23. Un gaz invisible et inodore

Mardi 16 Octobre 2012
Nantes, France.
1h30 du matin.

Le Learjet 35 blanc à la lignée rouge était stationné comme à son habitude au bout du tarmac, bien loin du terminal principal de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Fox et Ryan, un peu fatigués par le vol mouvementé au départ de New-York, attendaient l’ambulance et son précieux malade. L’homme en blanc de la compagnie attendait à l’arrière du jet. La porte du cockpit était fermée. Le plan de vol était prêt. Un Nantes-Paris, parfaitement classique. Il ne restait plus qu’à décoller.

–       Nous devons nous organiser. Si on nous efface la mémoire après le vol, on nous drogue forcément à un moment ou à un autre, déclara Ryan.

–       A mon avis, cela passe forcément par les boissons ou la nourriture, annonça Fox.

–       Retenons nous de boire et de manger pendant le vol. Nous verrons bien ce qu’il se passera. Annonça intelligemment Ryan.

–       Et méfions-nous de l’ambulancier à l’arrière ! Ajouta Fox.

La petite ambulance blanche aux vitres fumées noires s’approcha de l’avion à l’heure convenue.

–       Tiens regarde, on dirait que le modèle d’ambulance a changé, remarqua Fox qui attendait dans le cockpit avec Ryan.

–       Ah tu as raison ! Nous sommes passé du Mercedes Vito au Renault Trafic. Formidable. Je trouve que les noms de ces petits camions qui servent à transporter nos malades sont vraiment bien trouvés. Déclara Fox qui regardait l’ambulance s’approcher.

–       Tu as trop d’imagination, répondit Ryan d’un air complice.

Le malade fut chargé dans l’avion. Les tuyères des réacteurs crachèrent leurs jets d’air chaud. Le petit avion quitta la piste rapidement, comme un oiseau et survola le château des ducs de Bretagne. L’ambulancier frappa à la porte.

–       Bonjour, mes amis déclara t’il.

–       Bonjour, notre malade va bien ? Répondit Ryan d’un ton qu’il espérait normal.

–       Alors, quel est le motif de l’opération du jour ? Questionna Fox, avec une pointe d’ironie. Il se doutait désormais parfaitement de la supercherie.

–       Chirurgie ! Répondit l’ambulancier sans sourciller.

–       Ah ? Et quelle chirurgie, questionna Ryan, bien trop curieux.

–       Je ne sais pas, c’est une opération spéciale, mais le motif précis n’est pas noté sur la feuille, mentait le petit homme en blanc qui se tenait à l’arrière.

–       Dommage ! Nous aimerions bien savoir qui nous transportons et pour quelle raison ?

–       Secret médical. Je ne peux pas vous répondre, annonça l’ambulancier d’un air machiavélique.

Fox referma la porte de la cabine à double tour.

–       Alors ? Qu’en penses-tu, chuchota Fox.

–       Cette chirurgie ? Une opération spéciale ? Je pense qu’il se moque de nous, oui ! Restons sur nos gardes. Ordonna Ryan.

La visée tête haute afficha son plan de vol en couleur, en trois dimensions comme la première fois. La pointe nord-est du Pentagone, la cité radieuse de Rezé, la cité Radieuse de Briey en Forêt, le siège de l’OTAN et l’institut de la statistique de Moscou se reliaient en un unique point au milieu de la mer de Norvège. Ryan et Fox ne s’en rappelaient pas vraiment. Juste quelques souvenirs fragmentaires. Comme des flashbacks.

–       Effectivement… on file tout droit vers la mer de Norvège… C’est étonnant. Tu sais, c’est comme si j’avais déjà effectué ce trajet avant. Déclara le pilote qui souffrait  d’une petite amnésie qui n’était pas vraiment liée au hasard…

–       Moi aussi. J’ai un vague souvenir. Le changement de plan de vol. Puis, un hangar et une ambulance. Annonça Fox.

Le pilote automatique de l’avion amena encore une fois nos deux pilotes vers la mer de Norvège. Arrivé à soixante-dix-mille pieds le jet commença sa descente sur la plateforme située au beau milieu du ciel, ou plutôt… des étoiles !

–       Ryan. Je suis sûr d’avoir déjà vu ça. Annonça Fox.

–       Moi aussi ! Annonça l’intéressé.

–       Le hangar, la neige, l’ambulance ! Déclara Fox.

–       Juste après la piste posée au milieu de nulle part ! Mais bien sûr ! Ca me revient maintenant ! Annonça Ryan qui avait presque retrouvé sa mémoire perdue.

Le Learjet ralentit une nouvelle fois automatiquement. Il se posa sur la grande piste située sur la plateforme suspendue au niveau des étoiles.

***

Mercredi 17 Octobre 2012
Sur la piste de la plate forme suspendue dans le ciel, Mer de Norvège.
4 Heures du matin.

L’avion roula automatiquement sur la piste jusqu’à l’intérieur du hangar. Il fut de nouveau calé sur l’ascenseur, qui était en tout point semblable à celui que l’on trouve sur les porte-avions. L’ascenseur s’éleva. L’avion se trouvait de nouveau dans un immense hangar à voûte de béton illuminé par de nombreux projecteurs. La porte coulissa et laissa apparaître de nombreux flocons de neige. Une ambulance se dirigea vers l’appareil.  «Alaska Health Service » lu de nouveau Ryan sur le gros GMC aux roues doublées à l’arrière. Le pilote coupa les deux réacteurs placés à l’arrière sur le côté du jet.

–       Tu as remarqué, fit Ryan ?

–       Non ? Demanda Fox.

–       La ventilation. J’ai l’étrange impression que son bruit n’est pas habituel. Je viens pourtant de couper les deux moteurs et elle semble nous apporter de l’air. Ce n’est pas normal, l’alimentation électrique est coupée. Annonça le pilote.

–       Effectivement, les ouïes de ventilation nous apportent encore de l’air frais, annonça Fox, dont les paupières devenaient soudain très lourdes…

–       Vite ! Hurla Ryan qui détacha sa ceinture et se rua sur la porte du cockpit comme un diable qui sort de sa boite.

Le pilote ouvrit la porte brusquement. L’ambulancier, à l’arrière venait de brancher une bouteille de gaz anesthésiant sur le circuit de ventilation de l’appareil ! L’ambulancier portait un gros masque à visière en plexiglas. Un gros filtre rond métallique était vissé juste en dessous. Ryan arracha le masque à gaz et tourna rapidement le robinet de la petite bouteille en métal. Il souleva vigoureusement le fût métallique de la bouteille bleue et,  de ses bras musclé, le pilote assomma vigoureusement l’ambulancier d’un coup sec. Fox, qui était assis juste à côté de l’ouïe de ventilation principale avait inhalé le gaz en premier. Il ne répondait plus.

–       Mec, réveille toi !  S’exclama Ryan qui tapotait la joue de Fox.

Son copilote ne se réveilla pas. Notre pilote prit alors une bouteille d’eau fraîche dans la glacière située à l’arrière de l’appareil. Il jeta le liquide glacé en plein visage de Fox.

–       Quel jour est-on ? Où suis-je ? Annonça Fox, qui semblait se réveiller après un sommeil éternel.

–       Mais tu te fous de moi ou quoi ? Nous venons d’arriver ?! Déclara Ryan.

–       Non ? Je ne me rappelle plus. L’avion ? On est où ? Je ne me rappelle plus ! Je te jure ! Annonça Fox.

–       On vient d’arriver en Alaska par un ascenseur à porte-avion situé sur une plate forme située 70000 pieds, selon les instruments de bord de l’appareil. L’ambulancier, à l’arrière de l’appareil nous a envoyé du gaz anesthésiant par la ventilation de l’appareil. Il portait un masque à gaz pour se protéger. Il a tenté de nous endormir avec le café, mais comme nous n’en avons pas bu, il a voulu nous droguer avec du gaz anesthésiant.

–       Je me souviens uniquement du début du vol. Annonça Fox.

–       Et la plateforme ? et la descente de l’appareil sur la piste juste sous les étoiles ? Demanda Ryan.

–       Non, je ne me souviens de rien. Annonça Fox, qui souffrait déjà de l’amnésie provoquée par le gaz.

Ils nous gazent à chaque arrivée de vol ou bien ils droguent nos boissons. Pensa Ryan.

–       Regarde donc les petits sachets de poudre blanche à côté du thermos de café ! Annonça Ryan en montrant le thermos.

–       C’est de la cocaïne, je le savais ! Rigola Fox qui retrouvait progressivement ses esprits.

–       Je ne pense pas… tu veux goûter ? Annonça Ryan.

–       Non merci ! Pas de cette saloperie pour moi. C’est donc ça qu’il utilisait pour nous endormir… Déclara Fox.

Dans le grand hangar en forme de dôme, une cinquantaine de Learjet C-21A aux couleurs de l’US Air Force en version de transport médical étaient parfaitement alignés. L’un d’eux était en travaux de peinture. Un gros logo H24 Médical recouvrait presque entièrement l’ancien logo de l’US Air Force. Des immatriculations européennes avaient été peintes sur les ailes. L’avion était presque prêt pour redescendre par l’ascenseur. La porte du grand  hangar coulissa. Une ambulance se rapprochait de leur appareil par la grande porte. Dehors, une magnifique aurore boréale éclairait la nuit polaire et se reflétait sur la neige.  Un homme en combinaison bleue avec des manches jaunes fluo d’Alaska Health Service- Service de Santé d’Alaska- s’approchait rapidement de la porte de l’appareil. Ryan le laissa monter à bord. Fox, qui était désormais bien réveillé, se tenait caché juste derrière l’escalier du petit appareil.  Muni de l’extincteur de bord, il assomma le visiteur inconnu d’un coup sec.

–       Et de deux ! Déclara Ryan.

–       Jamais deux sans trois ! Annonça Fox qui venait de voir un dernier petit homme sortir de l’arrière de la grande ambulance d’Alaska Health Service.

Fox assomma le troisième homme avec l’extincteur.

–       Nous devons changer d’avion rapidement. Nous sommes en Alaska. Notre jet doit porte les bonnes immatriculations, ça nous simplifiera le vol, annonça Ryan.

