareil puis coupa les moteurs. L’arrivée brutale du Greyhound avait un peu secoué les passagers.  Fox se réveilla encore une fois en même temps que son portable ! Pas de message. Certainement un bug du système. L’avion se gara sur l’aire de parking K.

Ils descendirent de l’appareil et arrivèrent à l’entrée de la base.

–       Bonjour,  nous venons pour la visite de sécurité annuelle !

–       Ah ? Vous avez des papiers ? Un ordre ?

–       Tenez, voilà.

Ryan tendit la petite feuille de papier. Un sceau à tête d’aigle était apposé sur le haut du document. Il présenta la feuille officielle au sergent de faction ce soir là.

–       Ah. Une inspection ? Nous n’avons rien vu de tel depuis la fin de l’étalon-or ! Fort Knox n’a pas été rouvert aux inspections depuis le 23 Septembre 1974 !

–       Non, nous ne venons pas pour vérifier le stock d’or. Nous avons pour ordre de vérifier le système de sécurité : caméras, portes blindées, détecteurs de présence, système de gaz, et … l’ascenseur !

–       L’ascenseur ?!

–       Il y a bien un ascenseur quelquepart ? Demanda Ryan.

–       Non. Pas que je sache, répondit l’homme. Vous permettez que je téléphone ? Je dois vérifier votre autorisation.

–       Vous voulez vérifier l’autorisation ? Mais elle est officielle ! Et nous sommes pressés ! Répliqua le pilote qui savait désormais que la fausse autorisation ne passerait pas les contrôles plus longtemps.

L’homme en tenue kaki fronçait les sourcils. Il venait de repartir à l’intérieur de l’aéroport de la base dans un petit bureau. Il commença à composer un numéro sur le cadran du téléphone. Le cambriolage s’annonçait pour le moins délicat !

De grosses gouttes de sueur coulaient le long du visage de Ryan. Il tentait de ne pas se liquéfier sur place. Fox tenta un subtil stratagème.

–       Attendez ! Nous avons oublié un document dans l’avion ! On revient !

Ryan, Fox, John et Shady retournèrent rapidement dans la carlingue du Greyhound. Ryan retira les cales placées à l’avant du train d’atterrissage, oublia la check-list et referma rapidement la petite porte de l’appareil.

–       Et merde. Il va nous griller en téléphonant au département du Trésor ! Grogna Ryan.

–       C’est clair ! Monsieur le pilote de l’armée a encore eu une sacrée idée lumineuse à la noix ! Ca m’a l’air bien organisé comme cambriolage !

–       Je crois que j’ai une solution, déclara John. D’après d’anciens plans codés, il y a un tunnel d’évacuation qui passe juste en dessous. J’ai lu que l’accès à ce tunnel était situé dans une cave placée dans la forêt aux alentours.

–       Des plans codés ? Tu as trouvé ça où ? Questionna le copilote.

–       Sur G. Earth.

–       Hein ?

–       Google Earth !

–       Ca va être gardé ? Et comment y vas t’on ?

–       Non, ce tunnel est présent seulement sur des vieux plans qui datent de la construction du bâtiment. C’est un tunnel de secours qui débouche sur un petit bâtiment qui n’est pas gardé. Dans la forêt !

–       Qu’est ce qu’on fait alors ? Demanda Ryan qui venait de voir le sergent revenir avec l’autorisation factice à travers la fenêtre du cockpit.

–       Je ne le sens pas là, répondit Fox.

–       On décolle ! On se casse. Plein gaz !

Ryan vit le sergent s’agiter et repartir en courant à l’intérieur de l’aérodrome avec le bout de papier. Les hélices du C2A vrombirent. L’oiseau gris cracha un épais nuage de fumée noire. En moins de 30 minutes ils atteignirent une altitude de 15000 pieds. Ryan alluma le GPS de bord. John entra les coordonnées du point en coordonnées Lambert qu’il avait noté dans son petit carnet noir.

–       Regarde, l’entrée du tunnel est juste là ! A l’ouest. En plein milieu de la foret. Il y a une petite clairière juste à côté.

–       Et on se pose comment ? Demanda Ryan.

–       On ne se pose pas. Détailla Fox.

–       Comment ça ? Demanda John.

–       Non ! On saute ! S’exclama Fox.

–       Oh putain mais vous êtes cinglés ! Je n’ai jamais fait ça de ma vie ! S’écria Shady.

–       Moi non plus, s’exclama John.

–       Enfilez ça s’exclama Fox en tendant les parachutes aux occupants.

Ryan brancha le pilote automatique sur le GPS/NAV. Ils n’auraient plus qu’à ouvrir la porte arrière et sauter. Il avait prévu un plan de vol en fonction du kérosène restant. L’avion devrait s’écraser dans un champ de maïs à plusieurs miles de là. Un simple accident sans survivants, songea le pilote. La porte s’ouvrit à l’arrière de l’appareil.  Il faisait nuit. On ne voyait quasiment rien au loin, sauf quelques lumières des villes alentours. Ils devraient éviter les grands arbres de la forêt aux alentour !

-Go go go ! Cria Ryan en ouvrant la porte. Le vent frais remplit la cabine.

Shady sauta en premier. Son parachute s’ouvrit automatiquement. John était en deuxième suivi de Fox et Ryan. Quatre ailes vertes s’élancèrent dans la nuit noire.

***

Ryan avait réussi à se diriger au milieu de la clairière. Fox arriva un instant après. Ils replièrent rapidement leurs parachutes afin de se faire discret. Devant eux se tenait la lisière de la forêt et ses grands arbres. Ryan chuchota :

-Merde. Regarde. Je crois que c’est Shady !
– Oh non !

Sur un tronc d’arbre était suspendu une toile en nylon… Au bout du parachute un petit homme s’époumounait ! Shady était accroché au sommet d’un arbre.

–       Putain ! Venez me chercher je suis coincé !

–       Ne crie pas ! On pourrait nous repérer ! Tu as un couteau dans une des poches normalement ! Prends-le et coupe les sangles !

On entendit un shklong sonore et un bruissement de feuilles. Une petite tête apparut au milieu d’un buisson.

–       Où est John ?

–       Je suis là ! Bouhhh ! Ah ah ah ! S’écria t’il en tentant de faire peur à Shady qui sursauta.

–       Arrête je me suis pris un buisson plein d’épines ! Ca pique !

–       Ne fait pas ta chochotte ! En route petit délinquant ! Rigola Ryan.

–       C’était comment votre saut ? Demanda Fox.

–       Je ne referai plus jamais ça ! Plus jamais ! Même contre huit kilos de cocaïne pure ! annonça Shady.

–       Et toi ? John ? Demanda Ryan.

–       Etrange, comme si j’avais déjà fait ça… ailleurs… Juste un vieux flashback. Enfin, c’est impossible ! Déclara John.

–       Impossible, impossible, je n’y crois qu’à moitié ! Un effacement de mémoire de zombie de plus,  oui ! Bon. En route ! Nous devons rejoindre ce checkpoint, déclara Ryan.  Il alluma le GPS en mode nuit. La route était indiquée en trait blanc/gris sur fond noir. Temps estimé : deux heures jusqu’au point indiqué. Sous les arbres, leur GPS ne captait pas très bien. Ils ne devaient pas éveiller l’attention. Pas un chat à l’horizon : Ryan alluma sa Maglite précautionneusement. Le large faisceau éclaira la cime des grands arbres. Après une progression sur un sol rempli de feuilles mortes, ils arrivèrent sur un sol beaucoup plus rocheux. Ils manquèrent de tomber dans un trou. Il y avait là l’entrée d’un tunnel. Ou d’une cave !

***

Amarc Thnx to Terry Pittman

Amarc
Thnx to Terry Pittman

Amarc Thnx to Terry Pittman

Amarc
Thnx to Terry Pittman

Amarc Thnx to Terry Pittman

Amarc
Thnx to Terry Pittman

C2A Greyhound

Amarc Thnx to Terry Pittman

Amarc
Thnx to Terry Pittman

Amarc Thnx to Terry Pittman

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Thnx to Terry Pittman

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30. Une mine de chats

Lieu inconnu dans le désert d’Arizona. Autour de Minuit.

***

Ils roulèrent de nuit. Les vieux phares aux ampoules défraichies éclairaient bien mal les plaques de bitumes. On distinguait à peine la route. Le vétéran engagea la conversation avec Shady. Il regardait son jogging à coupe large d’un air suspicieux.

–       Alors mon petit gars, toi t’as pas du faire la guerre, hein ! Qu’est ce que c’est que cet accoutrement ! Ah ! De mon temps les jeunes comme toi on les aurait envoyé au Vietnam ! Au moins ils seraient pas à trainer dans la rue hein !

Après plusieurs heures de routes, le pick-up arriva dans un endroit qui semblait de plus en plus chaud. Depuis l’intérieur de la cabine on pouvait voir un long filet de poussière à l’arrière du pick-up. Ils roulaient sur un vieux chemin de terre au milieu du désert. Ils longèrent plusieurs rangées de cactus poilus, puis arrivèrent jusqu’à une grille métallique surmontée de fils barbelés. Il faisait nuit. Le vieux vétéran coupa le contact et annonça :

–       Nous sommes arrivés !

Ryan sauta du pick-up. Il aperçu alors une vieille bicoque en bois sur le bord de la route.  Il commençait à faire froid dans le désert, la nuit tombait. Une enseigne lumineuse rouge clignotait au loin. La moitié des lettres étaient effacées. Joe, le vieux vétéran poussa la porte. Il salua chaleureusement le patron du bar. Visiblement, ils se connaissaient bien. Le Vietnam, pensa Ryan.

–       Salut ! Je te présente un équipage hétéroclite. Ces p’tits gars ont besoin d’un coup de main ! Ils sortent tout droit de l’Alaska ! Ils m’ont fait développer des papiers du 303 !

–       Oh putain, le 303. Joe, ne me dit pas que tu viens me chercher pour ça ! C’était terminé leurs conneries, non ? Encore du MK-Ultra ?

–       Oui ! Ils n’ont jamais arrêté leurs putains de conneries ! J’ai trois témoins ! Je te présente Ryan, Fox et John ! Trois hypno-pigeons d’Alaska ! Tous frais sortis du frigo !

–       Et le quatrième, il sort d’où ?

