Denver, Centre Commercial de Cherry Creek, Colorado, USA.
Mercredi 10 Octobre 2012, début d’après-midi.
Après le week-end plutôt mouvementé passé à Grand Lake, Ryan, plutôt dépensier, avait décidé d’effectuer quelques dépenses vestimentaires dans le centre commercial de Cherry Creek. Il s’apprêtait à régler une note salée chez Abercrombie & Fitch. Il présenta sa petite carte de crédit noire. Private Offshore Bank brillait en lettre d’or sur le luxueux petit rectangle.
– Monsieur, votre carte ne passe pas, annonça le jeune vendeur body buildé aux dents parfaitement alignées ultra-blanches.
– Comment ça ? C’est totalement IM-PO-SS-IBLE articula Ryan. Mon compte est plein. La carte doit-être démagnétisée. Ou bien votre terminal ne fonctionne pas.
– Non Monsieur. Le terminal de paiement indique que le paiement est refusé, je n’ai pas d’autre explication annonça le vendeur du magasin de la grande enseigne de prêt à porter.
– Comment ça ? C’est sûrement un problème technique ! Votre machine est cassée ! Donnez-moi un téléphone ! Demanda Ryan au vendeur, aussi sûr de lui que de l’état de son compte en banque.
– Eh bien… je ne sais pas trop…je vais chercher un responsable… Déclara le jeune vendeur qui n’était pas encore habitué aux clients mécontents.
Le responsable de la boutique sortit du fond de la réserve du magasin. Dans un rare élan de solidarité, trois vendeurs se rapprochèrent du comptoir au client mécontent. Ryan regarda l’arrière de sa carte noire. Il ne trouva pas de trace du numéro d’assistance habituel du service client. Le siège de cette banque était situé dans les îles Caïmans.
– Votre machine est en panne ! Annonça Ryan, sûr de lui. Il avait dépensé des milliers de dollars depuis qu’il était petit et il n’avait jamais rencontré aucun problème financier ! Alors, un problème technique sur sa carte ? C’était tout simplement IM-PEN-SABLE !
Prévenu par radio, un vigile du centre commercial s’approchait lui aussi de la caisse du magasin de prêt à porter.
– Monsieur, Je ne pense pas que notre terminal soit en panne. Il a fonctionné parfaitement toute la matinée. Ca m’étonnerait qu’il y ait un problème. De toute façon, nous allons bien voir avec le client suivant, annonça le responsable de la boutique.
Le client suivant présenta sa carte, signa le ticket de caisse et repartit avec son sac rempli de vêtements. Le parfum bon marché empestait l’intérieur de la boutique.
– Vous voyez, c’est votre carte qui ne passe pas annonça calmement le responsable qui regardait désormais d’un air bizarre l’inscription « private » et « financial trust» sur le petit rectangle en plastique noir.
Le vigile se rapprochait dangereusement du comptoir. Ryan, qui n’avait jamais été humilié de la sorte sortit immédiatement de son portefeuille en cuir noir sa deuxième carte. Une banque classique, qui n’était pas située dans un paradis fiscal.
J’ai une autre carte, elle devrait fonctionner. Voilà, tenez, dit-il au vendeur. Il passa la petite carte dans le lecteur. Le ticket sortit de la machine. Ryan signa le petit bout de papier blanc imprimé.
– Je suis confus Monsieur. Passez une bonne journée. Annonça le vendeur.
C’est ça ! Bonne journée ! Entre l’abri antiatomique, Fox et sa mémoire le hangar en Alaska, les malades de l’avion, et maintenant sa carte de crédit qui plantait ! Journée pourrie ! Songea t-il. Sur le parking du Mall, Ryan sortit son téléphone portable. Il composa sans trainer le numéro de H24 médical. Je vais sûrement avoir la blonde écervelée de l’accueil encore une fois, songea Ryan.
– Secrétariat de H24 Medical, que puis-je faire pour vous ? Répondit la blonde de l’accueil au téléphone.
– Bonjour, c’est Ryan. Ma carte de crédit ne fonctionne plus, je ne comprends pas. Pourrais-je parler au service comptable ?
– Je vous le passe, annonça la voix de l’accueil d’un ton enjoué.
