Mardi 16 Octobre 2012
Nantes, France.
1h30 du matin.
Le Learjet 35 blanc à la lignée rouge était stationné comme à son habitude au bout du tarmac, bien loin du terminal principal de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Fox et Ryan, un peu fatigués par le vol mouvementé au départ de New-York, attendaient l’ambulance et son précieux malade. L’homme en blanc de la compagnie attendait à l’arrière du jet. La porte du cockpit était fermée. Le plan de vol était prêt. Un Nantes-Paris, parfaitement classique. Il ne restait plus qu’à décoller.
– Nous devons nous organiser. Si on nous efface la mémoire après le vol, on nous drogue forcément à un moment ou à un autre, déclara Ryan.
– A mon avis, cela passe forcément par les boissons ou la nourriture, annonça Fox.
– Retenons nous de boire et de manger pendant le vol. Nous verrons bien ce qu’il se passera. Annonça intelligemment Ryan.
– Et méfions-nous de l’ambulancier à l’arrière ! Ajouta Fox.
La petite ambulance blanche aux vitres fumées noires s’approcha de l’avion à l’heure convenue.
– Tiens regarde, on dirait que le modèle d’ambulance a changé, remarqua Fox qui attendait dans le cockpit avec Ryan.
– Ah tu as raison ! Nous sommes passé du Mercedes Vito au Renault Trafic. Formidable. Je trouve que les noms de ces petits camions qui servent à transporter nos malades sont vraiment bien trouvés. Déclara Fox qui regardait l’ambulance s’approcher.
– Tu as trop d’imagination, répondit Ryan d’un air complice.
Le malade fut chargé dans l’avion. Les tuyères des réacteurs crachèrent leurs jets d’air chaud. Le petit avion quitta la piste rapidement, comme un oiseau et survola le château des ducs de Bretagne. L’ambulancier frappa à la porte.
– Bonjour, mes amis déclara t’il.
– Bonjour, notre malade va bien ? Répondit Ryan d’un ton qu’il espérait normal.
– Alors, quel est le motif de l’opération du jour ? Questionna Fox, avec une pointe d’ironie. Il se doutait désormais parfaitement de la supercherie.
– Chirurgie ! Répondit l’ambulancier sans sourciller.
– Ah ? Et quelle chirurgie, questionna Ryan, bien trop curieux.
– Je ne sais pas, c’est une opération spéciale, mais le motif précis n’est pas noté sur la feuille, mentait le petit homme en blanc qui se tenait à l’arrière.
– Dommage ! Nous aimerions bien savoir qui nous transportons et pour quelle raison ?
– Secret médical. Je ne peux pas vous répondre, annonça l’ambulancier d’un air machiavélique.
Fox referma la porte de la cabine à double tour.
– Alors ? Qu’en penses-tu, chuchota Fox.
– Cette chirurgie ? Une opération spéciale ? Je pense qu’il se moque de nous, oui ! Restons sur nos gardes. Ordonna Ryan.
La visée tête haute afficha son plan de vol en couleur, en trois dimensions comme la première fois. La pointe nord-est du Pentagone, la cité radieuse de Rezé, la cité Radieuse de Briey en Forêt, le siège de l’OTAN et l’institut de la statistique de Moscou se reliaient en un unique point au milieu de la mer de Norvège. Ryan et Fox ne s’en rappelaient pas vraiment. Juste quelques souvenirs fragmentaires. Comme des flashbacks.
– Effectivement… on file tout droit vers la mer de Norvège… C’est étonnant. Tu sais, c’est comme si j’avais déjà effectué ce trajet avant. Déclara le pilote qui souffrait d’une petite amnésie qui n’était pas vraiment liée au hasard…
– Moi aussi. J’ai un vague souvenir. Le changement de plan de vol. Puis, un hangar et une ambulance. Annonça Fox.
Le pilote automatique de l’avion amena encore une fois nos deux pilotes vers la mer de Norvège. Arrivé à soixante-dix-mille pieds le jet commença sa descente sur la plateforme située au beau milieu du ciel, ou plutôt… des étoiles !
– Ryan. Je suis sûr d’avoir déjà vu ça. Annonça Fox.
– Moi aussi ! Annonça l’intéressé.
– Le hangar, la neige, l’ambulance ! Déclara Fox.
– Juste après la piste posée au milieu de nulle part ! Mais bien sûr ! Ca me revient maintenant ! Annonça Ryan qui avait presque retrouvé sa mémoire perdue.