Il reluquait le jeune Shady d’un air suspicieux. Lui aussi. En jogging avec son air de racaille, il ne cadrait pas du tout avec le style des trois compères bien propres sur eux.

–       C’est un de leurs amis, enfin je crois.

–       Ouais, c’est mon pote ! Rigola Ryan d’un air taquin.

–       Eyh oh ! Monsieur le pilote de l’armée qui se la joue ! Je vais t’en coller une !

–       Bon, les gars ! Installez-vous. Vous prendrez bien un petit remontant !

–       Ouep. On en a bien besoin. On a pas mal roulé depuis Denver. Et les deux autres ont débarqué en Learjet depuis Eiersfield.

–       Eiersfield ? Ah je vois ! Un Learjet C-21 médical ? Questionna le barman en servant les verres de whisky-coca. Il s’y connaissait en avion. Il travaillait sur la base de Davis, dans l’Arizona depuis la fin du Vietnam.

–       Ouep, un C-21 c’est ça.  Acquiesça Ryan.

–       C’est pas trop la galère ? Comment avez-vous fait pour vous tirer de là bas ? Questionna le barman.

–       Eh bien. C’est compliqué, résuma simplement Ryan. On aurait besoin de se rendre à Fort Knox. On a trouvé une lettre d’un architecte. Le Corbusier. Il a caché les plans sur place ! Dans le fort !

–       Ah. Mais vous voulez faire sauter la banque dites donc ?!

–       Exactement ! Répondit Ryan.

–       Ah mes ptits gars. C’est pas un avion qu’il va vous falloir mais une armée complète ! Heureusement, on a quelques ressources dans le coin ! Je vous ferai une visite du désert demain. On a deux ou trois avions qui peuvent encore servir ! Ils ne sont plus de toute jeunesse, mais certains peuvent encore être remis en état de marche rapidement !

Le barman avait largement minimisé la taille de la réserve d’avion disponible à seulement cinq kilomètres de son petit motel. Environ quatre mille avions attendaient dans le désert d’être démontés. Un véritable musée de l’aviation militaire ! Du bombardier stratégique B-52 au chasseur F4- Fantom, on trouvait absolument de tout dans ce désert ! Ils passèrent la nuit dans de petites chambres à la décoration totalement kitsch. Chacune d’entre elle était constituée de deux lits simples. Ryan s’engouffra dans la première chambre avec Fox qui s’endorma rapidement. John et Shady étaient installé dans la chambre d’à côté. Le réveil fut rapide. La cheminée de la cuisine laissait filtrer une bonne odeur de bacon grillé. Les quatre compères descendirent les marches de l’escalier et s’installèrent pour le petit-déjeuner. Une table en bois vernis était complétée de deux bancs en bois d’aspect rustique. Ils s’installèrent à table.

–       Vous avez bien dormi ?

–       Une nuit sans rêve. Bien classique. Déclara Fox.

–       Ah par contre, j’ai fait un rêve bizarre… et j’aurais besoin de vos éclaircissement de pilotes… Demanda John.

–       Un rêve bizarre ? Me dit pas que tu as rêvé d’une nana à poil au milieu d’un bar de Las Vegas ? Annonça avec sa finesse habituelle la racaille en jogging.

Au bar, un petit homme semblait les observer. Il portait un bleu de travail plein de peinture fraîche. Posé à côté de lui, il avait un sac en plastique rempli de boites de lessives de marque. On aurait dit qu’il faisait la collection. Skip, Omo, Dash 2 en 1… L’homme s’approcha de la table du petit-déjeuner. Il s’adressa à John.

–       Les rêves ne se racontent pas, mes amis ! Je me présente. Je m’appelle Cidrolin, déclara l’homme dont les lunettes ressemblaient à des loupes.

–       Bonjour, et que faites-vous ici ? Demanda le grand pilote.

–       Je suis le peintre de la base !

–       Le peintre de la base ? Vous peignez les avions avec des femmes nues et des tigres ? S’exclama Shady, qui s’imaginait des avions  vrombissants décorés de pin-ups nues à l’avant de la carlingue.

–       Oh non. Pas vraiment. Je préfère peindre des chats ou des chevaux, déclara le peintre. Ca me rappelle les peintures rupestres.

–       Ah je vois ! Vous avez de l’inspiration ! Vous avez vu les vidéos de chats sur internet ? Regardez ! S’exclama Shady qui tendait son smartphone avec une vidéo de Grumpy Cat.

–       Qu’est ce que c’est que ça ? Questionna le peintre qui semblait n’avoir jamais vu un véritable téléphone portable de toute sa vie.

–       C’est un téléphone ! On a même la vidéo ! Déclara le rappeur en jogging. Regardez !

Le vieil homme regarda attentivement la vidéo de chat sur Internet. Elle ne semblait pas franchement le faire rire aux éclats.

–       C’est bien triste, déclara le peintre. Si seulement ces pauvres chats ne ressemblaient pas autant à des moutons. Cela fait bientôt soixante-dix ans que ça dure ! Ce n’est pas faute de l’avoir écrit et crié sur tous les toits ! Mais, mon grand malheur, c’est que plus personne ne lit. Et ne sait lire…

–       Ah, c’est sûr, à part jouer aux X-Box en multijoueur et jouer avec des chats grâce à son téléphone. On ne fait plus grand chose ! N’est-ce pas ? Shady ? S’exclama Ryan.

–       Pourquoi ne voulez-vous pas que l’on parle de nos rêves ? demanda John.

–       Oh ! Vous savez, s’il y a bien une chose que les peintres n’aiment pas beaucoup, ce sont les rêves ! C’est dans leur métier ! S’il y a trop de rêves, c’est que la peinture est mal faite. Maintenant, je dois partir. Le travail m’attend. Je voyage beaucoup, déclara Cidrolin.

Le petit homme avait à peine terminé sa phrase qu’il avait déjà disparu.  Une légère effluve de solvant parfumait l’air environnent. Le téléphone de Shady n’avait plus de batterie. La vidéo du chat sur le téléphone avait été remplacée par un sombre et triste écran noir.

–       Ce type avait un peu l’air d’un voyageur égaré ! Racontes nous ton rêve, John, je veux en savoir plus. Et tant pis pour ce peintre. Qu’il aille au diable. Déclara Ryan.

–       Eh bien, dans ce rêve, on aurait dit un casque. Mais avec une sorte de réalité augmentée…

–       Un casque à réalité augmentée ? Mais pour quoi faire ? S’étonna Ryan, qui avait déjà entendu parler de ce type d’outils … sur le F-35.

–       Je n’en sais rien. Mais est ce qu’on peux avoir… disons… un manuel dans un… avion ? La projection du manuel se ferait en 3D sur le casque, en 3 dimensions. Et on a un petit HUD, à droite sur l’écran, devant.

–       Merde ! En 3D, en réalité augmentée ? Mais c’est représenté comment ? Je veux en savoir plus sur ton rêve ! Tant pis pour le peintre ! Demanda Ryan qui était très intéressé par cette nouvelle technologie !

–       Je n’en sais rien, répondit John. C’est en couleur. En 3D. C’est super moderne. C’est comme si tu avais le manuel dans les mains, en tournant les pages et en levant un peu, on affiche le manuel sur le casque en réalité augmenté. C’est super pratique !

–       Tu veux dire que tu prends le manuel et qu’il s’affiche sur le casque en réalité augmentée ?

–       Oui ! Tout a fait ! Tu tournes une page et le manuel s’affiche en couleur en 3D devant toi ! Et en plus, à droite tu as une autre fenêtre qui permet d’afficher ce qu’on veut ! La vision panoramique est conservée quand tu tournes la tête ! C’est super pratique !

–       Mais, tu as rêvé de ça ? Questionna Ryan.

–       Oui. Et je ne vois pas d’où ça sort… ce truc. C’était un simple rêve ! Mais en tout cas, si cette technologie existe, c’est super cool ! Très pratique ! S’exclama John.

–       Et, ça affiche quoi ? Questionna Fox.

–       Ce que tu veux. Et ça rajoute des infos par rapport au manuel papier que tu as dans les mains ! Par contre, le passage du manuel à l’écran, des fois, ça déconne un peu ! Ce n’est pas encore parfaitement au point ! Mais en tout cas, c’est trop Top !

–       Eh bien, Ils ont du t’effacer la mémoire, toi aussi. Du beau travail ! Comme d’habitude ! S’exclama Fox !

–       Ouais, on commence à être habitué à la peinture. En tout cas, ça me fait un peu penser à un nouveau casque de F-35, ou éventuellement sur un U-2 modernisé ? Je vais faire une recherche sur Google. La NSA peut bien nous filer quelques infos ? Voyons voir. Si je tape « F-35 Helmet augmented reality » ils nous envoient quoi comme infos ? Regarde. Ca te dit quelque chose ? Questionna Ryan.

L’écran du téléphone afficha un casque avec de petits vidéoprojecteurs intégrés sur l’arrière du casque qui permettaient la vidéoprojection sur la visière. Et donc la réalité augmentée panoramique à l’intérieur du casque. Avec éventuellement un petit HUD affiché en superposition à droite ?

–       Oh ! Euh. Aucune idée… Ca pourrait être ça… mais le problème c’est que je ne me rappelle que de la vision intérieure !

–       Bon, tentons de trouver des photos de la visualisation affichée à l’intérieur de ce casque !

Ryan parcourut les images affichées par la NSA. Enfin, le moteur de recherche Google.

–       Et ça ? Ca te dit quelquechose ?

Les images affichées montraient des affichages  de couleur verts du style ordinateur IBM Ps/2 des années soixante-dix.

–       Non. Ce n’est pas ça du tout ! C’était en couleur en 3D ! Comme sur un ordinateur moderne !

–       Shit ! La NSA, enfin Google, n’a rien ! Ils ne nous mettent que des vieux afficheurs dans leurs résultats de recherche !

–       En même temps… ça serait trop simple ! Si ils t’ont effacé la mémoire, c’est qu’il y a une raison… Répondit Fox.

–       Pas faux ! S’exclama Ryan.

***

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29. Poursuite

Mercredi 17 Octobre 2012
Denver, Aurora, Colorado, USA.
6:00  PM.

Deux Cadillac Escalade aux gyrophares bleu et rouge cachés dans la calandre clignotaient. Ils approchaient à pleine vitesse de l’arrière du vieux coupé.

–       Nous avons de la visite on dirait, s’exclama Fox, assis à l’avant du véhicule à côté de Shady.