Quelques instants plus tard. Une voix familière décrocha le téléphone.
– Bonjour Ryan. Je sais pourquoi vous m’appelez. Votre carte de crédit ne fonctionne pas, c’est bien cela, n’est-ce-pas ? Mon petit Ryan ? Répondit le vieux chauve à lunette, qui avait encore un temps d’avance.
– Voilà… ma carte de crédit ne fonctionne … pas. Effectivement. Répondit Ryan. La vieille chouette est encore au courant de tout ! Je pensais avoir affaire au service comptable. Pensa t’il.
– Oui. Vous devriez passer me voir au bureau. Demain matin mon petit Ryan. Nous réglerons le problème ensemble, voyez-vous.
Ryan raccrocha rapidement son téléphone. Régler le problème ensemble. C’est ça ! Je suis humilié en faisant mes courses et il veut qu’on règle le problème ensemble ? Mais il me prend pour qui ce vieux hibou, ça commence à bien faire ! Pensa Ryan, énervé. Il se rendit le lendemain matin au siège de H24 Médical. Il traversa le couloir sans prêter attention à la secrétaire de l’entrée et se dirigea vers l’ascenseur, presque en courant. Il appuya sur le bouton du dernier étage. Crezy va m’entendre ! Ruminait-il.
– Bonjour, mon cher Ryan. Content de te revoir, comment vas-tu ? Annonça t-il d’un ton de voix très familier, comme à son habitude.
– Eh bien… la carte de crédit que vous m’avez donné ne fonctionne plus. Pourtant, le compte est plein. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, déclara Ryan.
– Oui, effectivement, c’est problématique de ne plus pouvoir régler ses dépenses, Ryan. Nous avons eu quelques problèmes techniques avec les comptes ce week-end. Probablement un petit soucis technique. voilà tout.
En réalité, il omettait de préciser à Ryan qu’une enquête de l’IRS, le service du fisc américain était en train de mettre le nez dans les affaires de H24 médical depuis la fin du week-end. Les comptes des îles caïmans avaient été bloqués temporairement.
– Voilà ta nouvelle carte, mon petit Ryan déclara t-il en tendant une enveloppe blanche.
Ryan ouvrit la lettre. La nouvelle carte était grise. « New World Bank » put lire le jeune pilote sur la tranche. Le nom inscrit dessus était le même nom que celui du Think Tank de Washington de 1960 cité par Bones dans l’abri antiatomique ! Il disait donc vrai ! Le vieux téléphone posé sur le bureau sonna. C’était l’accueil qui appelait Crezy.
– Un colis est arrivé à l’accueil ! Déclara la blonde.
Crezy quitta le bureau et descendit à l’accueil, laissant Ryan assis devant le bureau. L’affiche de l’exposition universelle de Montréal de 1967 était toujours encadrée au mur. On distinguait parfaitement la biosphère et ses triangles. Ryan remarqua que le cadre de l’affiche était très étrange. Il aurait juré que l’affiche était légèrement décalée ! Le vieux est en bas, j’ai le temps d’aller voir, pensa Ryan. Il se leva et s’approcha du mur. Il remarqua alors une sorte d’épaisseur inhabituelle sur le côté gauche du cadre métallique. Il jeta un coup œil dans l’axe du mur du côté droit de l’affiche. Un vide semblait bel et bien présent sous le cadre. Etrange, pensa le pilote. L’ascenseur émit sont petit dong d’arrivée caractéristique. Le vieux revient ! Vite ! Ryan reprit sa place en vitesse sur la chaise devant le bureau, tout en faisant semblant de consulter un message sur son téléphone à écran tactile.
– Mon petit Ryan ! Les nouvelles cartes de crédit de le société sont arrivées. Ils ont fait vite ! Tiens, voilà le colis pour Fox. Si tu peux passer lui déposer, déclara le vieux.
– Merci. Je passerai lui déposer dès demain. Déclara Ryan.
Ryan sortit de l’immeuble de bureau. Vieille chouette, le cadre de ton affiche cache quelque chose, il va falloir que je revienne explorer ce bureau quand il n’y aura plus personne dans les parages ! Il trouvait décidément cette entreprise de plus en plus louche.
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