–       C’est sûr qu’un avion Européen pour voler en Alaska… Je pense que ça ne passerait pas totalement inaperçu. Et ça nous évitera de refaire le plein, confirma Fox.

–       On devrait peut-être récupérer des tenues d’ambulancier pour effectuer le transfert dans l’autre avion ? J’ai vu un garde à l’entrée du hangar. Nous serions plus discret en Alaska Health Service ! Suggéra

Ryan.

Le pilote enfila une des tenues d’ambulancier d’Alaska Health Service. Vu sa taille, elle était presque trop petite pour lui. Dans la poche de sa veste, Ryan trouva un dossier médical. Il ouvrit le petit classeur bleu et put lire :
Nantes – Matrice numéro une > Porte des étoiles numéro un > Beale Air Force Base. Opération Firebird > Porte des étoiles numéro deux > Matrice numéro deux.

–       Fox, tu as vu ça ? Le dossier médical indique la suite du programme de notre malade.

–       Eh bien ! Je crois que nous devons nous tirer d’ici au plus vite avant que des militaires ne rappliquent !

–       C’est clair. Change toi ! Transférons notre malade ! S’exclama Ryan.

Fox trouva un téléphone satellite dans la poche de l’homme de H24 et s’habilla en ambulancier. Le malade dormait toujours à l’arrière de l’appareil. Il était sous monitoring. Le grand écran LCD de la machine clignotait et faisait du bruit. Les voyants étaient verts. Fox et Ryan, déguisés en ambulancier venaient d’ouvrir les portes du GMC d’Alaska Health Service. La grande ambulance contenait plusieurs brancards. Ils en récupèrent un puis transférèrent tant bien que mal le malade de l’avion de H24 jusqu’au Learjet C-21 aux couleurs de l’Air Force. L’écran posé à côté du brancard semblait normal. Les voyants clignotaient en vert.

–       Alors, toi aussi tu es un escroc de H24 maintenant ? Blagua Fox en regardant Ryan en tenue d’ambulancier.

–       Non. Alaska H24 Médical s’il te plait. C’est tout à fait différent ! Nous avons changé de maison des escrocs ! Annonça Ryan.

–       Merde. Regarde qui arrive, s’exclama Fox qui venait de voir un hummer de l’armée s’arrêter à l’entrée du hangar.

Deux militaires armés de fusils d’assaut M-16 descendaient du gros 4X4. Vêtu d’un gros blouson vert kaki, ils s’approchèrent de l’ambulance au pas de course. Le plus gradé des deux s’adressa directement à Ryan.

–       Alors, vous en avez encore pour longtemps ? Je dois fermer le hangar ! Annonça le militaire en treillis.

–       Non, non. On se dépêche ! Annonça le pilote qui espérait que le militaire ne lui poserait pas de questions compromettantes.

–       Faites-vite et dégagez moi rapidement votre ambulance d’ici ! J’ai pour ordre ne jamais laisser ce hangar ouvert plus de dix minutes ! Priorité nationale ! Annonça le soldat en faction.

–       Nous allons dégager notre ambulance au plus vite ! Annonça Ryan.

Chef, oui chef, priorité nationale. N’importe quoi ! Songea Fox, qui se rappelait des corvées stupides et des heures d’ennui  en faction sur une base aérienne pendant sa formation de pilote.

***

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22. Tempête

New-York, USA.
Dimanche 14 Octobre 2012.
6:15 PM.

Le travail les attendait. Fox et Ryan devaient être opérationnels sur leur Learjet 35, en Europe, pour un nouveau transport médical le lundi soir. Le secrétariat de H24 Médical avait réservé un vol sur la compagnie Delta Airlines. Le vol partait à 11H14 AM de Denver pour rejoindre New-York à 5h00 PM. Ils seraient à Paris le Lundi matin à 7H30.

Ryan et Fox étaient installés à l’intérieur de la carlingue. La pluie crépitait sur les ailes du Boeing 777-300. Les gros nuages noirs les avaient suivis pendant le vol de Denver à New-York.

–       J’ai regardé la météo sur mon téléphone, ils n’annoncent rien de bon pour la traversée de l’atlantique.

–       Oui, ça ne me plait pas trop de ne pas être dans le cockpit avec une météo aussi mauvaise. J’espère que les pilotes sont en forme ! Annonça Fox.

Le gros porteur décolla. De gros éclairs zébraient le ciel. Ryan eut juste le temps d’apercevoir la flamme de la statue de la liberté qui éclairait l’entrée de la baie de New-York et les lumières qui éclairaient la grosse pomme sous une pluie battante. Les hublots à triple épaisseur crépitaient sous les assauts des grosses gouttelettes d’eau. L’avion s’engouffra à l’intérieur des immenses masses noires. La nuit ne serait pas de tout repos. Après un repas mouvementé, Fox et Ryan s’apprêtaient à essayer de dormir. Un dong sonore retentit alors dans la cabine.

–       Mesdames et messieurs ici votre commandant de bord. En raison de mauvaises conditions météorologiques et pour notre sécurité nous allons éteindre les lumières intérieures et couper les systèmes de divertissement à l’intérieur de l’appareil.

–       Ah. Ah. Triple 7 ne répond plus ! On va s’écraser ! Rigola Fox.

–       Très drôle. C’est à cause de l’orage, idiot. Ils coupent le maximum d’électronique. Si la foudre nous tombe dessus, ça n’endommagera pas le matériel. Répondit Ryan.

–       Merci pour le cours. Je suis copilote ou quoi ? Répliqua Fox.

Soudain, un éclair bleu illumina toute la cabine de l’avion. Un chariot à plateau repas n’avait pas été calé. Il roula, puis, la pile de plateaux vola en direction du petit bar. Elle termina sa course sur le sol, juste à  l’arrière de Fox et de Ryan qui était placés juste derrière la séparation entre la classe économique et la classe affaire. A l’extrémité de l’avion, Ryan observa les petites ailettes effectuer leur impressionnant mouvement de haut en bas. L’avion grimpa lentement. A 37000 pieds, il avait atteint son altitude de croisière. On n’entendait plus que le ronronnement de la climatisation. Nos deux pilotes tombèrent paisiblement dans les bras de Morphée.

***

Mécanique ondulatoire

Mécanique ondulatoire

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21. Coccinelles sur autoroutes

Beaver Brook Canyon, Colorado, USA.
Samedi 13 Octobre 2012, 10:00 PM.

La nuit tombait sur le petit canyon. Ryan alluma les phares à longue portée sur le toit du 4×4 et démarra.  Ils roulèrent un moment sur de petits lacets puis arrivèrent le long du lac Shadow. Il faisait nuit noire. Le 4X4 était constellé de terre battue depuis son passage dans le Canyon de Beaver Creek. La grosse voiture se gara sur la pelouse fraichement tondue. De petits lampadaires éclairaient la pelouse parfaitement tondue et la grande terrasse en bois face au lac. Bones se tenait de dos, assis face à l’étendue d’eau. Il semblait tenir religieusement entre ses mains un ouvrage. Ryan arriva sur la terrasse presque essoufflé. Il annonça à Bones d’un seul trait :

–       Nous venons de cambrioler les locaux de H24 médical !

–       Fichtre. Mais quelle mouche vous a piqué ? S’exclama Bones, qui venait de faire tomber par terre le livre qu’il tenait entre les mains. Sur la tranche du livre qui était tombé sous la terrasse, au niveau du sous-sol, Ryan lu : « Hannah Arendt, le système totalitaire ». Il ne pouvait pas tomber plus bas. Pensa le pilote.

–       Oui. Ce que nous avons trouvé chez H24 est extrêmement intéressant ! déclara Fox qui tenait entre ses mains la précieuse enveloppe en papier kraft développée chez le vétéran.

–       Nous avons été opéré clandestinement. Nous avons vu le dossier médical. Annonça Ryan.

–       Ah. Vous savez, désormais. C’est bien ce que je craignais. Suivez-moi. Déclara Bones.

Fox et Ryan entrèrent dans le petit hangar qui n’était pas fermé. Ils allumèrent la vieille lampe à huile accrochée à une des poutres. Ils tirèrent le bout situé sur la trappe. La cave s’éclaira. Les pierres apparaissaient puis disparaissaient suivant la volonté de la petite flamme protégée par son tube en verre. Les baskets de Ryan foulèrent le sol en terre puis sa main tâtonna le long des vieux casiers à bouteille. Il vit l’étiquette du château Petrus 1947. Il actionna  le levier métallique. Le casier à bouteille et le mur basculèrent d’un bloc. Le souffle froid du tunnel lui donna à nouveau la chair de poule. Cette fois-ci, les petites ampoules à filament le long de l’escalier s’allumèrent au quart de tour. Les batteries sont rechargées depuis la dernière fois ! Pensa Ryan. Ils descendirent le long escalier froid et lugubre en béton et tournèrent le lourd volant en acier. La lourde porte blindée s’ouvrit avec moins de difficulté que la première fois.

***

–       Alors, qu’avez vous trouvé précisément chez H24 Médical ? Demanda Bones.

–       Nous avons trouvé un dossier médical, juste avant d’être surpris par le gardien, annonça Ryan.

–       Trois documents. Un plan d’autoroute, une lettre de Le Corbusier concernant Fort Knox et une carte du monde. Ajouta Fox en tendant à Bones la grande enveloppe en papier kraft.

–       Et nous avons eu le temps d’apercevoir le dossier médical du 21 septembre ! Ajouta Ryan.

–       Oui, il était indiqué : neurochirurgie, matrice de Butler et patch radio. Le motif de la chirurgie était l’épilepsie, déclara Fox.

–       Je m’en doutais. Annonça Bones, qui n’était pas vraiment surpris par la déclaration des deux pilotes de H24 Médical.