–       Merde ! Je vais passer par des petites routes pour semer cette bande de couilles molles ! Lâcha le petit homme en jogging et débardeur dans un élan poétique insoupçonné.

Fox commença à fouiller les poches de Shady qui conduisait.  Il toucha un objet métallique assez lourd en métal. Ce n’était pas vraiment ce qu’il cherchait. Il continua sa fouille et arracha un petit bout de plastique bourré d’électronique.

–       Mais tu fais quoi, mec ! T’es gay ou quoi ?! Annonça Shady qui n’aimait pas trop qu’on fouille ses poches pendant qu’il conduisait.

–       Et hop ! Par la fenêtre ! Un téléphone de moins ! Annonça Fox en jetant l’objet high-tech par la fenêtre. La puce de la carte SIM termina une fois encore écrabouillée par les grosses roues du 4X4 suiveur.

–       Ah, il a aussi balancé mon GPS par la fenêtre la semaine dernière ! Soi-disant il contenait une carte SIM lui aussi ! Déclara Ryan.

–       Ah oui, mais alors ça s’est sûr ! L’un ne rattrape pas l’autre ! Vous êtes totalement frappadingues les mecs ! Ça s’arrange vraiment pas ! Faut arrêter la drogue !

La chaîne pendue au cou de Shady valdinguait sous les coups de volant. Il tourna à droite puis à gauche dans une petite ruelle. Les pneus crissaient sur le bitume. Les deux grosses voitures noires suivaient toujours.

–       Tu as le téléphone satellite ? Compose le dernier numéro mis en mémoire ! Demanda Fox.

–        Oh oh oh ! Voilà que nos petits amis de l’armée me sortent LE téléphone satellite ! Oh oh oh ! Quelle technologie avant-gardiste ! S’exclama Shady avec ironie.

–       Mais putain ! C’est fini ! Tu veux terminer dans une cellule à casser des cailloux pour le restant de tes jours ?! Déclara Ryan à destination du conducteur de la Mustang.

Bones décrocha le téléphone.

–       Bonjour, c’est Ryan. Nous venons d’atterrir sur l’aéroport de Denver. On s’est fait prendre en chasse par deux Cadillac Escalade noir qui avaient des gyrophares rouge et bleus cachés dans la calandre.

–       Vous roulez vers quelle destination ?

–       Pour le moment, on essaie de les semer ! Déclara le grand pilote à moitié recroquevillé à l’arrière du coupé.

–       Ouais ! J’essaie de semer cette bande de fils de pute ! S’exclama le dealer qui s’exprimait toujours avec poésie.

–       Quel est l’individu qui parle derrière ? Questionna Bones qui venait d’entendre Shady insulter les poursuivants.

–       Un ami, déclara Ryan en parlant du conducteur.

–       Oh oh ! Un ami ? Maintenant je suis un ami de monsieur le pilote de l’armée qui fait des cambriolages ?! S’écria Shady.

Il tenta vainement de contrôler la direction avec le grand volant en bakélite. L’arrière de la voiture commença à chasser. La suspension à ressorts à lame tenta d’effectuer son travail mais le nid de poule gagna la bataille. La vieille Mustang manqua de s’encastrer dans la vitrine d’un vendeur de donuts. Le moteur fumait. Le pare-choc s’était arrêté à cinq centimètres de la vitrine remplies d’autocollants. Shady reprit la route tant bien que mal. A l’avant droit, on entendait un bruit bizarre. Sûrement le coup de trottoir, songea le conducteur. Bones faisait à nouveau les cents pas dans son grand bureau à la moquette épaisse. La connexion satellite avait été coupée.

Trois véhicules de police, sirène hurlante, venaient d’arriver. Les véhicules blancs à liseré bleu clair étaient de la police de Denver.

–       Putain, voilà les flics du quartier ! Comme si les couillons en 4X4 ne suffisaient pas ! S’exclama Shady.

–       Trois jolies petites Chevrolet Impala, moteur V6 renforcé, plus puissant, un modèle légèrement modifié pour la police, détailla Fox.

–       J’ai trouvé un bidon d’huile dans le coffre et une boite de vieux clous rouillés. On pourrait peut-être leur balancer pour les retarder ? annonça Ryan qui, par manque de place à l’arrière du petit coupé, avait commencé à fouiller dans le coffre à travers le trou béant qui avait autrefois servi de plage arrière à la vieille Ford Mustang.

–       Mais dis-moi Macgyver ?! Tu vas sûrement nous faire glisser deux 4X4 de plus de deux tonnes avec ton bidon d’huile ! T’as raison ! S’écria l’ancien dealer au survêtement en nylon brillant qui conduisait toujours pied au plancher.

–       Oh ! Mais je vais lui en coller une ! S’exclama Ryan qui perdait son sang-froid.

–       Regardez ! Là bas ! S’écria John, assit à l’arrière avec Ryan. Il pointait sa main vers l’horizon.

Les quatre occupants du coupé regardèrent au loin. Un barrage de police attendait les véhicules. Plusieurs voitures de police barraient la route de chaque côté de la quatre voies. Des herses étaient disposées au milieu.

–       Alors là, je sais ce qu’il nous reste à faire ! Ils m’ont déjà fait le coup une fois !

Shady,  qui semblait habitué aux courses poursuites avec la police depuis son enfance s’aggripa au vieux frein a main. Il tira d’un coup sec le manche vers le haut. Le conducteur braqua le grand volant en bakélite à fond. La voiture effectua immédiatement une rotation à 180 degrés sur elle même. Les deux gros 4X4 continuèrent leur route tout droit vers le barrage de police. La Mustang repassa devant le magasin de Donuts puis emprunta un chemin de traverse. Les véhicules de police avaient déserté l’arrière train du vieux coupé à suspensions à lames. Shady coupa le contact dans un petit chemin de terre.

–       Je les ai semés ! Déclara le conducteur, très fier de sa technique de dérapage contrôlé au frein à main.

–       A mon avis, ils nous ont volontairement laissé partir ! Taquina Ryan.

–       Le téléphone satellite sonne ! Déclara John, qui venait de voir le petit flash vert de l’appareil clignoter.

Il déplia la petite antenne puis décrocha. C’était Bones.

–       Je me suis renseigné auprès d’un ami qui travaille dans les renseignements du côté de Washington. Apparemment, il y a bien eu du grabuge dans la ville de Denver ce soir, annonça t-il. Deux 4X4 banalisés, des Cadillac Escalade ont été volé sur le parking du commissariat central cet après-midi. Ils viennent de les retrouver. Les conducteurs seraient originaires des pays de l’Est. Ils m’ont aussi dit qu’ils avaient repéré une vieille Ford Mustang rouge un peu défoncée sans plaque d’immatriculation. Toute la police de la ville est mobilisée pour retrouver le véhicule.

–       Toute la police de la ville est à la poursuite d’une vieille mustang un peu défoncée ! Répéta Ryan à voix haute dans l’habitacle.

–       Quoi, il critique ma Mustang maintenant ! S’exclama Shady, toujours énervé par Ryan.

–       Mais vous n’avez pas bientôt fini tous les deux ? S’exclama Fox.

–       Où êtes-vous ? Questionna Bones à l’autre bout du téléphone.

–       Dans la Mustang en question ! Nous sommes sur Colfax à côté de Globeville landing Park ! Affirma Ryan.

–       Vous n’en ratez pas une ! S’exclama l’homme du bureau de Washington.

Le téléphone satellite venait de s’éteindre. Il n’avait plus de batterie. Les quatre compères venaient d’éviter le barrage mais d’autres véhicules de polices allaient bientôt arriver. Le vrombissement des pales se fit entendre. Un hélicoptère s’approchait.

***

–       Merde ! Ils nous ont sorti l’hélico ! Ils font chier ces tronches de cake ! S’écria le rappeur en jogging.

–       Oh, ça va, ils pourraient aussi nous sortir le drone armé de missiles ! Un petit Firebird. S’exclama John.

–       Et pourquoi pas un système antimissile de F-35 contrôlé par la pensée pendant que vous y êtes ? S’exclama Ryan.

–       Arrêtez de délirer les gars ! Tirons nous d’ici à pied !

Ils étaient arrivé au croisement de Washington Street et de la 45ème Est. Une enseigne géante composée de deux arches jaune tournait sur son axe. Le quartier n’était pas très joyeux. Coincé entre l’Interstate 70 et la voie ferrée, il n’avait pas eu la chance de connaître un développement architectural très poussé. Du béton et du bitume craquelé faisait office de sol. Des rues perpendiculaires et de petites maisons en mauvais état s’enchainaient. Des jardins semblaient protégés des dealers par de petites barrières métalliques grillagées. Les herbes folles poussaient un peu partout de manière anarchique. Nos quatre compères traversèrent en courant des trottoirs en béton défoncé. Ils arrivèrent bientôt sur Logan Street. Ils entendaient le bruit de la turbine de l’hélicoptère et les sirènes de police qui hurlaient. Elles se reflétaient en écho sur les murs en brique des anciens commerces abandonnés.

–       Tentons d’entrer dans ce bâtiment ! Suggéra John, qui avait remarqué un passage dans un jardin ouvert à l’arrière du bâtiment.

La façade était en brique rouge. A l’avant, une petite porte était protégée par une grille en métal. Un lampadaire composé d’une seule ampoule avait eu pour fonction d’éclairer la totalité de l’enseigne de la boutique. Celle-ci était composée d’une vieille affiche pour de la bière et du soda. Le magasin avait visiblement fait faillite il y a plus de dix ans. Un climatiseur rouillé était fixé sur une plateforme métallique branlante sur le mur gauche de l’ancien magasin. Des petites fenêtres carrées aux volets rouillés étaient disposées à côté. Les quatre compères sautèrent par dessus la clôture en grillage du jardin et s’introduisirent par la porte de service dissimulée à l’arrière. Ryan tenta d’actionner un interrupteur électrique. Rien. Plus d’électricité. A l’intérieur ils distinguèrent des frigos vides. Ils avaient du servir à refroidir des boissons. Le vrombissement des pales de l’hélicoptère se fit entendre plus précisément.

–       Ils sont juste au dessus de nous ! Rentrons vite ! Chuchota Ryan.

–       Refermons la porte. Je ne pense pas qu’ils nous aient vu entrer là dedans, annonça Fox.

–       Les sirènes se rapprochent ! Constata John, inquiet.