Le Learjet ralentit une nouvelle fois automatiquement. Il se posa sur la grande piste située sur la plateforme suspendue au niveau des étoiles.
***
Mercredi 17 Octobre 2012
Sur la piste de la plate forme suspendue dans le ciel, Mer de Norvège.
4 Heures du matin.
L’avion roula automatiquement sur la piste jusqu’à l’intérieur du hangar. Il fut de nouveau calé sur l’ascenseur, qui était en tout point semblable à celui que l’on trouve sur les porte-avions. L’ascenseur s’éleva. L’avion se trouvait de nouveau dans un immense hangar à voûte de béton illuminé par de nombreux projecteurs. La porte coulissa et laissa apparaître de nombreux flocons de neige. Une ambulance se dirigea vers l’appareil. «Alaska Health Service » lu de nouveau Ryan sur le gros GMC aux roues doublées à l’arrière. Le pilote coupa les deux réacteurs placés à l’arrière sur le côté du jet.
– Tu as remarqué, fit Ryan ?
– Non ? Demanda Fox.
– La ventilation. J’ai l’étrange impression que son bruit n’est pas habituel. Je viens pourtant de couper les deux moteurs et elle semble nous apporter de l’air. Ce n’est pas normal, l’alimentation électrique est coupée. Annonça le pilote.
– Effectivement, les ouïes de ventilation nous apportent encore de l’air frais, annonça Fox, dont les paupières devenaient soudain très lourdes…
– Vite ! Hurla Ryan qui détacha sa ceinture et se rua sur la porte du cockpit comme un diable qui sort de sa boite.
Le pilote ouvrit la porte brusquement. L’ambulancier, à l’arrière venait de brancher une bouteille de gaz anesthésiant sur le circuit de ventilation de l’appareil ! L’ambulancier portait un gros masque à visière en plexiglas. Un gros filtre rond métallique était vissé juste en dessous. Ryan arracha le masque à gaz et tourna rapidement le robinet de la petite bouteille en métal. Il souleva vigoureusement le fût métallique de la bouteille bleue et, de ses bras musclé, le pilote assomma vigoureusement l’ambulancier d’un coup sec. Fox, qui était assis juste à côté de l’ouïe de ventilation principale avait inhalé le gaz en premier. Il ne répondait plus.
– Mec, réveille toi ! S’exclama Ryan qui tapotait la joue de Fox.
Son copilote ne se réveilla pas. Notre pilote prit alors une bouteille d’eau fraîche dans la glacière située à l’arrière de l’appareil. Il jeta le liquide glacé en plein visage de Fox.
– Quel jour est-on ? Où suis-je ? Annonça Fox, qui semblait se réveiller après un sommeil éternel.
– Mais tu te fous de moi ou quoi ? Nous venons d’arriver ?! Déclara Ryan.
– Non ? Je ne me rappelle plus. L’avion ? On est où ? Je ne me rappelle plus ! Je te jure ! Annonça Fox.
– On vient d’arriver en Alaska par un ascenseur à porte-avion situé sur une plate forme située 70000 pieds, selon les instruments de bord de l’appareil. L’ambulancier, à l’arrière de l’appareil nous a envoyé du gaz anesthésiant par la ventilation de l’appareil. Il portait un masque à gaz pour se protéger. Il a tenté de nous endormir avec le café, mais comme nous n’en avons pas bu, il a voulu nous droguer avec du gaz anesthésiant.
– Je me souviens uniquement du début du vol. Annonça Fox.
– Et la plateforme ? et la descente de l’appareil sur la piste juste sous les étoiles ? Demanda Ryan.
– Non, je ne me souviens de rien. Annonça Fox, qui souffrait déjà de l’amnésie provoquée par le gaz.
Ils nous gazent à chaque arrivée de vol ou bien ils droguent nos boissons. Pensa Ryan.
– Regarde donc les petits sachets de poudre blanche à côté du thermos de café ! Annonça Ryan en montrant le thermos.
– C’est de la cocaïne, je le savais ! Rigola Fox qui retrouvait progressivement ses esprits.
– Je ne pense pas… tu veux goûter ? Annonça Ryan.
– Non merci ! Pas de cette saloperie pour moi. C’est donc ça qu’il utilisait pour nous endormir… Déclara Fox.