Bones s’assit à la table de la cuisine. Face à lui, Ryan pouvait observer les rations militaires périmées et les vieilles boîtes de conserve qui dataient du temps de la guerre froide. Il commença d’un ton solennel :

–       Voilà ce qui s’est probablement passé. Vous avez été endormi puis placé sous état d’hypnose. Ensuite, ils vous ont découpé le crâne sous anesthésie locale. Enfin, une matrice de Butler, une sorte de patch en silicone constitué de petites et fines électrodes a été implanté sous votre crâne. Ils prennent pour point de repère la fissure calcarine pour implanter leur saloperie. Ensuite un neurochirurgien a probablement vérifié vos fonctions cognitives, toujours sous hypnose. Enfin, ils ont refermé votre crane, et, pour finir, ils vous ont transporté ailleurs… ils ont attendu que ça cicatrise, et ils vous ont réveillé à l’endroit qui les arrangeaient, au moment ou ils le souhaitaient. Et ils vous ont fait croire à une forme de linéarité du temps. « Showtime ». Déclara Bones.

Fox regardait silencieusement le sol en béton de l’abri. Son regard parcouru le vieux circuit électrique qui courait le long du mur. Il s’arrêta sur le tableau électrique de l’abri surmonté d’un petit éclair jaune.

–       Mais, c’est impossible ? Annonça notre copilote de l’Air Force.

–       Totalement !  On s’en serait rendu compte ! S’indigna Ryan.

–       Non, répondit Bones, qui continua. La fréquence d’émission et de réception des implants est comprise entre 0.5 et 10 Gigahertz. Une gamme de fréquence spécifique a été spécialement créée par les autorités fédérales. L’ISM band. La dernière génération « intelligente » de radio permet aux implants de se connecter au meilleur réseau radio disponible tout en dépensant un minimum d’énergie. C’est un vieux plan de la guerre froide, destiné à gagner la troisième guerre mondiale avec des Cyborgs. Déclara Bones.

–       Des Cyborgs. Des Cyborgs… Répéta Ryan.

–       C’est impossible, déclara Fox.

***

Ils refermèrent la lourde porte blindée, remontèrent par l’escalier. Dans la cave, ils actionnèrent de nouveau le lourd levier. La cave à vin bascula. Ils quittèrent sans un bruit le hangar à bateau sous la lumière lunaire. La grosse clémentine éclairait le lac. Au loin, de gros nuages noirs s’étaient formés.  Le vent soufflait. Une tempête se prépare sûrement, songea Ryan.

***

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20. Le négatif inversé

Denver, Colorado, USA.
Samedi 13 Octobre 2012, 11:00 AM.

Ryan et Fox venaient de garer le gros 4X4 blanc devant le bureau de poste. La circulation commençait à devenir importante. De multiples SUV’s aux coffres remplis à ras bord remplissaient les parkings des petits commerces alentours. La vieille Harley-Davidson rutilante était toujours garée devant la petite échoppe aux murs en briques sales. Les deux pilotes se présentèrent devant le petit comptoir. Le vétéran barbu aux cheveux gris avait revêtu une chemise militaire couleur kaki sous son vieux perfecto à clous élimé. De nombreux pin’s étaient disposés sur sa veste.

–       Ah mes ptits gars, pardonnez moi de la méprise hier ! Mais je savais pas ce que c’était que vos photos. C’est juste de la paperasse que vous m’avez refilé ! Hein ? Vous êtes sûr de pas vous être trompé de rouleau de pellicule ? Interrogea l’homme aux nombreux pin’s.

–       Non non. C’est bien ça, répondit Ryan. Sûr de lui.

–       Bon alors, voilà. J’ai fait vos tirages et puis j’ai agrandi comme j’ai pu. Bon, c’est pas parfait mais mon œil est encore vif ! Annonça t-il en regardant Ryan de travers par dessus ses lunettes avec seul œil encore fonctionnel.

–       Merci beaucoup, Monsieur, déclara Fox, très sagement.

–       Ah par contre mes ptits gars ! Je sais pas ce que c’est que c’est vos documents là, mais des types sont passés hier juste après vous. Ils sont arrivés avec des gros 4×4 noirs et ils m’ont posé tout un tas de question ! Ils m’ont dmandé si j’avais pas vu un Chevrolet Tahoé blanc ! Et puis qui j’avais eu comme client hier ! Ils ont sonné dans toutes les boutiques du quartier ces affreux ! Je leur ai répondu que j’avais eu des clients qui cherchaient un vieil appareil photo d’occasion pour un mariage !

– Ils ressemblaient à quoi ? Questionna Fox ?

– A des têtes de cul ! Répondit le vieux vétéran sans plus de précision.

–       Ah ah. Merci beaucoup. On vous revaudra ça, déclara Ryan qui n’avait pas récolté beaucoup d’information sur les mystérieux poursuivants.

–       Ouep si vous avez besoin d’un coup de main, appelez-moi ! J’aime pas trop ces types ! J’ai encore quelques amis dans l’armée, annonça le vieux barbu en leur tendant une enveloppe en papier kraft marron clair. Il avait inscrit au feutre noir ce qu’il semblait être un numéro de téléphone sur l’enveloppe.

Une fois rendu dans leur véhicule sur le parking, Ryan démarra en trombe. Le vieux V8 gémit et envoya un pestilentiel nuage de fumée bleue dans le nez de paisibles familles qui rangeaient le contenu de leurs caddys de supermarché dans le coffre. Ryan accéléra au milieu de la quatre voie. Fox ouvrit la fenêtre du 4×4. Il décrocha le GPS portable de Ryan et le jeta par la fenêtre sans autre forme de procès. Le véhicule qui les suivait fit une légère embardée pour éviter le récepteur satellite. Le répit fut de courte durée. Un gros pick-up écrabouilla sauvagement la petite boite remplie d’électronique. L’écran LCD et la carte SIM en lambeau glissèrent sous une plaque d’égout.

–       Mais tu fais quoi Fox ? Tu es complètement cinglé ? Mon GPS ?! S’écria Ryan.

–       Rien, rien. Simple précaution, annonça calmement Fox.

–       Mais t’es con ou quoi ? Tu viens de bousiller mon cadeau d’anniversaire ! Ma pauvre mère va être trop triste ! Rigola Ryan.

–       Arrête ton char et accélère, il faut qu’on se tire d’ici en vitesse ! Déclara Fox.

Le vieux Tahoé fonça à pleine vitesse en direction de Grand Lake. Il pris bien soin de passer par les petites routes. Ryan bifurqua de nombreuses fois et fit demi-tour au milieu d’un sens interdit. Il continua plein gaz en direction des rocheuses.

–       Ils nous suivent à la trace ! S’exclama Fox.

–       Oui mais je ne vois pas comment ? Nous avons laissé nos téléphones dans ton congélateur et on ne s’en ait pas servi depuis ! Déclara Ryan.

–       Ton GPS ! Déclara Fox.

–       Quoi, mon GPS ? Tu m’as bousillé mon cadeau d’anniversaire pour rien ! Abruti ! On ne peut pas nous localiser avec ça ! Annonça Ryan, qui commettait une erreur.

–       Non, annonça Fox. Tu avais aussi une carte SIM dedans pour les prévisions de circulation et la mise à jour de tes cartes ! Ils nous ont repéré grâce à ça !

–       Merde ! Tu as raison. Annonça Ryan.

Les virages s’enchainaient. Les pneus crissaient. Ils laissaient les petits graviers de la chaussée tomber dans les ravins sur le côté. Fox se  cramponnait d’une main à la portière et tenait soigneusement l’enveloppe en papier kraft de l’autre. Le 4X4 avait emprunté l’US 70 puis avait tourné en direction de Beaver Brook Canyon. Une fois rendu sur un chemin de terre au milieu de nulle part, Ryan coupa le contact.

–       Fais donc voir ce que contient cette enveloppe.

–       Tu es bien sûr qu’il n’y a personne dans le coin ?

–       Non. Je viens de regarder partout, il n’y a pas un chat. Pas même l’ombre d’un drone au dessus de nous.

Fox décolla délicatement le rabat de l’enveloppe en papier brun clair. Il tendit ensuite à Ryan la pile d’agrandissements photographiques. Le pilote regarda le premier document de la pile. Fox lu sur son visage carré un air très étonné.

–       Merde. Il ne nous a pas refilé les bons documents le vieux  photographe du Vietnam !

–       Ne me dit pas qu’on s’est fait avoir ?!

–       Si. Regarde ! On dirait un plan d’autoroute ! Il nous a photocopié une carte. Il s’est foutu de nous. Ou bien il ne voyait plus rien. Annonça Ryan.

–       Un plan d’autoroute ? Ça c’est bien la meilleure ! Déclara Fox !

Ryan prit le deuxième document de la pile.

–       C’est totalement n’importe quoi ! S’énerva Ryan en regardant le deuxième document.

–       Quoi encore ?

–       Il nous a fait un tirage d’une carte avec des X dessus. Mais on dirait qu’elle est imprimée à l’envers. Enfin, inversée, je crois. Notre vieux vétéran a moitié aveugle a du faire le tirage n’importe comment !

–       C’est sûr, il ne voyait rien. Ca ne m’étonne pas. Son autre œil regardait de travers ! Déclara Fox.

Ryan prit le troisième document de la pile.

–       Mais décidément, c’est de mieux en mieux. C’est une lettre !

–       Une lettre ?

–       Oui, écrite en français. Tu sais lire le français toi ?

–       Oui. J’ai pris quelques cours. Annonça Fox, qui commença à lire à voix haute la vieille lettre manuscrite.

«  Paris, le 9 Mars 1956,

Cher Monsieur,

Me permettez-vous de vous adresser ces quelques mots ? Je pars aux Indes dans quelques jours pour les travaux de Chandigarh, capitale du Punjab. Par ailleurs, le Gouvernement du Pakistan me demande de construire sa nouvelle Capitale Fédérale près de Karachi. J’ai questionné mon ami, Mr Nehru, à ce sujet et il n’y voit aucune objection.

Autre chose encore : le Président de la Fort Knox (U.S.A.) m’a demandé de construire une ville de 50.000 habitants «  pour servir de modèle en U.S.A. et même dans le Monde ».

–       Et après ?

–       Le tirage est mauvais, c’est presque effacé. Il parle de trois établissements humains !

–       Trois établissements humains ? En 1956 ?