–       Ces maudit poulets ! Je leur en colle une entre les deux yeux s’ils s’approchent de la boutique ! S’exclama Shady qui venait de sortir son flingue.

–       Mais qu’est ce que c’est que ça ! Tu as une arme ? S’exclama Ryan !

–       Eyh mec ! Faut pas m’emmerder ! Tu vois, Monsieur le pilote de l’armée ? Hein ! Les poulets, ça se mange en hamburger dans mon quartier ! Des petits chickens bien frits ! Une petite douzaine pour Shady !

–       Euh. Oui. Restez calme les gars. Attendons qu’ils passent. Proposa Fox.

L’hélicoptère tourna au dessus du quartier pendant plus d’une heure. Ils entendirent le grondement d’un moteur V6 passer lentement devant l’enseigne. Par chance, le véhicule de police ne s’arrêta pas. Ils décidèrent de passer la nuit dans la boutique. Ils s’endormirent avec difficulté. Le sol en carrelage était froid et dur. Au petit matin, Ryan fit une proposition.

–       Il n’y a plus aucun bruit dehors. On dirait bien qu’ils ne nous ont pas trouvé, nous pourrions tenter de sortir ?

–       Oui ! La bande de couille molle de poulets ne nous a pas trouvé ! Ils sont trop nuls ! Déclara le vendeur d’électronique.

–       A pied, nous ne pourrons pas aller bien loin. Ils risquent de nous retrouver. Il nous faudrait un nouveau véhicule. Nous pourrions tenter d’appeler le photographe ? Suggéra Fox.

–       Oui, mais nous n’avons plus de téléphone satellite. La batterie est morte. Annonça John.

–       Regardez ! Il y a un vieux téléphone à côté de la caisse. Il ne doit pas être surveillé ! Regardons si la ligne fonctionne encore ? Proposa Fox.

Il était 6 heures du matin. La lueur du soleil commençait à passer au travers des volets métalliques rouillés. Le pilote décrocha le combiné. La tonalité était présente au bout du fil. La ligne était encore fonctionnelle. Il composa le numéro laissé sur l’enveloppe en papier kraft.

–       Bonjour, C’est Ryan. Je ne sais pas si vous vous rappelez, nous sommes passés à votre boutique pour développer des photos.

–       Ah oui ! Le couple bien propre sur lui ! Ah Ah ! Alors, les tirages étaient bon ? Questionna le vieux vétéran photographe au fond de sa boutique.

–       Oui. L’un deux semblait, comme… inversé. En miroir. Je suis avec des amis. Nous aurions un petit service à vous demander…

–       Ah. Vous avez des ennuis à ce que je vois ! Je m’en doutais.

–       Oui. Nous aurions besoin de votre aide.

–       J’ai fait le Vietnam mes petits gars. Je suis pas né de la dernière pluie. Qu’est ce que vous croyez ! Quand j’ai vu vos documents j’ai tout de suite vu que vous vous étiez fourrés dans de sales draps ! Le 303 et les autoroutes… c’est une sacré affaire ! J’avais déjà entendu parler de ça dans les années soixante ! Et puis, quand des types sont passé me questionner après votre passage je me suis douté que ça ne tournait pas rond. Alors ?

–       En résumé, on est en cavale. Nous avons passé la nuit dans un vieux commerce en attendant que l’hélico des flics ne s’éloigne.

–       Ah ! J’ai vu les infos hier soir ! Ils ont même interrompu le match de NBA ! La ville était sans dessus dessous ! La police a arrêté un gang des pays de l’Est apparemment. Il y a eu une poursuite sur l’Interstate. Ils voulaient braquer une banque !

–       Braquer une banque… ! Euh.

–       C’était vous ?

–       Oui, enfin, c’est un peu plus compliqué que ça… Nous avons volé un avion de l’Air Force en Alaska et on est arrivé ici.

–       Vous avez volé un avion de l’Air Force ? Hein ?

–       Rendez-vous derrière ma boutique dès que vous le pourrez. Je vous attends. Mais faites vite ! Ils ne vont pas tarder à vous retrouver.

***

Ils partirent en courant vers le sud. Des véhicules de police quadrillaient le secteur. Ils étaient à la recherche de Fox, Ryan et John. Ils marchèrent pendant deux heures dans la ville. Ils évitèrent soigneusement les artères principales. Ils arrivèrent chez le photographe vétéran du Vietnam. La petite boutique n’était pas ouverte. La porte était fermée par une grille. Bizarrement, la dimension de la boutique semblait bien plus grande ! Tout était pourtant bien identique. Parfaitement à sa place. Comme si les bâtiments étaient légèrement plus grands que dans les souvenirs de Ryan et de Fox.

***

–       Fox ? Tu n’as pas l’impression que c’est plus grand ? S’exclama Ryan en arrivant devant la façade en brique blanche.

–       Eh bien… si. Effectivement. Ca paraît plus grand. Pourtant c’est la même boutique ? Non ? S’exclama Fox.

–       Nous verrons bien à l’intérieur ! S’exclama Ryan.

Ils traversèrent un petit parking. A une heure si matinale il était vide. Une porte métallique était entrouverte. Le vieux barbu, au visage plus fin que ce que connaissaient Ryan et Fox les invita à entrer. Il était vêtu d’une chemise kaki, d’un vieux jean troué. Il tenait une mitrailleuse M-16 dans la main. Il avait l’air soucieux. Il regarda à droite et à gauche derrière eux puis les invita à entrer. Un micro-onde était posé sur un meuble. Il était sûrement destiné à griller du pop-corn. Une lumière rouge sortait du laboratoire. Ils s’installèrent de chaque côté du comptoir.

–       Alors, mes petits gars, vous avez ramené du monde à ce que je vois ! Expliquez-moi ce qu’il se passe !

–       Nous avons terminé notre formation de pilote au sein de l’Air Force, puis on s’est fait embaucher par une société de transport médicale, annonça Ryan.

–       Et nous nous sommes rendu compte que cette société ne tournait pas rond. On nous droguait ! Et on nous faisait travailler en état de conscience modifié en nous effaçant la mémoire. Compléta Fox.

–       Ouais ! C’est ça ! Des pilotes de l’armée ! Ils cambriolent des sociétés et maintenant ils volent des avions ! Ils sont zinzins ! Oui ! S’exclama Shady.

–       C’est exact. Ils font travailler des gens en état de conscience modifié en faisant croire que ce sont des malades. Des malades qui travaillent sous hypnose avec des implants radio.  Le système K. Les jumeaux télégraphiques de Norbert Wiener. La cybernétique. Compléta John.

–       Et les documents que vous aviez pris en photos. Où les avez-vous récupérés ? Questionna le vétéran.

–       Au siège de notre société. Dans la tour de H24 médical, dans un coffre fort.

–       Bien. Je commence à comprendre, annonça le vieux vétéran.

–       Ah ? Comment ça ? Questionna Ryan.

–       Vous connaissez les Black Ops ? Questionna le vieux.

–       Putain ! Mais ouais ! Black Ops ! Mais c’est trop cool comme jeux vidéo ! Sur ma Xbox, c’est trop bien ! Super graphisme ! En plus, ils ont des super flingues ! J’adore Ghost Recon ! Trop top ! S’exclama Shady.

Ryan, Fox et John ne répondirent rien. Ils étaient consternés par l’immaturité de Shady. Des zombies conditionnés, et on fait des jeux vidéos avec ça… Une bien jolie propagande. Si seulement ils connaissaient l’origine des programmes… songea Ryan. Le vieux vétéran barbu ferma la porte de l’arrière boutique à triple tour. Il posa le M-16 sur la table.

–       Et vous êtes sorti comment de là bas ? Questionna le vétéran.

–       De là bas ? Questionna Shady ? Mais tout le monde débloque ! Par ici ! La bas où ? S’écria le petit homme au jogging en nylon.

–       On effectuait le transport de notre malade qui est ici avec nous : il s’appelle John ! On est arrivé sur une plateforme au beau milieu de l’Alaska. Nous avons volé un avion… et nous avons atterri à Denver.

–       Et ça ne vous a pas paru… différent ? Ici ? Questionna le vétéran.

–       Effectivement ! C’est beaucoup plus … grand ! S’exclama Ryan.

–       Oui ! Beaucoup plus grand ! Ajouta Fox.

–       Beaucoup plus grand ? Mais ça y est ! Ils prennent des champis en douce ! J’en suis sûr ! Ou du LSD ? Voilà c’est donc ça ! Du LSD !

–       Du LSD ! S’exclama John ! Voilà ! Ils droguent l’eau et la nourriture ! Et ils effacent la mémoire !

–       Ca ne date pas d’hier, vos affaires. En 1964, ça faisait la une des journaux, leurs expérimentations. Ils étaient censés avoir arrêté. Encore un mensonge. Ca ne m’étonne qu’à moitié. Bon. J’ai un peu regardé les tirages que vous m’aviez donnés. J’ai vu que vous aviez récupéré une lettre d’un architecte. Le Corbusier ? S’écria le vieux spécialiste du Vietnam.

–       Oui ! S’exclama John ! Le Corbusier ! C’est une clef !

–       Une clef ? S’étonna Ryan.

–       Après guerre. Ils ont commencé à vouloir faire péter l’Alaska a coup de bombes atomiques pour y construire des abris. Le projet a coûté au minimum 40 milliards de dollars ! Il est possible que Le Corbusier ait participé au projet ! S’exclama John.

–       Quarante milliards ? Oh bah je comprends bien ! Hein ?! Ils ont créé des nouvelles drogues et les ont testées sur vous !  C’est de la bonne ! A ce prix là, ils ont du développer des trucs de fous ! Vous pourriez me filer le tuyau, les mecs ! Déclara Shady.

–       Que disait la lettre ? questionna John, coupant court aux élucubrations de l’apprenti dealer.

–       J’en ai fait une copie. Annonça le photographe. Il lut la lettre à haute voix.

***

«  Paris, le 9 Mars 1956,

Cher Monsieur,

Me permettez-vous de vous adresser ces quelques mots ? Je pars aux Indes dans quelques jours pour les travaux de Chandigarh, capitale du Punjab. Par ailleurs, le Gouvernement du Pakistan me demande de construire sa nouvelle Capitale Fédérale près de Karachi. J’ai questionné mon ami, Monsieur Nehru, à ce sujet et il n’y voit aucune objection.