Dans le grand hangar en forme de dôme, une cinquantaine de Learjet C-21A aux couleurs de l’US Air Force en version de transport médical étaient parfaitement alignés. L’un d’eux était en travaux de peinture. Un gros logo H24 Médical recouvrait presque entièrement l’ancien logo de l’US Air Force. Des immatriculations européennes avaient été peintes sur les ailes. L’avion était presque prêt pour redescendre par l’ascenseur. La porte du grand hangar coulissa. Une ambulance se rapprochait de leur appareil par la grande porte. Dehors, une magnifique aurore boréale éclairait la nuit polaire et se reflétait sur la neige. Un homme en combinaison bleue avec des manches jaunes fluo d’Alaska Health Service- Service de Santé d’Alaska- s’approchait rapidement de la porte de l’appareil. Ryan le laissa monter à bord. Fox, qui était désormais bien réveillé, se tenait caché juste derrière l’escalier du petit appareil. Muni de l’extincteur de bord, il assomma le visiteur inconnu d’un coup sec.
– Et de deux ! Déclara Ryan.
– Jamais deux sans trois ! Annonça Fox qui venait de voir un dernier petit homme sortir de l’arrière de la grande ambulance d’Alaska Health Service.
Fox assomma le troisième homme avec l’extincteur.
– Nous devons changer d’avion rapidement. Nous sommes en Alaska. Notre jet doit porte les bonnes immatriculations, ça nous simplifiera le vol, annonça Ryan.
– C’est sûr qu’un avion Européen pour voler en Alaska… Je pense que ça ne passerait pas totalement inaperçu. Et ça nous évitera de refaire le plein, confirma Fox.
– On devrait peut-être récupérer des tenues d’ambulancier pour effectuer le transfert dans l’autre avion ? J’ai vu un garde à l’entrée du hangar. Nous serions plus discret en Alaska Health Service ! Suggéra
Ryan.
Le pilote enfila une des tenues d’ambulancier d’Alaska Health Service. Vu sa taille, elle était presque trop petite pour lui. Dans la poche de sa veste, Ryan trouva un dossier médical. Il ouvrit le petit classeur bleu et put lire :
Nantes – Matrice numéro une > Porte des étoiles numéro un > Beale Air Force Base. Opération Firebird > Porte des étoiles numéro deux > Matrice numéro deux.
– Fox, tu as vu ça ? Le dossier médical indique la suite du programme de notre malade.
– Eh bien ! Je crois que nous devons nous tirer d’ici au plus vite avant que des militaires ne rappliquent !
– C’est clair. Change toi ! Transférons notre malade ! S’exclama Ryan.
Fox trouva un téléphone satellite dans la poche de l’homme de H24 et s’habilla en ambulancier. Le malade dormait toujours à l’arrière de l’appareil. Il était sous monitoring. Le grand écran LCD de la machine clignotait et faisait du bruit. Les voyants étaient verts. Fox et Ryan, déguisés en ambulancier venaient d’ouvrir les portes du GMC d’Alaska Health Service. La grande ambulance contenait plusieurs brancards. Ils en récupèrent un puis transférèrent tant bien que mal le malade de l’avion de H24 jusqu’au Learjet C-21 aux couleurs de l’Air Force. L’écran posé à côté du brancard semblait normal. Les voyants clignotaient en vert.
– Alors, toi aussi tu es un escroc de H24 maintenant ? Blagua Fox en regardant Ryan en tenue d’ambulancier.
– Non. Alaska H24 Médical s’il te plait. C’est tout à fait différent ! Nous avons changé de maison des escrocs ! Annonça Ryan.
– Merde. Regarde qui arrive, s’exclama Fox qui venait de voir un hummer de l’armée s’arrêter à l’entrée du hangar.
Deux militaires armés de fusils d’assaut M-16 descendaient du gros 4X4. Vêtu d’un gros blouson vert kaki, ils s’approchèrent de l’ambulance au pas de course. Le plus gradé des deux s’adressa directement à Ryan.
– Alors, vous en avez encore pour longtemps ? Je dois fermer le hangar ! Annonça le militaire en treillis.
– Non, non. On se dépêche ! Annonça le pilote qui espérait que le militaire ne lui poserait pas de questions compromettantes.
– Faites-vite et dégagez moi rapidement votre ambulance d’ici ! J’ai pour ordre ne jamais laisser ce hangar ouvert plus de dix minutes ! Priorité nationale ! Annonça le soldat en faction.
– Nous allons dégager notre ambulance au plus vite ! Annonça Ryan.
Chef, oui chef, priorité nationale. N’importe quoi ! Songea Fox, qui se rappelait des corvées stupides et des heures d’ennui en faction sur une base aérienne pendant sa formation de pilote.
***