–       Oui. Et c’est signé, regarde. Le Corbusier.

–       Le Corbusier ? C’est un architecte Franco-Suisse non ?

–       Oui.

–       Mais qu’est ce que cela signifie. Fort Knox ? Une ville monde ? Des établissements humains ?

–       Et pourquoi le vieux Crezy a t-il caché dans son coffre un plan d’autoroutes en 21. Fais donc voir la carte du monde qui a été tirée à l’envers ! Demanda Ryan à Fox.

–       Il y a des X partout. Attends, je te montre.

Ryan colla la carte inversée sur la planche de bord, juste sous le pare-brise du 4X4. Sur la vitre se refléta soudain la carte du monde à l’endroit, comme dans un immense miroir.

–       Regarde. Déclara t’il, solennellement, comme s’il venait de trouver le Saint-Graal.

Sur le reflet du pare brise se dessinait le monde avec de nombreuses croix en X entourées d’un rond. « Réseau 21 » put lire Ryan au sommet de la carte.

Sur la grande carte se trouvaient dessinés les continents. La planisphère montrait tout d’abord l’Antarctique. Un gros X entouré avec du crayon était dessiné en son centre. Ryan promena ensuite son regard vers l’ouest et le haut de la carte. L’Alaska était là encore surmontée d’un grand rond avec un X à l’intérieur. Ryan promena ensuite son regard plus à l’est. Dans un endroit qui était au milieu de l’Océan, un grand X se dessinait encore. Les Bermudes ! Constata Ryan. Ensuite, son regard remonta vers le grand Nord. Un autre X était dessiné au milieu d’une grande île. Le Groenland.  A l’Ouest des Etats-Unis, un autre X entouré était placé sur la carte, au beau milieu du désert du Nevada. Enfin, un dernier X était situé au centre du désert Australien. Alice, lut Ryan à côté du grand X entouré d’un rond.

–       Mais qu’est ce que c’est que ce cirque ! S’exclama Fox.

–       Des autoroutes au milieu de l’Antarctique ! Tu y crois ? S’exclama Ryan !

–       Et au milieu des Bermudes ? Tu y crois ? Répliqua Fox.

–       Mais le Nevada ? Des autoroutes là encore ?! S’exclama Ryan.

–       Il y a des autoroutes partout, alors ? S’écria Fox.

–       Et notre plan de vol de la matrice une à la matrice deux ?

–       Je ne sais pas… Peut-être le plan de vol d’un X à un autre X ? Suggéra le pilote.

–       Et pour le Firebird et notre malade ? Questionna Fox.

– Je ne sais pas… Annonça Ryan.

–  Appelle Bones pour lui dire que nous passons chez lui. Nous devons lui montrer les plans du coffre-fort de Crezy avant de repartir en Europe.

***

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19. Une précieuse pellicule

Denver, Colorado, USA.
Vendredi 12 Octobre 2012, 10:00 AM.

Les vacances de Fox et Ryan se terminaient dimanche soir, ils devaient développer la pellicule au plus vite avant de rentrer sur le vieux continent. Le 4X4 de Fox était complètement tagué sur son capot avant, Ryan avait préféré passer chercher Fox avec son vieux Tahoé blanc tout rouillé.

–       Salut. Tu as dormi un peu ?

–       Oui. Je suis pressé de voir ce que contient la pellicule du coffre de Crezy !

Fox monta dans la voiture de Ryan. Ils étaient dans Denver à la recherche d’un photographe capable de développer la pellicule. Elle contenait les documents volés dans le coffre fort du vieux Crezy. La pellicule 400 ISO était renfermée dans sa petite boîte jaune en plastique. Ryan l’avait placée avec précaution dans la poche intérieure de sa chemise, comme si le petit bout de pellicule contenait le précieux Graal !

–       Tu penses que dans le centre commercial de Cherry Creek ils pourraient développer notre vieille pellicule 24×36 ?

–       Non. Ils n’ont que des bornes automatique à carte mémoire et port USB. La pellicule classique, ils ne savent plus faire.

–       Mais où, alors ?

–       Tiens, regarde. J’ai trouvé quelque chose sur ce vieux prospectus. Une  publicité que j’avais dans ma boîte aux lettres. Ils sont spécialisés en photos de mariage. Ils doivent pouvoir nous faire ça ?

–       Le GPS indique 12 minutes de route, c’est juste à côté. Allons voir.

Le Chevrolet Tahoé blanc emprunta la route 121 en sortie de Lakewood. Il prit à droite sur la 6ième  avenue, puis emprunta la sortie en direction de Broadway. Le 4X4 s’arrêta finalement sur un petit parking accolé à un bureau de poste. Des camions bleus et blancs au long filet rouge, au logo de l’US postal étaient stationnés à l’arrière. Quelques arbres aux feuillages colorés épars tentaient d’égayer le décor sans charme de la zone commerciale. En face, Ryan et Fox aperçurent la vitrine du photographe. C’était un petit bâtiment en brique dont le mur n’avait pas du recevoir de peinture fraîche depuis au moins une trentaine d’années. A l’origine, il avait du être peint en blanc. Depuis, la teinte avait plutôt viré sur l’ocre jaune sale. La petite vitrine mal nettoyée donnait sur une collection de vieux appareils photos de collections. A droite, Ryan vit une porte vitrée à barreaux métallique. Elle était entrouverte.

–       Mais, c’est une véritable ruine ton magasin de photo ? S’exclama t-il.

–       On dirait bien. Tu sais, j’ai trouvé le prospectus sur mon pare-brise il n’y a pas très longtemps, annonça Fox.

–       Pas très longtemps, c’est à dire ? Quarante ans ? Blagua Ryan.

–       Tu exagères. C’était il y a trois semaines environ. Je suis allé acheter mon nouvel écran plat et j’ai trouvé le prospectus en revenant du parking du centre commercial.

–       Je suis sûr que ce magasin est fermé. Il n’a pas du faire de photographies de mariage depuis au moins une dizaine d’années !

–       Si, regarde, le petit panneau vert ! Il est écrit « Ouvert. »

Ryan traversa une sorte de rideau composé de petites boules de bois. Il masquait l’intérieur de la petite échoppe. Une hélice de ventilation en plastique de la même couleur que la peinture des briques de la façade était encastrée dans le haut de la vitrine en verre. Elle tentait d’évacuer les effluves de produits chimiques qui provenaient de l’arrière du laboratoire de développement de photo. Un vieux comptoir en bois et un ventilateur métallique sur pied à quatre pales dont l’une était cassée complétaient le décor. A l’arrière de la boutique, le photographe avait installé une centaine de petits casiers en X peints en gris. Ils contenaient chacun d’anciennes pellicules de tous formats. Un vieux type à la mine patibulaire apparut. Il était vêtu d’une vieille chemise à carreau noire et blanches ainsi que d’un vieux blouson. Un perfecto en cuir noir clouté complètement élimé par le temps, pensa Ryan. Le spécialiste de la photo de mariage semblait ne plus voir que d’un œil et ses cheveux longs n’avaient pas du être lavés depuis au moins trois semaines. Ryan, quand à lui, était vêtu d’un pantalon à pince beige à la coupe parfaitement droite. Il portait une chemise bleue et blanche à fine rayure et manche longue parfaitement repassée. Fox revenait de chez le coiffeur. Vêtu d’un tee-shirt à col en V, il portait les cheveux rasés court, avec une coupe presque militaire. Le vieux, qui n’avait pas du voir un seul client depuis des lustres marmonna quelque chose à l’attention de nos deux jeunes pilotes. Deux mondes semblaient se rencontrer.

–       Bonjour. Qu’est-ce que vous me voulez, les gars ? Vous venez pour quoi ? Dit-il, d’un ton qui n’invitait pas franchement à engager la conversation.

–       Bonjour Monsieur, annonça poliment Ryan. Nous venons pour développer une pellicule d’appareil photo ! Est-ce que vous faites encore ça ?

–       Une pellicule d’appareil photo ? S’exclama le vieux à la barbe grise, étonné. Comme s’il venait d’entendre un habitant venu de la planète Mars.

–       Vous êtes bien photographe, non ? Demanda Fox qui se demandait maintenant s’il avait bien lu la grande pancarte en bois délavée disposée au dessus de la vitrine.

–       Comment dire… vous savez… plus personne ne développe de pellicules ?! Vous êtes de la police, c’est ça ? J’ai payé mes PV, hein !

Ryan remarqua que l’homme, méfiant, venait de placer la main sur le canon d’une carabine planquée sous le comptoir.

–       Non, nous ne somme pas de la police, annonça Ryan.

–       Vous êtes des fédéraux alors ! S’écria le vieux. Prêt à charger la mitraille dans la vieille carabine Winchester.

–       Non plus, annonça Fox.

–       Mais alors, ne me dite pas que vous venez pour vous marier tous les deux, quand même ? Il manquerait plus que ça ! C’est pas que je sois contre ! Mais bon ! Enfin, vous comprenez ?

–       Pas du tout. Nous apportons juste… disons, une vieille pellicule de famille que l’on aimerait développer.

–       Faites moi voir ça, maugréa le photographe qui chiquait un vieux bout de tabac froid.

Ryan tendit la précieuse boîte en plastique jaune. Le vieux barbu au perfecto semblait de moins en moins sur ses gardes. Il ne tenait plus le manche de fusil entre ses mains. Ses grosses mains calleuses attrapèrent le petit étui. Il mit de vieilles lunettes demi-lunes en métal épais légèrement tordues sur son nez. Il examina l’objet comme si c’était un diamant rare extrait du sous-sol.

–       Ah oui. 24 poses, 400 ISO. Kodak Gold. Bon. Par contre, je veux pas d’entourloupe ! C’est quarante dollars. Vous payez d’avance ! Hein ? Parce que moi, je les connais, les jeunes d’aujourd’hui ! La dernière fois ils sont repartis sans payer ! Soi-disant les tirages étaient de travers ! Ils m’ont taggé ma vitrine et ils m’ont crevé le pneu avant de ma Harley ces petits délinquants !