Autre chose encore : le Président de la Fort Knox (U.S.A.) m’a demandé de construire une ville de 50.000 habitants pour servir de modèle en U.S.A. et même dans le Monde.

Le Corbusier ».

***

–       Fort Knox ? Le président de Fort Knox ? Mais le président d’une réserve d’or ne peut pas demander la construction d’une ville aux Etats-Unis ? Ca n’a rien de logique ? S’exclama John.

–       Effectivement, le président de Fort Knox. C’est la réserve d’or des Etats-Unis. Comment le président d’une réserve d’or peut-il  demander la construction d’une ville monde de 50.000 habitants ? Questionna Ryan.

–       C’est un code entre drogués ! C’est sûr ! Ils ont fabriqué une usine pour produire de la cocaïne surpuissante ! Il faut qu’on trouve leur labo Top-Secret ! S’exclama Shady.

–       Une ville monde. Fort Knox. La clef est là bas. C’est évident. Annonça Fox.

–       Vous voulez cambrioler Fort Knox ? Vous êtes sérieux ?! S’exclama le vieux vétéran. Il avait déjà vécu des situations terrifiantes, en particulier, les bombardements de Napalm et d’agent orange sur la forêt et la population, au Vietnam. Mais là, il restait sans voix. Cambrioler Fort Knox !

–       Oui. Nous devons aller voir ce qu’il se cache là-bas ! Annonça Ryan.

–       Mais comment voulez-vous cambrioler la réserve d’or ? C’est l’endroit le mieux gardé des Etats-Unis ! Questionna John.

–       Oh ! Nous nous sommes bien enfui de leur base secrète d’Alaska. Alors fort Knox ! Pourquoi pas ? S’exclama Ryan.

–       Je vais voir ce que je peux faire déclara le vieux vétéran en chemise kaki.

Il disparu dans le laboratoire. Il revint quelques minutes plus tard. Il tenait entre ses mains une vieille boîte métallique verte foncée avec une étoile blanche peinte dessus. U.S. Army. Il souleva la petite boucle métallique et ouvra le couvercle. Un petit carnet noir était enfoui depuis longtemps au fond de la boîte en fer forgé. Il posa l’épais carnet sur le comptoir.

–       Voilà la liste de ceux qui ont fait le Vietnam avec moi ! Il y en a encore un paquet. Bon, ils ne sont plus tous jeunes ! Mais certains sont encore en état de marche ! Prêt à reprendre du service ! Je vais tenter de les contacter. En attendant, est-ce que vous avez un endroit où aller ?

–       Pas vraiment, nous risquerions de nous faire repérer ! C’est trop risqué, déclara le pilote.

–       Une partie de mes amis vivent sur un vieil aérodrome désaffecté. Ils vivent un peu comme des hippies, hein ! Mais on doit pouvoir les rejoindre. Mais ce n’est pas la porte à côté ! Vous voulez venir ?

–       Ah des hippies du vietnam ! Cool ! Ils cultivent du cannabis ? Questionna Shady, toujours à l’affut d’un peu de drogue !

–       Un aéroport désaffecté ! J’espère qu’ils ont quelques vieux coucous en état de marche !

–       C’est possible. Mettons nous en route ! Nous en avons pour quelques heures de route, annonça le vieux photographe.

Le pick-up était garé à l’arrière de la boutique du photographe.  Un vieux Chevrolet C/K 10 de 1965. En parfait état, le véhicule était de couleur rouge foncée. Une grosse inscription Chevrolet était peinte en blanc sur la porte de la benne, à l’arrière. A l’avant, une grille métallique faisait office de calandre. C’était simple et robuste. Un logo bleu était posé au milieu. Une bande grise sur le côté scindait le véhicule en deux. Elle courait des ailes avant à l’arrière du véhicule. Shady s’installa sur la vieille banquette rouge en tissu à côté du vieux vétéran. Fox, Ryan et John grimpèrent dans la benne à l’arrière. Tout un tas de vieilles bricoles trainaient sur le sol métallique. A côté des deux roues de secours, Ryan remarqua une vieille caisse en bois vert foncée fermée par un gros cadenas. Une vieille couverture en laine à motif écossais trainait à côté d’un vieux bidon d’huile. Il installa le bout de tissu sur la malle en bois à l’arrière du pick-up. Ca serait tout de même plus confortable. Le vétéran mis le contact. Le moteur démarra au quart de tour.  La suspension à ressort à lame n’était pas franchement confortable. Le trajet serait éprouvant. Ils ne savaient pas dans combien de temps ils arriveraient, ni où ! Le vétéran ne leur avait pas précisé leur destination.

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28. Dents de lapin

Mercredi 17 Octobre 2012
Denver, Aurora, Colorado, USA.
5:00  PM.

Le Learjet C-21 arrivait en vol au dessus de la ville de Denver, dans le Colorado. La jauge de kérosène indiquait un niveau proche de zéro. Ils devaient se poser rapidement pour effectuer le plein avant la panne sèche. Un nuage de poussière vola sous les ailes. L’air chaud des réacteurs ondula sur la piste d’atterrissage. Les roues de l’appareil touchèrent le sol. Un petit nuage de fumée à l’odeur de caoutchouc brûlé se forma au dessus de la piste. Le jet se gara à l’écart du terminal à passager. Ryan coupa les réacteurs. Au loin, une vieille Ford mustang s’approcha. Un petit homme en débardeur blanc avec une chaîne autour du cou se rapprochait dans la poussière. Les basses de l’autoradio avaient du être réglées à fond, la carlingue de l’avion en acier tremblait. Shady, prévenu par Fox grâce au téléphone satellite était venu sur le tarmac chercher les deux pilotes. Il n’avait pas exactement le même visage que le Shady d’avant. Son visage était moins large mais ses réactions étaient presque exactement les même.

–       Mais je rêve ! Comment tu as fait pour rentrer sur l’enceinte de l’aéroport ? demanda Fox à Shady.

–       Ah ah. T’inquiètes ! Tu te rappelles du type qu’on surnommait dent de lapin à l’école ?

–       Dent de lapin ? Répondit Fox, qui se rappelait vaguement d’un type aux dents orientées vers l’avant quand il était à l’école primaire avec Shady.

–       Dent de lapin bosse comme agent de sécurité pour l’aéroport ! Il m’a ouvert la grille ! Mais par contre on n’a pas cent cinquante ans, hein ! Il m’a dit je t’ouvre pour quinze minutes ! Après il a son chef sur le dos.

–       Dépêchons-nous, annonça Ryan d’un ton pressé pendant qu’il  descendait les marches du petit escalier du jet aux couleurs de l’Air Force.

–       Alors ! C’est cool ton nouvel avion Fox ! Tu l’as volé celui la aussi ?

–       Euh, pas vraiment, répondit le copilote.

–       Tu aurais pu me le dire quand même ! En fait tu m’as raconté des cracks ! Tu bossais pas pour une boîte de transport médical ! Hein ? Avoue ? Tu me fais visiter ton jet ? Questionna Shady qui voulait en savoir plus.

–       On n’a pas le temps ! Grommela Ryan déjà énervé par Shady et sa chaîne en toc.

–       Oh oh oh ! Il va encore se la ramener le grand, là ! Tu sais que tu es pète couille toi ! Je vous laisse en plan Messieurs les pilotes de l’armée, hein ! Déclara Shady, énervé par Ryan.

–       C’est fini tous les deux ?! Déclara Fox.

–       Mais vous venez d’où ? Avec votre avion ? D’Europe ? C’est un jet immatriculé en Alaska ? Questionna Shady, perspicace.

–       C’est compliqué, répondit Fox.

–       C’est compliqué ! Oh bah c’est toujours compliqué avec toi ! C’est qui ce type là ? Demanda le petit homme habillé d’un survêtement en nylon et débardeur blanc avec sa chaîne autour du cou.

–       Eh bien, c’est notre malade, répondit le copilote.

–       Ah ouais, il a l’air vachement malade ! Tu te foutrais pas un peu de ma gueule ? Toi ? Je suis sûr que c’est encore un type de l’armée qui cambriole des banques avec vous ! Ou peut-être même qu’il deale de la cocaïne pour vous ! S’exclama Shady.

–       Bon, ça serait trop long à t’expliquer, mais je te confirme, il n’a rien d’un vrai malade, annonça Fox.

–       Mais alors c’est quoi votre trafic ? Vous faites du transport de quoi avec votre jet de l’Air Force ? Me dite pas que vous transportez de la cocaïne ou des trucs du genre ? Parce que déjà que vos cambriolages la nuit dans votre soi-disant société médicale ça me paraît pas très clair ! Moi je ne veux pas me retrouver encore une fois en taule pour vos conneries ! Déclara Shady, qui avait déjà passé un an et demi en prison pour divers petits trafics de drogue et quelques vols de voiture.

–       Vous faites des cambriolages la nuit  avec un jet de l’Air Force ? Demanda le malade qui se demandait bien où il venait de se réveiller.

–       Euh, alors là, non. Pas de cambriolage avec notre jet. C’est compliqué, déclara Ryan.

–       C’est compliqué, c’est compliqué ! Ils sont complètement zinzin, oui ! Messieurs les pilotes de l’armée ! Déclara Shady, qui n’y comprenait décidément plus rien.

–       En fait, nous avons pris un ascenseur, qui nous a conduit d’Europe en Alaska sur une base militaire. Ensuite on a volé un avion de l’Air Force qui était dans un hangar et puis on s’est fait poursuivre par deux chasseurs F-22 mais le pote de Ryan qui bosse à Washington a tout annulé. Et sinon on transporte un faux malade qui pilote des drones mais on lui a effacé la mémoire, il ne s’en rappelle pas et nous voilà arrivé ici. Résuma Fox d’un trait.

–       Mais oui mon pote !  Moi je vous l’ai déjà dit ! C’est de la bonne que vous prenez ! C’est un nouveau mélange c’est ça ? C’est un truc de synthèse pas encore commercialisé j’en suis sûr et certain maintenant ! Conclu Shady.

–       Et encore on ne t’a pas détaillé les implants et l’abri antiatomique qui fait cage de Faraday ! Ajouta Ryan.

–       Vous fumez de la bonne ! Je le sais ! Bon, Dent de lapin m’a laissé quinze minutes maximum sur le tarmac. Il faut qu’on y aille ! Déclara Shady en démarrant le moteur de la voiture.

–       Mais oui les mecs ! Vous fumez de la bonne ! Je le sais ! Bon, Dent de lapin m’a laissé quinze minutes maximum sur le tarmac. Il faut qu’on y aille ! Déclara Shady en démarrant le moteur de la voiture.

–       Il appuya sur le champignon de la vieille voiture tunée. La voiture roulait sur les plaques de béton de l’aéroport. Elle sautillait à chaque joint de dilatation. Fox reconnut son ancien camarade d’école à travers la vitre sale de la guérite.  Shady ouvrit la fenêtre avant gauche et déclara :

–       Merci pour le coup de main dent de lapin ! Tu pourras passer chercher ton caisson de basse la semaine prochaine ! Je t’installerai ça sur ton Van ! Tu verras ça envoie du lourd ! J’ai de la bonne aussi si tu veux ! Et bientôt j’aurai une nouvelle drogue de synthèse trop puissante ! Annonça à l’homme vêtu d’un sweat de base-ball des Colorado Rockies taille XXXL en regardant Fox.

Dent de lapin devait bien peser cent trente kilos. Il semblait totalement engoncé dans la guérite du contrôle de l’aéroport. Un sac rempli de nourriture de fastfood trônait sur une étagère métallique. La guérite était bien trop petite pour son gabarit. Il appuya avec ses gros doigts sur le petit bouton qui paraissait noyé dans la masse de graisse. La grille métallique coulissa. La mustang rouge écarlate aux jantes noires vernies beaucoup trop grandes traversa le portail en vrombissant. Ryan aperçut à l’arrière deux gros 4X4 noir. Deux Cadillac Escalade aux gyrophares bleu et rouge cachés dans la calandre clignotaient. Ils approchaient à pleine vitesse de l’arrière du vieux coupé.

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27. Téléphone rouge

Mercredi 17 Octobre 2012
.
Denver, Aurora, Colorado, USA.
12:00 AM.

La tour de H24 médical était en pleine effervescence ce midi là. Le vieux Crezy s’affairait derrière son bureau. Il tenait entre les mains une petite maquette de terre miniature réalisée avec des trombones métalliques en forme de S dépliés. On pouvait lire sur son visage une certaine forme de contrariété. Le vieux ouvrit un vieux tiroir fermé à clef de son bureau. Il sortit de son antre un téléphone qu’il n’utilisait qu’en de très rares occasions. Le vieil appareil était de couleur noire sans cadran. Il posa le vieux combiné plein de poussière sur la table. Crezy introduisit le petit connecteur dans la prise murale. Dans un grand mais vieil immeuble qui avait connu des jours meilleurs, un vieux combiné en plastique noir tout craquelé qui devait dater d’une période bien antérieure à la perestroïka sonna.  Au bout du fil de cuivre oxydé, on décrocha immédiatement :

– C’est le vieux Bucky des Etats-Unis qui m’appelle ! Répondit la voix au fort accent Russe.

–       Bonjour, comment vas-tu Dimitri ? Cela fait bien longtemps !

–       Je ne t’ai pas eu au téléphone depuis l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir ! Tu sais, ça va, ça va, ici. Quelques problèmes santé. Plus très jeune moi. Vodka, pour oublier ravage capitalisme. Annonça la voix qui paraissait plutôt âgée.

–       Oh, tu es très malheureux sans doute, mais tes affaires tournent bien, arrête ton cirque ! Questionna le vieux chauve qui savait bien que les petits trafics du vieux général de l’armée rouge qui était au bout du fil se portaient bien.

Dimitri Kroutchnov habitait toujours dans son vieil immeuble de fonction du centre de Moscou. Il était officiellement en retraite depuis la chute du mur de Berlin. Pendant l’éclatement de l’URSS, il avait profité de son réseau d’amis au politburo pour récupérer des parts dans plusieurs entreprises d’état qui venaient d’être vendues. Il vivait officiellement grâce à sa maigre retraite d’officier de l’armée rouge dans son vieil appartement. En réalité,  il trainait de temps à autre dans de sombres affaires de trafic d’armes sur le marché noir. Son année 2011 s’était tout de même clôturée par la vente d’une quinzaine de vieux chars russes T-80 à une dictature d’Amérique latine ce qui lui avait permit de se faire construire une grande datcha sur la mer noire. Il lui arrivait parfois de rendre service à son vieil ennemi de toujours, de l’autre côté de l’atlantique.

–       Alors, au pays Coca-cola et voitures ? Vous endormez toujours peuple bourgeois avec culture de masse et stupidité crédit ? Questionna la voix à l’accent qui roulait les r.

–       Dimitri, tu exagères. Notre propagande fonctionne un peu mieux, voilà tout. D’accord, nous avons perfectionné notre système de manipulation des masses. Il est très efficace et désormais plus individualisé. Annonça le vieil homme du haut de la tour de bureau d’une voix machiavélique.

–       Da. Jolies antennes radio avec Spectre. Encore copie de système soviétique gestion masses. Et toujours démocratie USA vous faire croire. Ah ah ah. Toi faire beaucoup blagues toujours. S’exclama t-il.

–       Oh. Ne commence pas ! Dimitri. Tu sais bien que notre pays effectue de véritables élections. Nous avons même des débats démocratiques. Nous prenons le thé et nous organisons des meetings. Ce n’est pas le cas chez vous tu le sais bien ! Déclara Crezy.

–       Da, et vous avoir désormais très jolies machines à voter informatique extrêmement fiables. Ah ah ah. D’ailleurs moi peut-être récupérer nouveau marché pour piratage de vous pour prochaines élections. Moi pouvoir construire nouvelle Datcha avec argent de élections truquées bientôt ! Déclara le vieux général.

–       Ca suffit, Dimitri. Nous ne pouvons pas revenir à la méthode de vote toute simple facilement contrôlable par tous pour un coût modéré. Avec du papier. Penses-tu. Nous sommes le pays de la technologie et du progrès. Tu le sais bien, Dimitri.

–       Toi toujours blagueur. Pourquoi à cette heure tu m’appelles ? Bucky capitaliste voleur escroc !?  Refaire l’Histoire tu veux ? Demanda la voix venue du froid.

–       Non, pas pour le moment, Dimitri. Mais tu sais, maintenant, je m’occupe d’une société de transport médical.

–       Transport médical ! Ah ah ah ! Bucky transport médical ! Pas vu blague pareille depuis Glasnost, Perestroïka et Gorbatchev ! Américains toujours mot pour rire ! Toi vouloir invitation pour représentation Opéra comique Bolchoï ? Rigola le vieux général.

–       Dimitri, l’heure est grave. Deux de mes maudits pilotes ont tenté de me fausser compagnie. Heureusement, je les suis à la trace, déclara fièrement le vieux fou du haut de sa tour.

–       Ah ! Bucky suivi à la trace. Da. Toi avoir mis nouveaux implants. Moi savoir. Encore vol de maudits chiens capitalistes. Invention soviétique d’origine ! Souris d’acier et chien de Pavlov ! Vous avoir copié système cybernétique totalitaire soviétique de moi ! Mais vous avoir oublié robustesse et fiabilité ! Critiqua l’ancêtre de l’armée rouge.

–       Oui. Dimitri. Je sais bien que tu as essayé de pirater mes implants ! Annonça Crezy qui faisait face à une enième tentative de piratage de la part des Russes. Le vieux soviétique avait déjà commencé à pirater les implants cybernétiques sous Brejnev. Et inversement.

–       Da, da. Encore bons mathématiciens chez nous avoir ! Ah ah ah. Rigola de nouveau le vieux général qui avait réussi à casser la clef de cryptage des implants de Fox, Ryan et John la semaine précédente.

–       Ecoute, ça suffit. Nous n’allons pas refaire l’histoire ce soir. Mais les Tinkertoys, nous les avons développé en premier. Déclara Crezy.

–       Toi rigoler ? Encore vol de système de camps nazis Allemagne importé Nevada et Alaska ! Toi toujours voleur partout dans monde ! Déclara le vieux soviétique.

–       Oh, ça suffit ! Dimitri. Tu sais bien que vos camps étaient moins bien gérés que ceux que nous gérons dans le Nevada, l’Alaska et l’Antarctique. Ta gestion des camps de  Sibérie et de Novossibirsk était calamiteuse. Tu le sais très bien, Dimitri.

–       Da, da. Et toi encore me dire que vous créer camp d’Alaska pour protéger vous à cause bombe atomique ? Toi escroc ! Crise missile nucléaire Cuba 1962 fabriquée par toi pour trouver financement de bouclier Alaska alors que projet date 1927. Bombe atomique n’existe pas 1927. Toi très bon joueur échecs voilà vérité ! Rigola le vieux général.

–       Vieille canaille. Tu le reconnais enfin ! Annonça Crezy.

–       Da. Mais explosions nucléaires pour paix Grande blague quand même tu as fait à Congrès ! Toi rusé ! Annonça le vieux soviétique.

–       Ah ah. D’ailleurs, la technologie a bien évoluée tu sais, Dimitri. L’informatique, c’est un vrai miracle pour gérer notre petit cirque des puces ! Déclara le vieux fou.

–       Oui mais toi avoir toujours besoin vieil ami quand Dummies s’enfuient de grande copie totalitaire ! S’exclama le vieux soviétique.

–       C’est vrai, c’est vrai, Dimitri, mais vois-tu, je préfère ne pas laisser de traces si tu vois ce que je veux dire. Même notre politique n’est plus très favorable à ce que nous faisions tranquillement ensemble dans les années soixante. Ils tentent de contrôler le système ! Nous n’effectuons presque plus de coups d’états ! Je sais Dimitri, c’est très triste ! Mais les mondes changent !

–       Da, Da. Toi plus tirer toutes ficelles échec mondial comme bon vieux temps affrontement guerre froide ! Ça bien dommage. Moi comprendre toi. Même problème Kremlin ici. Plus politburo. Même religion autorisée et même plus privilèges pour limousine ZIL comme autrefois pour valeureux général armée rouge.  Toi te rendre compte désarroi de moi ? Moi très triste. Pleine dépression.

–       C’est ça, Dimitri. Tu vois. On se comprend tous les deux. Je suis sûr que nous allons réussir à nous entendre.

–       Alors. Quel est problème dummies ? Toi encore me dire perte soucoupe sur camp dans désert Nevada ? Questionna le vieux soviétique.