Ryan regarda les yeux du photographe. Il semblait voir difficilement de l’oeil droit. L’œil gauche, lui, partait légèrement de travers et dévisageait Ryan par dessus ses lunettes tordues d’un regard suspicieux.

–       Et combien de temps vous faut-il pour développer la pellicule ? Questionna Ryan, qui n’avait pas développé une pellicule argentique depuis ses douze ans. Il sortit de sa poche deux billets verts de vingt dollars.

–       Dès demain, annonça le vieux. Je n’aime pas les choses qui trainent. J’ai fait le Vietnam mes ptits gars ! Ma boutique a bien tourné quand je suis revenu. Ah ! Je me suis reconverti et puis ces  saletés de machines électroniques sans pellicule m’ont volé tous mes fidèles clients ! Maudites boîtes à pixels ! Ce n’est plus de la véritable photographie de nos jours ! De la consommation ! On prend les photos n’importe comment. C’est à peine si on cadre correctement ! Autrefois, on faisait attention !

–       D’accord, d’accord, répondit Ryan, qui ne savait pas trop quoi répondre.

–       Bon. Vous n’allez pas traîner la toute l’après-midi ? Grogna le vieux barbu qui voulait les chasser de sa boutique rapidement.

–       J’ai une question, insista Ryan.

–       Ouais ? Grogna le vieil ours mal léché.

–       Est-ce que le contenu de la pellicule peut rester confidentiel ? Demanda le jeune homme à la chemise neuve qui pensait encore à la NSA.

–       Et est-il possible d’avoir des agrandissements ? Compléta Fox, qui voulait obtenir des tirages de la taille d’une feuille de papier.

–       Ah mais ce que vous faites tous les deux ça me regarde pas ! Marmonna le vieux derrière sa barbe grise.

–       Merci beaucoup ! Répondit Ryan, gêné par l’interprétation du photographe.

–       A demain, Monsieur. Répondit poliment Fox qui préférait ne pas énerver l’homme à la carabine sous le comptoir.

Ils remontèrent dans le vieux Tahoé blanc. Ils s’interrogeaient.

–       Et Merde. Ne me dit pas qu’il croit qu’on va se marier ?

–       C’est clair ! Il ne manquerait plus que ça !

–       Et tu as vu son œil ? Pas étonnant que les tirages soient de travers. A mon avis il ne voit plus rien…La faillite de sa boutique n’est pas seulement liée à l’arrivée de la technologie numérique !

–       J’espère surtout qu’il ne va pas transmettre nos photos aux flics ! Ajoute Ryan.

–       Ca m’étonnerait. Déjà qu’il nous prend pour les fédéraux ! Rigola Fox.

***

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18. Drôle de puzzle

Maison de Fox. Lakeview, Colorado, USA.
Jeudi 11 Octobre 2012, 7:00 AM.

Fox avait ramené Ryan chez lui, près du Golf de Bear Creek, dans la banlieue chic de Denver. Le gros Lincoln Navigator
portait les stigmates de la nuit sur son long capot noir. La grande sphère bleue peinte avec à l’intérieur LIBERTE DE CIRCULATION s’affichait en grand sur le capot. Fox et Ryan étaient accoudés au bar. Deux expressos fumant étaient posés sur le comptoir de la cuisine à l’américaine. Ryan commença :

–       Tu penses réellement que nous avons été opéré sans qu’on ne le sache ?  En Alaska ? Et qu’on nous a vraiment effacé la mémoire ? Questionna le pilote

–       C’était bien écrit noir sur blanc dans le dossier médical que nous avons vu cette nuit, constata Fox.

–       Evidemment ! Mais nous n’avons pas eu le temps de tout explorer ! Maudit gardien avec son hot-dog ! Il ne pouvait pas aller manger sa cochonnerie ailleurs ?!

–       Heureusement nous avons eu le temps de prendre en photo le contenu du coffre caché derrière l’affiche de la biosphère !

–       Concernant le Firebird et le plan de vol de la matrice une à la matrice deux ? Ça signifie quoi à ton avis.

–       C’est sans doute notre malade, à l’arrière de l’avion ? Non ?

–       Tu crois ?

–       Je ne sais pas trop…

–       Mais ça signifierai quoi Firebird ?

–       Alors, là, je n’ai franchement aucune idée.

–       Et sinon, tu sais développer une pellicule ?

–       Non ! A part donner une clef USB à imprimer chez le photographe, je ne suis pas compétent !

–       Qui sait encore faire ça, de nos jours ? Plus personne n’utilise ces vieux appareils photos à pellicule !

–       C’est clair. Mais on doit bien trouver quelqu’un qui sait encore développer et effectuer un tirage ?

–       Oui. Mais les documents de ce coffre ne doivent pas tomber entre les mains de n’importe qui ! Nous allons devoir trouver un bon photographe !

***

Kodak Gold 400 ISO

Kodak Gold 400 ISO

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17. Dossier médical K

Siège de H24 Médical. Aurora, Colorado, USA.
Jeudi 11 Octobre 2012, 5:00 AM.

Fox venait de ranger le vieil appareil photo réflex dans son sac à dos. Ils s’apprêtaient à repartir en sens inverse quand Ryan remarqua une pièce qu’il n’avait jamais vu auparavant ! Elle était presque invisible ! Dans la salle des photocopieuses de collection, une petite porte était placée tout au fond. Ryan jeta un coup d’œil vif et rapide dans la pièce à l’aide de la lampe torche. Plusieurs centaines de grandes armoires métalliques étaient alignées.

–       Incroyable ! On dirait que nous sommes tombé sur les archives  de la vieille chouette ! S’exclama Ryan.

–       Impressionnant. Des milliers de dossiers ! C’est classé par année et par date, constata Fox.

–       Exact. Si nous allions voir du côté du mois de septembre 2012 !

Le vieux tiroir métallique coulissa. Il laissait apparaître des centaines de classeurs bien remplis. Des dossiers médicaux. A la date du 21 Septembre 2012, ils ouvrirent le grand feuillet. Et ils découvrirent le dossier suivant :

1/Admission à l’hôpital d’Anchorage.  Fox. Motif : Traitement de l’épilepsie. Pose d’une matrice de Butler et d’une antenne radio de type patch.

2/Admission à l’hôpital d’Anchorage.  Ryan. Motif : Traitement de l’épilepsie. Pose d’une matrice de Butler et d’une antenne radio de type patch.

3/ Malade N°008 K. Opération Spéciale Firebird. Plan de vol de la matrice numéro 1 à la matrice numéro 2.

–       Merde. C’est nous ça ?

–       Matrice de Butler ? Qu’est ce que c’est que ça ? S’interrogea Ryan.

–       Je ne sais pas. Ils nous ont opéré ! Annonça Fox.

–       Ce sont des électrodes ? Placées sous notre crâne ? S’exclama Ryan.

–       Je crois bien. Répondit Fox.

–       Et le plan de vol de K008 de la matrice une à la matrice deux ? Tu connais ce type de plan de vol ?

–       Non ! Qu’est-ce que c’est que ça encore ?

–       Je ne sais pas. Annonça Fox.

–       l’Alaska, Anchorage ! Tes rêves ! Le hangar, l’ambulance ! Tu n’avais absolument pas rêvé ! Annonça Ryan.

–       Prends mon appareil photo, flashons tout ça avant qu’il ne soit trop tard ! Déclara le copilote.

Au fond du couloir, du bruit se fit entendre. Le gardien arrivait par l’escalier. La fenêtre grillagée découpée au milieu de la porte du couloir s’éclaira soudain.

–       Merde. Trop tard. A terre ! Chuchota Ryan, comme si revenait en lui le souvenir d’un tir de mitrailleuse lourde au beau milieu du désert Afghan.

Allongé sur le sol Ryan entendit la porte du bureau s’ouvrir. Il vit ensuite la lumière s’allumer. Un bruit de pas se rapprochait dangereusement. La poussière donna à Fox l’envie d’éternuer. Ryan vit que des larmes glissaient sur les yeux de son copilote. Celui-ci se retenait pour ne pas faire le moindre bruit ! Le gardien claqua la porte sans porter la moindre attention à la salle des photocopieuses où étaient cachés Fox et Ryan. Il repartit dans l’escalier vers l’étage inférieur.

–       Ouf ! Il repart probablement au rez-de-chaussée. Nous voilà tranquille un moment annonça Ryan en ouvrant la porte du bureau.

Sur le sol du couloir, des traces de moutarde avaient dégouliné.

–       Eh bien, le gardien doit sûrement manger un délicieux hot-dog ! Blagua Fox.

–       Tu peux arrêter tes blagues pourries que personne ne comprend ? Il faut qu’on se tire de là en vitesse, annonça Ryan.

Fox commença à démonter le haut de la porte de l’ascenseur. Ils refixèrent leur harnais au long filin métallique qu’ils avaient scotché sur l’intérieur de la porte de l’ascenseur. Ils se lancèrent dans le vide, attaché par leur harnais et remontèrent jusqu’en haut de la machinerie de l’ascenseur. Le jour se levait sur Denver. Sur le toit, Ryan aperçut le soleil qui pointait à l’horizon. Le temps était frais et sec, les arbres commençaient à perdre leurs feuilles.

Il neigera bientôt, songea Ryan. Ils descendirent le long de la tour de bureau en rappel, parcoururent le parking puis remontèrent dans la Chevrolet Monte-Carlo. Le moteur toussota puis le grondement sourd se fit entendre. Les pneus roulaient sur le sable du chemin de terre. Ryan appuya sur le petit interrupteur de nitro qu’avait installé Shady. Le vieux coupé roulait à pleine vitesse devant l’enseigne du fast-food désormais éteinte. La circulation se densifiait. La vieille caisse cabossée emprunta la quatre voie. Ils roulèrent dix minutes. Le tacot en mauvais état s’arrêta en fumant sur le parking du commerce de Shady. Une énorme flaque irisée coula sur les pieds de notre pilote.

–       Eh bien, on a eu chaud. Je pense qu’on peut laisser cette poubelle sur le parking !

Ils s’apprêtaient à embarquer sur le Lincoln Navigator quand Fox s’exclama :

–       Oh ! C’est quoi ça ?! Ma caisse ! Noooon ! Putain de dealers !