–       Dimitri, Ecoute moi. C’est fini cette histoire. Tu ne vas pas revenir dessus à chaque fois. Je me suis déjà excusé concernant les soucoupes volantes.

–       Toi pas excusé vraiment dernière fois ! Moi vouloir excuses écrites sur papier pour Kremlin signé par président Etats-Unis.

–       Ecoute Dimitri. Tu sais bien que c’est impossible. On ne peut pas écrire ce que l’on a fait. Et puis, tu pourrais penser à l’économie, tu comprends ! Dimitri. L’économie. Ah, ça c’est un argument que tu n’as jamais voulu entendre. Dimitri. Ca permet de vendre des figurines de soucoupes et de passer sous silence nos camps ! Dimitri. J’espère que tu me comprends ? N’est-ce pas ? Hein ? La propagande ? Tu comprends ? C’est important qu’il n’y ait pas de révolte dans les camps, et que l’on ne sache pas ce que l’on fait là bas ? Comme toi avec la Sibérie. Tu comprends ? Hein ? J’en suis sûr, Dimitri.

–       Da, Da. Toi escroc. Même intoxication incroyable toi faire argent avec ! Moi avoir vu soucoupe volante en chips dans supermarché Moscou devant appartement de moi ! Ça encore provocation de toi ! Moi plus rendre service à Bucky médical escroc.

–       Dimitri, écoute moi. Je sais que tu es susceptible mais ce n’est pas moi qui ai mis les chips en forme de soucoupe volante dans ton supermarché. Tu dois m’écouter. Je suis sérieux. Mes deux pilotes m’ont volé un avion avec un malade. C’est très grave. Ils sortent de l’Alaska pour arriver à Denver. Si ça continue ils vont tomber sur leurs jumeaux. Tu comprends mon désarroi ? N’est-ce pas ?

–       Problème petits clones dummies échappés de sphère totalitaire pas problème moi. Toi gérer bêtise de toi tout seul !

–       Dimitri. S’il te plaît. Tu sais bien que ce sont des jumeaux. Pas des clones. Soit réaliste. Allons. Tu pourrais m’aider tout de même !

–       Da ! Toi Learjet Century 21 tu as perdu. Ryan et Fox hors de copie de ferme totalitaire Alaska sortis par ascenseur bientôt arrivé dans vrai Denver Etats-Unis.

–       Oui. Dimitri. Tu vois. Tu me comprends. Tu as du monde là bas ? Je ne veux pas faire intervenir la police directement. Tu comprends ? Demanda le vieux Crezy au vieux général soviétique.

–       Moi avoir encore hommes de main, oui. Déclara le vieux général soviétique qui avait quelques sbires y compris aux Etats-Unis.

–       Oui, voilà Dimitri. Tu me comprends. Tu es déjà au courant. Tu vois.

–       Da. Moi voir ce que je peux faire pour vieux Crezy. Mais toi m’envoyer lettre excuse pour soucoupes Nevada en échange ! Et supprimer provocation capitaliste avec Chips forme de soucoupe en plein milieu supermarché de Moscou !

–       Mais oui Dimitri. Mais oui. Crois moi. Je t’assure, Dimitri. Je vais essayer de voir ce que je peux faire. Nous allons supprimer les chips en forme de soucoupe de ton supermarché.

Juste avant l’appel du vieux Crezy, le vieux général soviétique, pas si gâteux qu’au premier abord avait été informé de la position des deux pilotes et du faux malade grâce au piratage des implants et de leur clef de cryptage. Il suivait leur position à la trace sur un écran LED de 60 pouces dissimulé derrière un immense portrait de Staline.

***

Les grandes paraboles fixées sur le toit de H24 Médical  transmettaient un flux incessant d’informations. Dans une salle souterraine secrète, au sous sol de sa tour d’Aurora le vieux Crezy avait allumé un puissant vidéoprojecteur avec dispositif de contrôle par le mouvement. Un immense globe holographique s’affichait en 3 dimensions. Grâce au signal radio des implants, le vieux fou obtenait en temps réel la position de John, Fox et Ryan. Le signal électrique lui donnait également l’accès en temps réel aux pensées des occupants du Learjet. Mais il avait perfectionné son système. Crezy pouvait désormais accéder en temps réel à la vision des trois cyborgs. Une mince lentille avait été collée sur leur cornée via une colle biocompatible. Elle laissait passer l’oxygène et était impossible à enlever sans outil adapté. Sous le grand globe holographique du vieux fou, on pouvait distinguer une svastika à quatre branches parfaitement symétriques. Une croix gammée nazie.

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26. Transpondeur 1777

–       Bones n’a pas réussi à régler la situation, nous allons devoir retourner à Anchorage, déclara Ryan qui avait remarqué l’air de chien battu de Fox.

–       Depuis le temps, ils ont du trouver les hommes en blanc attachés dans l’ambulance !

Les deux F-22 se tenaient toujours à côté du jet, prêt à faire feu. Ryan et Fox s’interrogeaient sur leur destination finale quand soudain le voyant de la radio numérique clignota de nouveau.

–       White Bear 3 à Learjet C-21. Modifiez votre code transpondeur de 1933 à 1777. Nous vous transmettons la modification du plan de vol.

–       Learjet C-21 à White Bear, c’est confirmé. Nous modifions le code transpondeur de 1933 à 1777, annonça Ryan.

–       White Bear 3 à Learjet C-21. Nous avons reçu un message du contrôle aérien. Vous pouvez reprendre votre plan de vol vers Denver annonça le pilote du chasseur.

–       Ah !  Nous avons sûrement eu un problème avec le nouveau système informatique, en téléchargeant le plan de vol ! Déclara Fox sans conviction au pilote du chasseur.

–       Bon vol. Learjet C-21. Annonça le pilote du F-22 sans plus de commentaire.

Les chasseurs effectuèrent un virage serré et poussèrent la manette des gaz à fond. Un nuage de flamme jaune orangé semblable à un dragon crachant des flammes s’échappa des tuyères des réacteurs. La postcombustion des deux oiseaux gris brulait des litres entier de kérosène à la vitesse du son.  Un court instant plus tard, les deux avions s’étaient éclipsés au dessus des nuages. Les deux F-22 rentraient en Alaska. Le jet de Ryan et de Fox aux couleurs de l’US Air Force vira vers la droite en direction de Denver.

***

Le malade se réveillait doucement, comme s’il avait été plongé dans un état second pendant longtemps. La trentaine, il était brun, les cheveux courts, le visage fin. Environ un mètre soixante quinze, les yeux noisette. Par les hublots, on apercevait des montagnes. Le jet survolait les rocheuses, à l’ouest des Etats-Unis. Des rayons de soleil illuminaient l’intérieur de l’appareil.

–       Bonjour, vous allez bien ? Demanda le copilote au malade qui venait de se réveiller.

–       Où est-on ? Je dois rentrer chez moi ! Questionna le malade à l’arrière de l’appareil.

–       Nous sommes en vol dans un jet de l’US Air Force, en direction de Denver, aux Etats-Unis, annonça Ryan.

–       Dans un jet en direction de Denver, aux Etats-Unis ? Mais, je me suis endormi dans mon appartement ! Et je me retrouve ici ? Qu’est ce que tout cela signifie ? Questionna le malade qui venait de s’asseoir sur le brancard et regardait désormais le paysage à travers le hublot.

–       Comment vous appelez-vous ? Demanda le copilote.

–       John, répondit le malade.

–       Mais enfin, vous habitez où,  John ? Questionna Fox.

–       A Nantes, enfin, ça y ressemble, répondit l’homme sur le brancard qui se réveillait péniblement.

–       Ca y ressemble ? Mais comment ça… ? Questionna Fox.

–       Je me suis endormi chez moi, dans mon lit et je me réveille ici ! C’est incroyable ! Annonça John.

Fox venait consulta à nouveau le dossier médical de la pochette bleue placée juste à côté du brancard. Il lu : Firebird – Beale

–       Et ça, vous savez ce que cela signifie ? Questionna Fox qui tendait la petite pochette bleue en montrant l’inscription « Firebird ».

–       Non. Annonça John, qui continuait à regarder les montagnes rocheuses en plein soleil par le hublot.

Ryan, qui commençait à comprendre comment tout ce système fonctionnait se connecta à internet et rechercha beale sur le moteur de recherche. L’écran afficha une photo d’avion espion SR-71 Blackbird.

–       Bingo ! Déclara t’il. Il ne nous reste plus qu’à trouver ce qu’est ce Firebird !

–       Fox regarda le petit écran tactile avec attention. Soudain, un grand avion gris apparut sur l’écran. Northropp-Grumman. Firebird.

–       Et ça ? Ca vous dit quelque chose ? John ?

John regarda très attentivement la photographie. Son regard resta fixé de longues minutes sur l’arrière de l’appareil. La petite queue en forme de double T lui était familière…

–       Euh… Expliquez moi. C’est quoi ce bordel… ! S’exclama John.

–       Comment ça ? Vous connaissez cet appareil ? Questionna Ryan.

–       La queue de l’appareil, oui, parfaitement. Mais je suis bien incapable de vous dire comment… Ni où, ni quand…

–       Mais pourtant ? C’est écrit sur le dossier ! Affirma Fox qui se demanda s’il avait bien lu le dossier bleu.

–       Non, je dormais tranquillement chez moi. Je me suis réveillé ici au dessus de la montagne dans cet avion…

Ryan commençait à comprendre. Ils n’étaient pas les seuls à avoir été implantés ! Ils faisaient travailler des gens sans même leur dire en les droguant ! Ensuite ils leurs effaçaient la mémoire. Le plus fantastique système totalitaire avait été mis en place avait été mis en place par le vieux Crezy.

***

Learjet C21-A

Learjet C21-A

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25. Liaison satellite

Mercredi 17 Octobre 2012
En vol au dessus de l’Océan Pacifique. A proximité de la Colombie Britannique.
7:30 AM.

Ryan rebrancha la radio. Les deux chasseurs F-22 escortaient toujours le jet de transport piloté par Ryan et Fox.

–       White Bear 3 à Learjet C-21. Vous allez prendre le cap 310 en direction d’Anchorage. Nous avons ordre de vous abattre si vous ne respectez pas les consignes. Allumez votre transpondeur et affichez 1933, Learjet C-21, déclara le pilote du F-22.

–       Learjet C-21 à White Bear 3. Bien compris. Nous prenons le cap 310 en direction d’Anchorage, transpondeur sur 1933, annonça Ryan sans discuter.