Un tag avait été peint en bleu clair sur le capot de son 4X4. Au centre d’un grand rond bleu, il lut, en lettres capitales épaisses :

« LIBERTE DE CIRCULATION ! »

***

Muse, origin of symmetry

Muse, origin of symmetry

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16. Un cadre en or

Siège de H24 Médical. Aurora, Colorado, USA.
Jeudi 11 Octobre 2012, 4:00 AM.

Vers quatre heures du matin Fox et Ryan arrivèrent dans la zone industrielle où était située la tour en verre du siège de la société H24 Médical. Non loin de là, l’enseigne d’un fast-food ouvert 24h sur 24h basculait sur son socle en grinçant. Le restaurant servait encore des routiers à côté d’une station-service. Quelques grands lampadaires métalliques sans charme étaient chargés d’éclairer la zone. La vieille Chevrolet cabossée emprunta un chemin de terre destiné aux vélos et aux piétons. Le véhicule, qui n’était plus de première jeunesse, fit un « klong » au moment du passage de la petite barrière en béton destinée à empêcher les véhicules de passer. Le carter d’huile venait de racler le gendarme couché.

–       Merde. J’espère que notre vieux tacot ne va pas trop fuir après ça… Il faut quand même qu’on réussisse à rentrer après !

–       La caisse est tellement pourrie de toute façon…Tente d’accélérer pour voir ?

Le vieux coupé Chevrolet gronda sur le chemin de terre poussiéreux. Les vieux pneus et les suspensions en chewing-gum tentaient tant bien que mal d’absorber les inégalités du revêtement.

–       Alors, tu vois de l’huile derrière ? Demanda Fox.

–       A part des tonnes de poussières ! Rien du tout ! Répondit Ryan.

Le coupé Monte-Carlo ralentit à l’arrivée des bureaux de H24. Ils garèrent le vieux bolide à environ cinq cent mètres de la tour, juste derrière une haie qui séparait le parking du chemin en terre destiné aux vélos. Fox et Ryan devaient à tout prix éviter de passer devant l’entrée de la tour de bureau. Toute la nuit, un gardien était chargé de surveiller l’entrée du rez-de-chaussée.

–  Tu es sur qu’il n’y a pas de caméra sur le parking ? Demanda Ryan.

–       Non, j’ai vérifié sur les vues satellites sur le net.

Fox et Ryan avaient revêtu des harnais et des combinaisons noires en nylon. Ils s’apprêtaient à escalader la tour de bureau de leur propre employeur. Objectif, le dernier étage. Ils s’approchèrent doucement par l’arrière. Arrivé à proximité de l’objectif, Fox ouvrit une grande boite ronde allongée. C’était un grappin et son lanceur. Il posa le tube sur le sol et déplia le grappin. Il activa le mécanisme de lancée. Comme une fusée, le grappin se dirigea vers le haut de la tour. Un bruit, métallique indiqua l’arrivée du grappin au sommet de la tour de H24 Médical. Fox tira sur le filin métallique.

–       C’est bon ! C’est accroché là-haut, annonça le copilote.

–       Et après ? Comment ça se passe ? On met le harnais et ça nous tire là-haut ? Questionna Ryan, qui avait perdu sa propre mémoire.

–       Exactement ! Annonça Fox.

Un deuxième tir de grappin fut déclenché sur la tour. Ryan avait repéré les balustrades métalliques sur les photos satellites.

–       J’espère que ça va tenir.

–       Moi aussi.

En un instant, nos deux anciens militaires étaient rendus sur le toit de H24 Médical. Du haut du dernier étage ils apercevaient la ville de Denver éclairée. Sur le toît en bitume du bâtiment, Ryan aperçut un petit cube en béton. Il renfermait la machinerie d’ascenseur. D’énormes antennes satellites était installées. Etrange, songea Ryan. Le bureau de Crezy n’avait pas l’air très moderne, pourtant. A Quoi peuvent bien servir ces immenses antennes ? Pensa Ryan. Les deux pilotes en tenue de commando arrivèrent devant la porte de la machinerie d’ascenseur. Elle était fermée à clef. La petite boite que Shady avait confié à Fox contenait plusieurs passe-partout destinés à ouvrir de multiples types de serrures. Fox repéra la marque de la serrure puis il introduisit le bout de métal correspondant dans l’interstice. La porte s’ouvrit. Une trappe permettait de s’introduire dans la cage d’escalier de l’immeuble par une échelle.

–       Il y a un détecteur infrarouge et une caméra dans l’escalier. Ils sont reliés à l’alarme. Annonça Ryan.

–       Ok. Nous allons passer par la cage d’ascenseur. Déclara Fox.

Les grappins furent solidement accrochés à la machinerie métallique. Fox ouvrit la trappe située au sommet de la cage d’ascenseur. Ryan promena le faisceau lumineux de la torche métallique à l’intérieur. Un long trou noir béant apparut. L’ascenseur était au rez-de-chaussée. Ils n’avaient qu’un étage à descendre pour accéder au bureau de Crezy. Ils se lancèrent dans le vide en contrôlant la longueur du filin métallique. Une fois arrivé à la bonne hauteur, ils arrachèrent légèrement le haut de la fine porte en métal de l’étage. Un mécanisme fut débloqué par Fox. Ils poussèrent la porte vers l’extérieur. La grande porte coulissa. Ils détachèrent le long filin, puis à pas de velours, s’approchèrent du bureau de la direction de H24 Médical. J’espère que le gardien ne fait pas de rondes trop souvent ! Pensait notre jeune cambrioleur au sweat à capuche noir. Les deux compères arrivèrent jusqu’au bureau de Crezy. La porte n’était pas fermée à clef.

–       Regarde, tu vois. Le cadre !

–       Quoi, le cadre ?

Devant eux se dressait l’affiche de la biosphère. Dans la sphère on distinguait nettement les modules lunaires Apollo qui paraissaient tout petit par rapport au reste. Contrairement à Ryan, Fox ne remarqua rien sur le côté de l’affiche.

–       Regarde ! Déclara Ryan.

Le pilote tourna la bague de la torche. Le faisceau lumineux se concentra puis il plaça la source lumineuse le long du mur, à droite de l’affiche.

–       Tu avais raison. On dirait bien…  Il y a un trou sous cette affiche ! Constata Fox.

Un creux apparaissait effectivement sous l’affiche de la biosphère, à sa droite.

–       Mais comment vas t’on ouvrir ça ? Demanda Ryan.

–       Si ça tombe, c’est comme chez Bones. Regarde s’il n’y a pas une bouteille de vin quelquepart dans la cave ? Blagua Fox.

–       Non, il n’y a que des livres, annonça le pilote.

–       Bouge un des livres ça va s’ouvrir.

–       Lequel, il y en a plein.

–       La Lune ! Ça a surement un rapport. Il y a des modules lunaires Apollo dans la sphère sur l’affiche.

Fox parcourut la bibliothèque du regard. La Lune, La lune, pourquoi pas Mars ou Jupiter tant qu’on y est ? Il remarqua un vieux livre à la tranche noire et blanche était posé sur la bibliothèque. « Dark side of the Moon ».  Il tenta de basculer le livre. Il constata que cela n’avait absolument aucun effet.

–       Ryan, ça ne fonctionne pas le truc du livre qui bascule dans la bibliothèque.

–       Trouve un chandelier à côté de la cheminée, rigola Ryan.

–       Très, très drôle… On est coincé devant un coffre, dans un bureau et le gardien peut débarquer à n’importe quel moment ! S’exclama Fox.

–       Je sais. Mais je reste persuadé que ça a un rapport avec la Lune. Il doit y avoir autre chose !

–       Oui. Un autre livre, plus ancien celui-là, s’intitule « Nine chains to the moon ».

–       Vas-y, bascule le, tente quelque chose, je ne sais pas ? Tu n’as qu’à le lire tu trouveras peut-être des indices dedans ? Proposa Ryan.

–       Oui. Eh bien, je suis heureux de t’annoncer, que… c’est un livre, en papier, imprimé par une presse dans une imprimerie… et il est plein de poussière, mais à part ça… Constata Fox.

Ryan parcouru la pièce une nouvelle fois. L’affiche de la biosphère de 1967, la grande bibliothèque, la salle des photocopieuses. Il regarda une nouvelle fois le vieux poste de radio à lampes. L’aiguille des grandes ondes était toujours réglée sur radio Berlin. Le vieux ne devait pas s’en servir bien souvent. Au sommet du vieux poste, six lampes dépassaient.

–       Regarde, on dirait bien que la vieille radio de papy à un problème, un des tubes semble de travers, fit observer Ryan.

–       Effectivement. Cette vieille machine ne doit plus servir à rien, tu sais à quoi servent ces espèces de tubes bizarres placé aux sommet ? demanda Fox.

–       Je crois que c’est pour amplifier le signal radio. Avant l’invention des transistors, les circuits d’amplification des radios fonctionnaient par l’intermédiaire de ces lampes, expliqua Ryan.

L’une d’elle semblait légèrement désolidarisée de son socle. Ryan appuya sur celle qui semblait légèrement de travers. Ryan entendit un déclic. L’action de la lampe à tube de la radio déclencha l’ouverture de l’affiche de la biosphère. A l’intérieur ils découvrirent un petit coffre fort métallique avec une serrure électronique tout à fait moderne. L’affiche de la biosphère était posée sur une charnière, ce qui expliquait le léger décalage du côté gauche par rapport au côté droit.

–       Eh bien, moi qui pensait que papy n’avait que des vieilleries dans son bureau ! Déclara Fox.

–       Effectivement. Ce n’est pas qu’un vieux musée ce bureau ! Il a aussi des éléments tout à fait modernes quand il s’agit de sécurité ! Annonça Ryan.

Fox sortit de son sac à dos son petit PC portable et le petit lecteur/décodeur de carte donné par Shady. Fox sortit l’ordinateur portable. Il le posa sur le sol à côté du coffre fort. Le petit ordinateur démarra sans un bruit. L’écran éclaira la pièce d’une lumière blanche. Fox brancha le lecteur/décodeur de carte sur le port USB et connecta le lecteur de carte à la serrure électronique du coffre fort. Une fraction de seconde plus tard, le voyant lumineux  placé au dessus de la chambre forte passa du rouge au vert.