Fox alluma le transpondeur qui avait été volontairement laissé éteint depuis le départ de la base militaire en Alaska. Le petit appareil permettait de recevoir le signal du radar. Il émettait en retour un signal sur la même gamme d’onde qui permettait un suivi très précis de la position l’appareil sur les écrans du contrôle aérien.  De grosses gouttes de sueur roulèrent sur le front carré du copilote aux cheveux courts. Il entra le numéro donné par le pilote du chasseur. 1933. Il regarda Ryan dans les yeux d’un air inquiet. L’avion vira à gauche. L’horizon artificiel indiquait 15 degrés d’inclinaison. Au bout de l’aile peinte en blanc on distinguait désormais nettement la côte pacifique éclairée par le soleil levant. Le jet se dirigeait de nouveau plein gaz vers Anchorage.

Fox composa le numéro de téléphone portable de Bones. L’appel ne passait pas, l’appareil n’arrivait pas à capter le satellite de télécommunication.

–       Ca ne fonctionne pas dans l’avion !  Affirma Fox.

–       Comment veux tu que l’antenne capte correctement le signal satellite dans l’avion ? Branche le téléphone sur l’antenne extérieure de l’avion, et prends les commandes, demanda Ryan.

Le portable de Bones sonna dans son bureau de la Fondation pour l’évaluation des Ressources et le Conseil Stratégique. Le Think Tank était situé dans la capitale fédérale américaine, à Washington D.C., à quelques pas de la Maison Blanche. Le quartier général de la fondation était composé de deux bâtiments. Une ancienne maison en briques blanches à toit de zinc et d’ardoise était accolée à un bâtiment plus moderne à la façade de verre et de marbre. Le bureau de Bones, au dernier étage de la partie moderne avait vue sur une grande maison arborée en briques rouges qui contrastait avec les immeubles en acier, béton et verre au milieu de la grande avenue rectiligne. Trois sonneries retentirent. La liaison satellite était établie entre le Learjet C-21 au large de l’Alaska et l’Etat de Washington.

–       Bonjour, annonça la voix posée de Bones au téléphone.

–       C’est Ryan. Nous avons un gros problème, annonça le pilote d’un ton de voix qui trahissait son stress lié aux deux chasseurs F-22 qu’il apercevait dans la petite fenêtre du cockpit.

–       Que se passe t-il ? Questionna Bones qui était assis sur son vieux fauteuil en cuir son bureau en bois verni. Celui-ci était jonché de nombreuses piles de documents enveloppés dans de gros dossiers.

–       Ca serait trop long à expliquer, mais en résumé, nous venons de voler un Learjet sur la base d’Elmendorff en Alaska, et nous avons un F-22 de chaque côté de l’appareil.

–       Mais vous avez perdu la tête ! Déclara Bones, qui perdait son sang-froid habituel.

–       Nous avons prétexté une transplantation cardiaque urgente, à destination de Denver, compléta t-il.

–       Vous avez pris de la drogue ou quoi ? Questionna Bones.

–       On est sorti par l’ascenseur en Alaska, ajouta Ryan.

–       Et vous transportez toujours le malade, à l’arrière ? Avez-vous essayé d’en savoir plus ? Questionna t-il.

–       Oui. Nous avons tenté de l’interroger mais il était moitié zombie, comme drogué. Annonça Ryan.

–       Vous vous êtes fourré dans de beaux draps ! Je vais voir ce que je peux faire, mais je ne vous promet rien. Vous faites n’importe quoi ! annonça l’homme qui ne s’énervait presque jamais du haut de son bureau de Washington.

***

Brewster

Brewster

 

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24. Raptor

Mercredi 17 Octobre 2012
Base de l’Air Force d’Eierson,  Alaska.
6 Heures du matin.

–       Allez. Démarrons les moteurs. On se tire de ce trou à rats. Déclara Ryan.

–       Oui. Et vite, déclara Fox qui allumait les moteurs du Learjet C-21 de l’US Air Force.

Les petits réacteurs du C21-A soufflèrent leurs jets de vent brûlant sur le béton. MILSATCOM clignotait sur le tableau de bord. C’était le signal d’un appel radio satellite cryptée du contrôle sol. Ryan hésita un instant puis répondit.

–       Learjet C21 ici le contrôle sol. Vous n’êtes pas censé rouler. Un C-17 arrive en finale. Restez au point d’arrêt X01.

–       Je sais bien, je sais bien, mais nous transportons un malade. Nous devons repartir de toute urgence en direction de Denver ! Annonça Ryan à la radio.

–       Ce n’est pas du tout dans la procédure, C21.  Le C-17 de transport est en phase finale ! Vous allez lui couper la route si vous continuer à rouler sur ce taxiway ! Annonça le contrôle sol, un peu surpris du non respect des procédures sur un aéroport militaire !

–       Bien compris contrôle sol. Annonça Ryan en poussant la manette des gaz. Le GlobeMaster passera à côté, pensa t-il. L’énorme C-17 de transport rasa le frêle Learjet Militaire.

–       Mais vous faites n’importe quoi ! C21 ! S’énerva la petite voix numérisée.

–       Désolé ! Notre malade va de plus en plus mal ! On doit décoller de toute urgence en direction de Denver ! Je vous ai envoyé le plan de vol. Déclara Ryan qui venait de lui télécharger son plan de vol.

–       Ce n’est pas la procédure, C21, Il faut que je prévienne le commandement, annonça la voix.

–       Euh. Oui, bien sûr, prévenez le commandement,  ils sont au courant. Déclara le pilote, qui tentait de gagner du temps.

Les ennuis commencent ! Ryan composa la fréquence de la tour de contrôle sur le petit clavier numérique de l’appareil.

–       C21 à tour de contrôle. Nous avons un transport très urgent d’un malade en direction de Denver ! Annonça Ryan.

–       C21 ? Vous n’êtes pas prévu sur mes plans de vol,  annonça l’homme de la tour de contrôle.

–       Nous avons une urgence médicale ! Le nouveau système numérique ne doit pas fonctionner chez vous !  Je viens d’envoyer le fichier du plan de vol au contrôle régional. Ils nous ont confirmé que c’était bon ! Menti Ryan.

–       Ah, le nouveau système numérique. Oui, un instant, je regarde. Je ne suis pas encore habitué, annonça la tour de contrôle.

–       Alors ? Vous l’avez reçu ? Nous avons une opération chirurgicale urgente ! Déclara le pilote d’un air impatient à la tour.

Le jet était désormais en bout de piste. Prêt à décoller. L’autorisation de la tour ne venant toujours pas, Ryan lâcha les freins puis il mis plein gaz sans autorisation préalable. Les réacteurs de l’avion vrombirent puis le petit jet s’éleva dans les airs. Le soleil se levait sur l’horizon, l’ombre de l’avion se refléta bientôt sur l’Océan Pacifique. Les moutons blancs à la surface de l’eau paraitraient bientôt minuscules : Ryan avait programmé une altitude de 30000 pieds dans le pilote automatique. La situation n’était pas vraiment idyllique. La radio s’excita rapidement :

–       Tour de contrôle à C21 vous n’aviez pas l’autorisation de décoller ! grésilla la voix énervée dans les petits haut-parleurs du gros casque métallique.

–       Nous avons pourtant reçu l’autorisation du contrôle régional. Votre système informatique doit certainement avoir un problème. Nous venons d’envoyer le plan de vol par le nouveau système informatique ! Déclara Ryan, d’un ton assuré.

Une vieille bande de truands ces ambulanciers ! Et Crezy c’est encore pire ! Songea le pilote. L’appareil avait volé une heure environ au dessus de l’Océan Pacifique. Il atteignait une altitude d’environ 20000 pieds, quand soudain :

-Ryan. Nous avons de la visite. Regarde sous ton aile gauche.

Ryan tourna la tête. Il aperçut un drôle de grand oiseau gris. L’oiseau en question portait un gros ours blanc peint sur ses dérives. Le jet de chasse balança ses ailes une première fois. Le pilote casqué fit un léger signe de la main au pilote. Le F-22 de la base d’Elmendorf en Alaska venait rendre une petite visite au Learjet volé de l’Air Force. Le pilote, qui connaissait les procédures, préféra allumer la radio.

–       Learjet C21. Ici White Bear 3, le F-22, juste à votre gauche. Nous n’avons pas de contact radio avec vous depuis Anchorage. Votre transpondeur semble éteint ou est en panne. Quelle est votre situation ?

–       Learjet C21 à White Bear 3. Nous sommes en vol pour…une transplantation cardiaque. Une chirurgie cardiaque. Voilà. Nous allons à l’hôpital de Denver. Le fichier du plan de vol a été envoyé par liaison satellite au contrôle régional ! Déclara Ryan qui tentait de maintenir un semblant de sérénité malgré l’arrivé d’un deuxième  chasseur F-22 armé de missiles à droite de l’appareil.

–       Ici White Bear 3. Nous allons vérifier Learjet C21. Gardez le même cap et la même altitude. Restez à Mach 0.70. Nous restons à côté de vous, annonça le pilote du chasseur d’un ton solennel.

Ryan et Fox coupèrent un instant la liaison radio avec les deux chasseurs F-22.

–       Ca y est ! Ils n’ont pas tardé à nous envoyer la chasse. Je te l’avais dit !

–       J’espère qu’ils n’ont pas encore trouvé l’ambulance et les trois hommes en blanc ficelés comme des saucissons sinon nous sommes dans la mouise !

–       Et la transplantation cardiaque ? Tu as trouvé ça tout seul ? Tu trouves ça crédible ? Questionna le copilote.

–       C’est urgent une transplantation, non ?! Il fallait bien que je trouve quelque chose ! C’est aussi crédible que nos ambulanciers truands qui nous gazent, nous foutent des implants radio et nous font transporter des malades fictifs pour des opérations spéciales de chirurgie qui n’en sont pas ! Annonça Ryan.

–       Effectivement, vu comme ça… !

–       je n’ai pas envie de me faire shooter en plein vol par un missile, déclara Ryan.

–       J’ai peut-être une solution, déclara Fox.

Le copilote avait récupéré dans sa poche le petit téléphone satellite de l’ambulancier. Il venait de l’allumer. Il regarda la liste des contacts du répertoire. Crezy apparaissait en haut de la liste.

***

F-22 Raptor

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