–       C’est bon ! Ca va s’ouvrir, annonça Fox.

–       Parfait. Chuchota notre pilote.

Fox lança le programme informatique de décryptage. Les huits petits cœurs du processeur commençaient à chauffer. La carte graphique intégrée au petit ordinateur portable s’activa elle aussi pour tenter de décrypter le code du coffre de Crezy.

–       La batterie ne va pas tenir trop longtemps. J’espère que le coffre n’a pas un niveau de cryptage trop élevé, annonça Fox.

–       Dépêche toi ! Le gardien effectue des rondes toutes les demi-heures. Annonça Ryan, qui commençait à transpirer sous la combinaison en nylon.

La porte s’ouvrit. Le faisceau de la maglite en aluminium éclaira l’intérieur. Le coffre était rempli de vieux papiers jaunis.

–       J’ai ramené un vieil appareil photo argentique au cas ou le vieux aurait encore accès à la NSA. Ils ne pourront pas récupérer les documents sur une vieille pellicule.

Il clipsa le flash du vieil appareil photo réflex sur sa griffe, puis actionna le déclencheur métallique de l’appareil de nombreuses fois. La pile de documents fut rapidement flashée. Ryan replaça soigneusement les vieux papiers dans l’ordre exact au fond du petit coffre puis referma la petite porte métallique. Fox tapa quelques lignes de code sur son petit ordinateur lumière repassa du vert au rouge. Puis, Ryan appuya une nouvelle fois sur le petit tube à lampe placé au sommet de la vieille radio. L’affiche de la biosphère pivota sur elle-même. Le petit coffre-fort était de nouveau parfaitement dissimulé.

***

Terre des hommes

Terre des hommes

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15. Monte-Carlo

Banlieue de Denver, Colorado, USA.
Mercredi 10 Octobre 2012.
3:00 AM

Le gros 4X4 noir se gara sur un parking lugubre de banlieue à côté d’un petit magasin d’électronique. Le rideau en fer était tiré vers le bas. Il n’y avait personne dans le quartier. Et pas un véhicule sur le parking. Shady habitait juste au dessus du magasin d’électronique. Une vieille affiche en caractère fluo censée attirer le chaland affichait 30% de réduction sur les caissons de basse et les jantes de 4×4.  Au loin, un affreux et grand pylône métallique en acier semblait faire office d’antenne-relais téléphonique pour portable.

– C’est là que tu as acheté tes jantes ? Demanda Ryan.

–       Ouaip. C’est un pote d’enfance qui tient le magasin. Je vais tenter de l’appeler.

–       Non ! Arrête, rappelle toi ce que nous a dit Bones ! Il ne nous a pas fait venir dans son abri antiatomique pour rien ! On ne sait pas ce que contrôle encore le vieux Crezy ! Si il a un accès à la NSA, on est foutu !

Fox descendit du 4×4 pour réveiller son pote Shady. Il frappa au volet métallique avec la lampe torche. Une grande Maglite grise en aluminium anodisé.

–       Hey Shady ! Réveille toit ! C’est Fox ! J’ai besoin de toi !

Il cogna avec la lampe torche sur la façade métallique une nouvelle fois. Une petite fenêtre s’ouvrit en haut du vieux hangar. A l’étage, dans ce qui devait servir de bureau, un petit homme en débardeur blanc qui devait avoir la trentaine apparut à la fenêtre. Shady avait aménagé une sorte de chambre à l’étage. Un matelas posé sur des briques était éclairé par un vieux néon blanc à la lumière blafarde. Le commerce d’électronique ne tournait pas très bien, mais la revente de drogue lui permettait de boucler ses fins de mois.

–       Je dors ! Tu m’emmerdes ! Lança le locataire du dernier étage.

–       C’est Fox ! Abruti ! Si je viens te déranger à trois heures du mat’ c’est qu’il y a une bonne raison !

–       Oh merde ! Fox ! C’est toi ! Je ne t’avais pas reconnu. Qu’est-ce que tu fous là ? Il est trois heures du matin ?

–       J’ai besoin de toi ! Ouvre !

Shady descendit de son hangar aménagé en commerce. Le volet roulant métallique grinça en se repliant sur lui-même. Dans la vitrine un peu crasseuse Ryan distinguait des amplis de voiture, des circuits imprimés clignotants, des cables de tous diamètres et des hauts-parleurs de voiture.

–       Alors, elles sont bien mes jantes ? Demanda Shady en regardant le Lincoln Navigator garé devant son commerce.

–       Je n’en ai rien à battre de tes jantes ! Je ne viens pas pour ça !

–       Oh oh oh ! Monsieur le grand pilote de l’armée vient me voir pour quoi en pleine nuit ?

–       Un cambriolage.

–       Un quoi ?

–       Ouep.

–       J’ai besoin de toi pour faire un casse.

–       Un casse ? T’as besoin d’argent ? Et c’est qui ce type là ?

–       Je te présente Ryan. Il bosse avec moi.

–       Vous faites des cambriolages tous les deux ? C’est ça ?

–       Si on veut, répondit Ryan.

–       C’est un ami. On s’est rencontré dans l’armée. On était presque dans la même promo annonça Fox.

–       Ah ouais ? Vous faites des cambriolages dans l’armée ? C’est cool putain ! J’aurais du faire pareil ! Si j’avais su que l’armée organisait des casses je me serait engagé tout de suite ! Vous êtes de la promo cambriolage de banque ? C’est ça !? Rigola Shady.

–       Non. En fait je te résume la situation vite fait. Un type dans un abri antiatomique nous a annoncé  qu’on faisait du transport de faux malades en Europe qui en fait était en Alaska et que le gars qui dirige notre société a fait des trucs pas clairs à Washington dans les années 60 ! Et on nous a peut-être effacé la mémoire ! déclara, assez simplement Fox à Shady.

–       Et on a des implants radio. Compléta Ryan.

–       Ah ouais ! Carrément ! Je sais pas ce que vous prenez mais là c’est carrément sûr que c’est de la bonne ! Si tu peux m’en refiler un stock je suis preneur ! Elle doit être super pure ! Tu l’as trouvé où ?! Vous en prenez combien par jour ? S’exclama Shady.

–       Tu ne crois pas si bien dire, expliqua Fox. Mais on n’a pas le temps de t’expliquer. Pour le moment j’ai surtout besoin d’un encodeur/décodeur de carte qui se branche sur un port USB et d’un logiciel de piratage de serrure électronique !

–       Ah bah tu vois. Quand tu parles de trucs clairs aussi, ca va mieux !

–       Alors, tu as ça ?

–       Mais ouais ! Bien sûr ! Business is business ! J’ai tout ce qu’il vous faut les gars !

Shady partit à l’intérieur de son magasin. Il fouilla dans un tiroir entre deux résistances et les petites ampoules à LED puis il ramena une petite clef USB, le lecteur de carte à serrure électronique que lui avait demandé Fox. Il ajouta une petite boîte au contenu mystérieux.

– Cela vous sera utile. Déclara Shady.

–       J’ai aussi une vieille caisse à vendre si tu veux. J’ai besoin de thunes !

–       Ah ? T’es sérieux ?

–       Ouais, mais elle n’a plus de plaque d’immatriculation. Les numéros de chassis sont un peu effacés… et elle est à moitié défoncée sur l’aile droite !

–       On la prend tout de suite ! S’exclama Ryan, qui venait d’ouvrir la vitre fumée du 4X4 coté passager.

–       C’est pas une caisse volée, au moins ? Demanda fox, par acquis de conscience.

–       Tu te fous de moi ? C’est toi qui me demande ça ? Alors que tu veux braquer une banque ou je ne sais quoi ? Annonça le petit dealer en débardeur et baggy sur le pas de la porte.

A l’arrière de son jean, Ryan put distinguer une petite protubérance. Sûrement un flingue, pensa t-il. Il a l’air défoncé en plus, on ferait mieux de récupérer sa vieille caisse sans trop discuter. Le gros Lincoln Navigator rutilant fut garé dans un coin du parking du commerce de Shady.  Derrière, Ryan aperçut une enceinte en métal grillagée. Elle servait visiblement de dépôt de vieux cartons et de vieilles voitures à Shady. Le propriétaire du commerce ouvrit la porte grillagée. Un chat de gouttière partit en courant. Un tas d’ordure était déposé juste devant l’entrée.

–       Ca pue, déclara Ryan.

–       Oh oh oh ! Monsieur le pilote de l’Air Force qui braque des banques voulait une voiture à quatre heure du matin ou quoi ? Déclara Shady, enervé, qui avait revêtu un vieux baggy en jean et une chaine en métal autour du cou.

–       Ne l’énerve pas. Il va mal le prendre. Rigola Fox.

Ryan, qui regardait avec insistance l’arrière du jean et ce qu’il pensait être une arme n’insista pas plus longtemps. Au fond de ce tas de foutoir, une vieille Chevrolet Monte-Carlo trainait, abandonné dans le dépotoir de Shady depuis au moins six mois.

–       C’est un modèle avec nitro ! Déclara Shady qui avait installé un réservoir de nitro qui permettait à la voiture de modifié son mélange de carburation pour aller plus vite un court instant. Elle est trop cool ! J’ai changé les jantes aussi !

–       Ouais, c’est ça super. Et elle roule au moins ? Enfin, le moteur démarre ? Il y a des freins ? Et ta nitro ? On ne risque pas un incendie avec ce truc ?

–       Euh, bah concernant le moteur, oui. Elle démarre. Par contre, concernant les freins, je sais pas trop. Oh, normalement, y a pas de problème ! La nitro par contre… je n’ai pas vérifié le circuit, ça déconne des fois.

–       Mais on n’a pas de plaque du tout ? On va se faire chopper par les flics ! Annonça Ryan.

–       Oh oh oh ! Monsieur le grand pilote ! Il commence à m’énerver ton pote ! S’enerva Shady.

Il a sans doute la gachette facile vu le niveau de drogue qu’il a dans le sang, songea Ryan, qui avait remarqué d’étrange tremblements chez Shady. Mieux valait ne pas insister.

–       Bon, tu nous la fais à combien ?  Marchanda Fox.

–       2000 $ parce que c’est toi ! Mon pote ! Déclara chaleureusement Shady.

–       Quoi ? Tu déconnes ! Je te la prends à 1500$ ! Elle est rayée, elle n’a même plus de fenêtre sur le coté droit ! C’est moisi à l’intérieur ! Et la nitro va nous faire cramer le moteur.

–       Ah merde, c’est vrai, j’avais pas vu pour la fenêtre pétée ! Bon. C’est ok pour 1500 conclu le petit dealer.

Ryan sortit de son portefeuille l’argent liquide qu’il avait retiré grâce à la nouvelle carte de Crezy dans l’après-midi. Il avait retiré 10000 dollars en liquide. On n’était jamais trop prudent, des fois que la nouvelle carte aurait encore de mystérieux problèmes techniques ?! Ryan tendit les billets à Shady.  Fox transfera le contenu du coffre du Navigator dans celui de la Monte-Carlo.

–       Voilà les clefs du bolide ! Tu sais conduire, au moins ? Annonça Shady, qui tendait la petite clef métallique à Ryan.

–       Non je suis pilote mais je ne sais pas conduire ! S’enerva Ryan.

–       Bon. On y va. Commencez pas à vous embrouiller les gars tempéra Fox. Il est bientôt cinq heures du matin. Le jour va commencer à se lever. Il faut qu’on se dépêche. Merci pour tout Shady.

–       De rien ! Et si tu peux me refiler ta came ! J’en prends un semi-remorque complet ! C’est de la bonne ! Déclara Shady à Fox.

Le moteur de la propulsion des années soixante démarra. Un crissement de pneus arrière et un nuage de fumée couvrit le parking de Shady.

–       Elle accélère cette caisse ! Annonça Ryan.

–       Oui, mais si tu commences déjà à fumer les pneus maintenant ! On n’est pas près d’arriver à destination ! Et niveau discrétion, c’est pas terrible de faire partir la caisse de l’arrière ! Déclara Fox.

–       Oh. Ca va. On n’est pas encore arrivé ! On ne risque rien pour le moment. Sinon, il est spécial ton pote Shady ! Annonça Ryan qui conduisait en direction du siège de H24.

–       Oui, pour une fois il n’était pas trop défoncé. Il n’a pas eu une vie facile, tu sais, répondit Fox.

–       Ah bon ?

–       Oui. Il n’a pas eu que des petits problèmes de cartes bancaires noires qui ne passent pas chez Abercrombie ! C’était plutôt du genre meurtres entre gangs rivaux dans son quartier.

***

Chevrolet Monte-Carlo

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14. Deux BlackBerry au congélateur

Denver, Colorado, USA.
Mercredi 10 Octobre 2012, fin d’après-midi.

Ryan récupéra son vieux Chevrolet Tahoé un peu rouillé sur le parking. Contrairement à Fox, il n’avait pas encore investit dans un nouveau véhicule. Le vieux cube s’ébroua. Il enfonça le pied sur le champignon dépassant largement la vitesse maximum autorisée en ville. Il arriva près du terrain de golf de Bear Creek. Une Ford Crown de police blanche et bleue V8 patrouillait dans le secteur. J’ai eu chaud ! Heureusement que j’ai ralentit juste avant d’arriver, pensa Ryan. Il entra sans frapper dans le salon de Fox. L’intérieur était meublé de façon très impersonnelle. Un grand canapé en cuir blanc faisait face à un meuble haut en faux bois reconstitué et en verre. Fox était très équipé en technologie. Il venait d’acheter une nouvelle télévision de 60 pouces.

–       Regarde, je viens d’acheter une nouvelle télévision de soixante pouces ultra haute définition et un nouvel ampli home-cinéma 9.1 THX ! Annonça fièrement Fox.

–       Ca me fait une belle jambe. Tu sais ce qu’il se passe ?

–       Non, mais je sens que tu vas me le dire… Vu ta tête !

Ryan fit un discret signe de tête à Fox. Il lui montrait son portable. Ryan ouvrit la grande porte du congélateur du grand frigo de la cuisine sans dire un mot. Il plaça son BlackBerry dans la glace. Fox, un peu étonné fit de même.

–       Nous voilà tranquille, je ne crois pas à son histoire d’implant annonça Ryan.

–       Oui. On s’en serait rendu compte ! Répondit Fox, qui n’avait pas trop crû à ce qu’avait raconté Bones dans l’abri antiatomique.

–       Ma carte de crédit a été bloquée tout à l’heure. J’ai voulu acheter des vêtements dans le centre commercial, et impossible de payer. Nos cartes sont liées à des comptes qui sont dans les Caïmans. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais ça a été bloqué.

–       Ah ! Tu sais que j’ai voulu faire le plein de mon 4X4 tout à l’heure. J’ai eu le même problème que toi !

–       Tu crois que c’est généralisé chez H24 ?

–       Sans doute. Je suis passé au siège pour vérifier.

–       Et alors ?

–       Et alors, j’ai revu Crezy. Il a prétexté un problème technique. A mon avis, il ment comme un arracheur de dent. Les nouvelles cartes étaient déjà prêtes ! Regarde, j’en ai même une à ton nom.

–       Fait voir ?

–       Elle est grise. C’est écrit « New World Bank ». C’est le même nom que le nom que nous a cité Bones quand il nous a parlé du Think Tank de Washington dans les années soixante avec son comité clandestin !

–       Merde. Il avait raison. Crezy serait donc bien le type de ce comité secret mais sous un autre nom !

–       J’ai reperé un élément étrange dans son bureau. Tu vois l’affiche de Montréal de l’exposition universelle de 1967 dans son bureau.

–       Oui ? La grande affiche avec la sphère géante juste derrière ?

–       Oui.

–       Et donc ?

–       Je suis persuadé que derrière l’affiche, il y a quelque chose de caché !

–       Autre chose ? Tu penses que le vieux cache des lingots d’or dans un coffre derrière l’affiche ?

–       Je ne sais pas, mais j’aimerais en avoir le cœur net.

–       Mais tu voudrais faire quoi ? Tu ne veux quand même pas cambrioler ses bureaux ?

–       Eh bien…

–       Eh bien quoi ? Tu veux vraiment le faire ?

–       Tu te rappelles de la fin de nos études. Le mec qui était venu à un cours, en fin d’année nous présenter ce qu’ils faisaient. Celui des marines. Des SEALS je crois.

–       Oui ? Qu’est ce que tu es encore en train d’imaginer ?

–       Disons que si on le mettait au courant… Il pourrait peut-être nous faciliter l’entrée chez H24 ?!

–       T’es cinglé. Un type des Navy SEALS ne fera jamais ça. Il risquerait la cour martiale s’il cambriolait un bâtiment civil.

–       J’en sais rien, répondit Ryan… A mon avis il faudrait tenter le coup. Crezy est un vieux pourri. Il cache des trucs derrière son affiche, j’en suis sûr !

–       C’est une supposition ! Tu n’en sais rien. Tout le monde ne cache pas un abri antiatomique secret derrière du vin ou une pauvre  affiche qui date de mathusalem ! Ryan ! C’est toi qui débloques là.

–       Bon, et si j’y vais tout seul ce soir. Tu m’accompagnes ?

–       Hein, mais tu es sérieux ? Tu veux vraiment y aller ?

–       Oui. Il cache quelque chose derrière. Le cadre n’est pas parfaitement disposé sur le mur !

–       Bon. Ton type des Navy Seals, oublie. Par contre… tu sais quand tu te foutais de moi concernant un gang et mes jantes de 21 pouces… Eh bien, je ne t’ai pas dit… Mais en fait… Annonça Fox.

–       En fait ? Questionna Ryan.

–       J’ai réellement fait partie d’un gang dans ma jeunesse annonça t-il.

–       Tu déconnes ?

–       Non. J’ai déjà cambriolé deux trois maisons avant de rentrer dans l’armée. Ils le savaient mais ils ont préféré passer l’éponge. Ils ont pensé à ma réinsertion ! J’ai bien tourné depuis, non ? Tu vois ?

–       Ta réinsertion ? S’exclama Ryan qui ouvrait de grands yeux ébahis. Alors ça, c’est la meilleure !  Regarde la tête de ton 4×4 ! Bon, je résume. On se balade avec des cartes de crédit des îles caïmans qui sont périmées. Bones nous emmene dans un abri antiatomique pour nous expliquer que Crezy complotait à Washington dans les années soixante, on est dans société de transport médical fictive, et maintenant, toi, tu m’as caché que tu faisais partie d’un gang et que tu cambriolais des maisons avant de rentrer à l’Air Force Academy ! Mais c’est de mieux en mieux ! Demain tu vas m’expliquer que le ciel pourrait nous tomber sur la tête aussi ?

–       Euh…

–       Bon. Alors ? Tu veux aller voir ce qu’il y a chez Crezy ou pas ? demanda Fox.

–       Putain. Carrément. Allons voir ce que cache ce vieux cinglé dans ses placards. Annonça Ryan.

Fox ouvrit son garage et commença à charger le 4X4 de matériel. Cordes, poulies, harnais, lampes torches, un petit PC portable et tout un tas de bric à brac que Ryan n’avait jamais vu.

–       Il faut encore que je passe chez mon pote récupérer un codeur de carte pour l’entrée déclara Fox.

–       Putain, mais en fait tu t’y connais ? Demanda Ryan.

–       Hé hé. Je ne t’ai pas tout dit ! Annonça Fox.

La nuit noire tombait sur le lotissement. Les mesures d’économies d’énergie décidées par le maire déclenchaient une coupure d’alimentation des lampadaires et des lumières des immeubles de bureau de deux à cinq heures du matin. Pour une fois, les mesures d’économie d’énergie arrangeaient bien Fox ! Il serait plus facile pour Ryan et Fox de s’introduire par les fenêtres de la tour de bureau de Crezy.

***

Chevrolet Tahoé

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